Quelle(s) vision(s) apportent les nouveaux associés au cabinet ?

Quelle(s) vision(s) apportent les nouveaux associés au cabinet ?

23.02.2024

Gestion d'entreprise

Intégrer de nouveaux et jeunes associés permet d’insuffler une dynamique au sein du cabinet. Attentes et retours d’expériences.

"Nous attendons des nouveaux associés qu’ils apportent leur personnalité, leur originalité et qu’ils ouvrent de nouveaux territoires plutôt que de se fondre dans l’existant. Nous leur faisons confiance très tôt car la valeur n’attend point le nombre des années", affirme Bruno Rouillé, directeur général d’Orcom (80 associés), citant Pierre Corneille dans le Cid. 

Gestion d'entreprise

La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

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Chez Exponens (35 associés), Thierry Legrand, expert-comptable associé, semble du même avis : "Les générations Y et Z qui ont fait couler beaucoup d’encre arrivent à la direction de notre cabinet avec un regard différent sur notre manière de fonctionner. Il est également intéressant de voir ces jeunes associés se comporter face aux jeunes collaborateurs".

Les nouveaux associés viennent également renforcer une activité. Après deux années dans le cabinet familial ECAI (40 collaborateurs), Jérémy Soued, expert-comptable, vient d’être nommé associé. "Il s’agit de redonner une vision à long terme à nos équipes et à nos clients", glisse-t-il. Ainsi, Jérémy Soued souhaite capitaliser sur son expérience passée. "J’ai travaillé chez Deloitte, dans le conseil. J’ai accompagné des sociétés de taille importante sur des sujets de capitalisation, de consolidation puis j’ai développé des compétences en évaluation, en audit d’acquisition, en levée de fonds … J’ai plusieurs objectifs aujourd’hui : communiquer auprès de nos clients actuels sur ce type de mission, développer une nouvelle clientèle pour l’accompagner à 360°, pousser les services de modélisations sur mesure (tableaux de bord, reporting dynamique…)".

De son côté, Benjamin Gobeaut, expert-comptable et commissaire aux comptes, âgé de 32 ans, s’est spécialisé dans l'accompagnement des groupes de sociétés. "Ma nomination en tant qu’associé Orcom renforcera la capacité du cabinet à répondre aux besoins spécifiques des PME-ETI évoluant dans des environnements complexes et diversifiés. J’en ai l’appétence et l’expérience", assure-t-il.

Veille technologique & expérience client

Charles Toublet, 32 ans, expert-comptable, est devenu associé Exponens fin 2023. Pour Thierry Legrand, "il doit prendre sa place et donc faire entendre sa voix, porter des projets face à ses aînés (sachant que la moyenne d’âge des associés est de 50,5 ans chez nous). C’est pourquoi nous lui confions le département sociétés de croissance". Issu du sérail, Charles Toublet a rejoint le pôle expertise comptable du groupe dès 2011 et a suivi le parcours dédié aux jeunes talents prometteurs du cabinet. "Je suis en effet le plus jeune, témoigne-t-il, mais chez Exponens les plus âgés restent en veille par rapport aux évolutions du métier. Ils savent par exemple que nous devons utiliser les dernières technologies pour proposer de meilleures expériences à nos clients et les fidéliser, ainsi que pour prendre en charge des missions de Daf externalisé".

Pour garantir au cabinet "un même niveau d’honoraires en dépit de la baisse de la production comptable" qu’il projette, Charles Toublet estime qu’il faut "apporter davantage de services via des solutions de data visualisation notamment". Celui qui a vocation à accompagner des entreprises de croissance dans leur levée de fonds développe une vision "cross selling du cabinet", car argumente-il, "un cabinet d’expertise comptable, d’audit et de conseil doit élargir son offre de services, par exemple à des activités de courtage et de conseil en gestion de patrimoine et les répartir par pôles de compétences". 

Agilité, travail collaboratif, RSE

Sophie Roy-Diesny, 35 ans, expert-comptable et responsable du pôle expertise comptable de Rezé et récemment associée TGS France, n’est pas "un bébé TGS".  Arrivée dans le groupe en 2018, elle a travaillé précédemment dans un cabinet parisien. "J’insuffle chez TGS une nouvelle dynamique, d’autant que j’ai rédigé mon mémoire sur la culture agile dans le cabinet, et si le groupe l’est déjà, je contribue à stimuler les bureaux du secteur du sud de la Loire", déclare-t-elle. Pour cet expert-comptable, "l’agilité passe par des interrogations continues sur l’amélioration des process, la mise en place de plans d’actions et d’outils collaboratifs, un management plus participatif". Moins paternaliste, le management doit, selon Sophie Roy-Diesny, s’inspirer des points de vue des collaborateurs : "les dirigeants ne peuvent pas tout savoir et les collaborateurs ont souvent un avis pratique éclairant. Je favorise cette dynamique-là". Elle siège entre autres dans un comité qui se réunit tous les mois pour faire évoluer la stratégie de TGS sur les métiers comptables.

Par sensibilité et par goût, Alizée Penon-Murdza, expert-comptable et commissaire aux comptes, âgée de 29 ans, a pris la responsabilité de l'accompagnement stratégique RSE des clients d’Orcom. "J’apporte une vision novatrice et je développe l’offre RSE. J’intègre la première promotion qu’ouvre la CNCC sur le visa durabilité (*)", indique-t-elle. Cette associée Orcom devra "former les autres associés et les collaborateurs aux nouvelles missions liées à l’accompagnement à la démarche RSE et à la certification des rapports de durabilité, qui en outre attirent de nouveaux talents". Elle anime par ailleurs la communauté des intégrateurs de la facture électronique au sein du cabinet. "La transformation digitale est mon autre sujet de prédilection", dit-elle. Les jeunes associés portent les sujets de demain.

(*) nous rappelons que les commissaires aux comptes inscrits avant 2026 bénéficient de la clause dite de grand-père laquelle leur permet de certifier des rapports de durabilité dans la mesure où ils ont suivi une formation à la durabilité homologuée par la H2A (haute autorité de l’audit).

Véronique Méot
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