Pénibilité au travail : "Les attentes sont fortes"

27.01.2020

"La pénibilité au travail : un sujet éminemment politique" est le titre d'une note de la Fondation Jean Jaurès de janvier 2020, un document de 11 pages rédigé par Jérôme Fourquet et Marie Gariazzo de l'Ifop. Le document lie la question de la pénibilité à celle des retraites. "Plus la pénibilité physique est ressentie et moins on s'imagine capable de la subir pendant encore de longues années et d'occuper son poste passé 60 ans, relève l'étude. Comme on peut le voir dans le graphique ci-dessous, l'acceptation d'un allongement de la durée de cotisation des actifs est statistiquement très corrélée au degré de la pénibilité physique généré par l'emploi occupé. 50% des actifs qui n'éprouvent aucune pénibilité physique seraient ainsi prêts à cotiser (et donc à travailler) plus longtemps, contre seulement 34% des "plutôt" exposés et seulement 18% des "tout à fait" exposés" :  

Fondation J. Jaurès / Ifop

Le rapport entre pénibilité et retraites est encore vérifié par les auteurs de l'étude quand ils relient le sentiment de faire un métier pénible et le degré de soutien au mouvement social contre la réforme des retraites : 

Fondation J. Jaurès / Ifop

L'étude pointe aussi la fracture sociale persistante, ceux qui effectuant les tâches les plus pénibles (amplitudes horaires importantes, rythmes soutenus, sous-effectifs, stress, exigences des usagers et clients, etc.) ayant le sentiment "d'un manque de reconnaissance qui vire pour certains à une forme d'irrespect de la part de leur direction ou de leurs clients".

Pour finir, signalons cette analyse qui peut être perçue comme un avertissement en direction de l'exécutif et de façon plus générale des politiques : "Le monde du travail a changé et avec lui les formes de pénibilité qu'il comporte. Le sujet apparaît donc éminemment épineux pour le gouvernement. La reconnaissance du stress, des risques psychosociaux et de mauvaises conditions de travail dans le secteur tertiaire rend en effet la gestion du dossier beaucoup plus compliquée. Mais les attentes sont fortes de voir les politiques arrêter de se cacher derrière cette complexité pour enfin s'attaquer au sujet".

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