Emploi et handicap : les juristes ont aussi un rôle à jouer

Emploi et handicap : les juristes ont aussi un rôle à jouer

22.04.2024

Gestion d'entreprise

Avec l’aide d’associations comme Droit comme un H, certaines directions juridiques et professionnels du secteur du droit travaillent pour améliorer l’inclusion des personnes en situation de handicap dans leurs équipes. Ils partagent leur expérience.

Seules 38 % des personnes en situation de handicap occupaient un emploi en 2022, un taux presque deux fois plus faible que celui de l’ensemble de la population et qui n’a guère évolué ces dernières années, selon la Dares. Si le manque de volonté, tant de la part des acteurs publics que privés, est parfois pointée du doigt, la méconnaissance peut aussi freiner les recruteurs. « Les entreprises manquent de culture et d’outils sur les questions relatives au handicap, constate Anne Sophie Mauduit Directrice juridique Support aux Opérations chez Renault. Avoir les retours d’expérience d’autres employeurs serait certainement enrichissant. Si la volonté est là, le reste suivra.» Une volonté qui, au sein du groupe automobile, a notamment été insufflée par la directrice juridique groupe, Quitterie de Pelleport, qui a souhaité engager ses équipes sur ce sujet. Un premier séminaire a permis d’entendre les témoignages de plusieurs personnes en situation de handicap, et une deuxième session est programmée en associant l’ensemble des équipes juridiques pays afin notamment de faire remonter les actions menées localement et de partager des feedbacks.

L’importance de la sensibilisation

Les ressources humaines ne sont en effet pas les seules à porter la politique handicap. Les juristes ont aussi leur rôle à jouer comme le démontre Droit comme un H, dont la mission est de faciliter l’accès aux professions du droit aux jeunes en situation de handicap. L’association accompagne notamment des cabinets d’avocats et des entreprises dans des actions de sensibilisation, à l’image de Qonto qui l’a sollicitée pour une journée portes ouvertes. « Les témoignages ainsi que les échanges informels avec les étudiants en situation de handicap ont contribué à lever les freins qui pouvaient exister, raconte Alexia Delahousse, dont la direction juridique est également en charge des sujets RSE et inclusion. Quelques mois plus tard, nous avons d’ailleurs accueilli Clémence, une alternante en deuxième année de master droit des affaires.»

Et si l’étudiante a trouvé toute sa place au sein de l’équipe contentieux de Qonto, c’est aussi car l’entreprise a mis en place des formations sur l’emploi et le handicap en partenariat avec  l’association Arpejeh. « Les différentes actions menées en amont contribuent à la réussite des recrutements, c’est selon moi une démarche essentielle » affirme Alexia Delahousse. D’autres initiatives, comme les Duoday, qui permettent aux personnes souffrant de handicap de suivre un professionnel durant une journée, aident à déconstruire les clichés autour du handicap, et facilitent in fine les recrutements et l’intégration des salariés. « Nous suivons le même parcours d’intégration pour tous les salariés, même si nous tenons évidemment compte des éventuels aménagements nécessaires aux personnes en situation de handicap, indique Hélène Fontaine responsable des ressources humaines chez l’éditeur LexisNexis. Mais il faut préciser que le groupe s’est fait accompagner par la médecine du travail et l’Agefiph sur les sujets du handicap, et que nos managers ont été formés. »

Le rôle du référent handicap

Au sein de la direction juridique de Renault, qui accueille également une étudiante en alternance, l’intégration s’est aussi faite naturellement. « Nous n’avons pas créé de process spécifique, explique Anne-Sophie Mauduit mais nous avons été très à l’écoute lors de son intégration au sein de l’équipe. Au vu de la taille de notre organisation, nous avons néanmoins la possibilité de mettre rapidement en œuvre d’éventuelles adaptations de poste.» Ces dernières peuvent d’ailleurs être suivies par le référent handicap, dont la désignation est obligatoire pour toutes les entreprises d’au moins 250 salariés. Etudiante en alternance au sein de la direction juridique d’Hermès, et ambassadrice de l’association Droit comme H, Elise Lobbestael souligne le rôle crucial de cette fonction : « Avoir un référent handicap facilite les choses, tant pour l’embauche que pour l’intégration. C’est une des premières personnes que j’ai contactée à mon arrivée chez Hermès,  témoigne la jeune femme. Elle m’a mise en relation avec un ergothérapeute afin d’aménager mon poste de travail, et m’a encouragée à recourir au télétravail que je n’osais pas demander. »

Confrontée dans le passé à certaines inquiétudes des recruteurs quant à la capacité de travail des personnes en situation de handicap, l’étudiante tient par ailleurs à clarifier les choses : « Même si je peux comprendre ces doutes, il faut être conscient qu’une personne en situation de handicap a dû se battre plus que les autres pour réussir, rappelle-t-elle. Personnellement, j’ai obtenu une double licence et m’apprête à suivre un double master. J’ai les compétences. » Une leçon de  persévérance que souligne aussi Anne-Sophie Mauduit : « L’alternante que nous accueillons représente une source d’inspiration très forte pour l’équipe, affirme Anne-Sophie Mauduit.  C’est un exemple pour tous de voir qu’une personne qui rencontre plus de difficultés que la plupart d’entre nous ait cette énergie, cette envie d’avancer et cette recherche d’excellence dans son travail ».Encore souvent associé à une image négative, le handicap peut pourtant représenter une richesse pour l’entreprise.

 

 

Coralie Bach

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