Les parcs solaires au sol ont toute leur place sur sites pollués… À condition de connaître la problématique biodiversité du terrain pour trouver des solutions techniques adaptées. Par exemple en s’appuyant sur les associations naturalistes locales.
Avantages et inconvénients des parcs photovoltaïques au sol sont connus. D’un côté, ils permettent de diviser les coûts de la production d’électricité par deux ou trois par rapport à une installation en toiture grâce à une forte concentration de panneaux, une orientation optimale, une gestion simplifiée… Ainsi, en Gironde, la méga-centrale de Cestas inaugurée début janvier (300 MWc) vend son électricité à 105 euros/MWh, un prix supérieur à celui pratiqué par les centrales nucléaires, mais inférieur aux prix annoncés pour les futurs EPR. De l’autre, le solaire est consommateur d’espace : 230 hectares pour le projet cestadais. Avec d’inévitables conflits d’usage ? Pas sûr si l’on apprend à choisir des sites inappropriés aux autres activités humaines.
"L’enjeu est de trouver des terrains qui ont peu d’enjeux naturels, agricoles, sociaux, récréatifs", soulignait Adeline Mathien, coordinatrice du réseau énergie de FNE (France Nature Environnement) à l’occasion d’une conférence sur le sujet organisée fin janvier lors des Assises européennes de la transition énergétique. Si les Allemands misent beaucoup sur les terrains qui longent les autoroutes par exemple, la France semble privilégier les sites pollués qui constituent une manne conséquente et où la production énergétique peut même parfois servir à financer la dépollution. La base de données Basol recensant les sites appelant une action curative ou préventive des pouvoirs publics compte environ 4 000 noms. L’inventaire Basias qui élargit le décompte aux anciens sites industriels susceptibles d’être pollués en référence 260 000.
HSE
Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement.
"Attention", prévient Adeline Mathien : sur une ancienne décharge abandonnée depuis plusieurs dizaines d’années, comme sur un sol qui regorge d’hydrocarbures, "la nature peut avoir repris ses droits et il y a parfois de forts enjeux environnementaux". De fait, à Largentière (Ardèche), le projet de la CNR (compagnie nationale du Rhône) présenté en 2009 a d’abord laissé sceptiques bon nombre de naturalistes. Objectif pour l’énergéticien, installer 12 MWc de panneaux sur l’ancien bassin de décantation d’une mine de 22 hectares. Le site a été réhabilité dans les années 1980. C'est-à-dire qu’il a été couvert par quelques centimètres de terre végétale ! Il n’empêche que le terrain a évolué naturellement avec "un milieu temporaire intéressant pour les batraciens, les oiseaux de milieux ouverts et un cortège de papillons très important dont des espèces protégées au niveau national", dixit Alain Ladet, responsable scientifique de la Frapna 07, une association de protection de la nature. Qu’allaient devenir ce milieu pseudo-naturel sous une centrale électrique ?
Les écologistes ont conscience néanmoins qu’ils ne cessent de répéter que les énergéticiens doivent éviter les sites naturels ou agricoles. Pas question donc de s’opposer à ce projet. Les associations locales se sont contentées de demander des garanties et d’accompagner la CNR pour limiter les dommages collatéraux et définir les meilleures solutions compensatoires. "Une association locale peut accompagner le porteur de projet ou prendre en charge le volet faune flore de l’étude d’impact", illustre Alain Ladet (ce qui n’a pas été le cas ici). Un bureau d’études intervient sur une saison ; quand un naturaliste voisin observe peut-être le site depuis qu’il est né.
À Largentière, les contraintes d’implantation – conserver les digues et les équipements d’évacuation pour les eaux pluviales – et de réalisation – limiter les excavations donc les fondations béton et le terrassement – ont pu être surmontées. La plupart des zones humides ont notamment été conservées, y compris sous les panneaux grâce à un système de pieux, et plusieurs ont été créées pour compenser la construction de pistes pour atteindre les panneaux. En phase exploitation, un entretien adapté a été imaginé dès le départ avec, en lieu et place d’herbicides, du gyrobroyage et des fauches régulières. Parfois trop régulières : "le robinier repousse sans cesse : c’était prévisible, mais peut-être qu’il aurait fallu le voir à l’étude d’impact pour éviter des panneaux ici", note Alain Ladet. Petit tacle, au passage, au bureau d’études qui a fait le travail. Un suivi naturaliste sera enfin assuré durant la durée de vie du parc.
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