Tests antigéniques, salariés vulnérables, recours au télétravail... Laurent Pietraszewski, secrétaire d'État à la santé au travail, nous explique ce que le gouvernement attend des services de santé au travail en cette période de crise sanitaire.
Les services de santé au travail interentreprises ont parfois été pointés du doigt au début de la crise sanitaire. Des élus se sont notamment fait l'écho du mécontentement d'employeurs qui déploraient la mise au chômage partiel d'une partie du personnel des services. Depuis, ils sont tous en ordre de marche, assure l'association qui les représente, Presanse : sondage à l'appui, elle vante la satisfaction globale des entreprises adhérentes depuis le début de l'épidémie. Le virus continue de se propager, le gouvernement compte bien s'appuyer sur ces services, qu'ils soient interentreprises (la grande majorité) ou autonomes, pour aider les employeurs à prévenir les contaminations, notamment. C'est dans cette optique que Laurent Pietraszewski, le secrétaire d’État en charge des retraites et de la santé au travail, en fonction depuis quelques mois, leur a adressé un courrier daté du 12 novembre 2020. |
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Laurent Pietraszewski : Ce courrier vise à confirmer aux services de santé au travail que la priorité de leur action pendant cette nouvelle phase de confinement est de participer activement à la lutte contre la propagation du covid-19 en milieu professionnel. À l’issue du premier confinement, les employeurs nous ont fait part de leur besoin d'accompagnement par les services de santé au travail. Nous avons voulu tirer tous les enseignements de cette période. Avec ce courrier, j'ai voulu donner aux services des premières indications sur ce qu'il y aura dans l'ordonnance et le décret à venir qui permettront d’organiser cette mobilisation.
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Laurent Pietraszewski : L'action des services de santé au travail s'est en effet très vite tournée vers la prévention de la propagation du covid-19. Cette action mérite d'être encore développée, mais aussi reconnue. D'une part, ce courrier est une façon de reconnaître l'engagement des services de santé au travail. D'autre part, il leur dit concrètement comment ils peuvent se réorganiser pour consacrer plus de temps encore aux employeurs et aux salariés en matière de prévention du covid-19. La question, notamment, des activités qui peuvent être – en tout ou partie – exercées par des infirmiers, est cruciale pour libérer du temps aux médecins. Les services intensifieront leur action en faveur de la prévention de la désinsertion professionnelle en mobilisant plus largement les infirmières en santé au travail pour les visites de pré-reprise (voir encadré).
Laurent Pietraszewski : Ces campagnes devront se dérouler dans des conditions sanitaires précises avec des indications de bon usage et de priorités. Nous finalisons, avec le ministère de la santé, le protocole qui devra être déployé en entreprise par les services pour réaliser les tests antigéniques. Ces tests, qui se feront sur la base du volontariat, nécessitent un prélèvement nasopharyngé ; il faut donc, en effet, un personnel formé à ces procédures. Ils seront supervisés par un professionnel du service de santé au travail car ils doivent être réalisés dans le respect du secret médical, puis leurs résultats saisis dans le système d’information national Sidep (système d’information national de dépistage du covid-19), afin de pouvoir déclencher le contact tracing.
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Laurent Pietraszewski : Il n'est pas prévu aujourd’hui de modifier le fonctionnement des cellules de contact tracing de l’assurance maladie et des ARS. Mais en réalisant des tests et en saisissant informatiquement les données en matière de résultats des tests, les services de santé au travail contribueront à casser les chaînes de transmission du virus.
Laurent Pietraszewski : La question est encore à l'instruction. Je pense utile de réfléchir à accroître le rôle en santé au travail des infirmiers, sous la responsabilité des médecins. Cela contribuera à libérer du temps pour les médecins, afin qu’ils se consacrent à la prévention du covid-19.
Laurent Pietraszewski : Qui est-ce qui doit porter la responsabilité de l'obligation de moyens renforcée en matière de santé sécurité ? L'employeur. Ce n'est pas un choix personnel du ministre, mais la réalité du code du travail. Y a-t-il des gens pour conseiller l'employeur et le mettre en garde s'il ne respecte pas cette obligation ? Oui, les services de santé au travail d'une part – je leur demande d'ailleurs dans mon courrier de réaliser des actions de terrain pour accompagner employeurs et salariés vulnérables. Et d'autre part les représentants du personnel. Les salariés vulnérables peuvent avoir un dialogue serein avec l'employeur, être accompagnés par les services de santé au travail et les représentants du personnel.
Laurent Pietraszewski : Dans un sondage Harris interactive publié par le ministère du travail la semaine dernière, 45 % des Français déclaraient avoir réalisé tout ou partie de leur activité en télétravail au cours de la première semaine de novembre. La moyenne était de 2,7 jours télétravaillés par semaine fin octobre, elle était de 3,7 jours début novembre, preuve que nous progressons. Mais je regarde les choses en face : dans ce même sondage, 15 % des salariés estiment qu'ils auraient pu travailler à distance alors qu'ils se sont rendus sur leur lieu de travail à la demande de leur employeur. Il y a donc une marge de progrès.
Il faut rester attentifs aux situations d’isolement et de vulnérabilité sociale que peuvent entraîner le télétravail. Les employeurs et les DRH doivent s'enquérir de la situation de tous leurs salariés qui travaillent à distance. Nous demandons aux services de santé au travail d'être particulièrement vigilants à ces situations.
Laurent Pietraszewski : Ils ont pu se sentir démunis au mois de mars, faute d’indications claires. Aujourd'hui, nous leur fixons une feuille de route précise. L'idée est de regarder ce qu'on peut faire aujourd'hui, en tirant les enseignements de ce qui a été vécu dans la période précédente. Les services de santé au travail sont des ressources précieuses, en temps normal, et encore davantage en cette période où les enjeux de protection de la santé des actifs sont centraux. Je leur fais confiance pour mener à bien leur mission.
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Dans sa lettre, le secrétaire d'État liste ce qu'il considère être les quatre priorités sur lesquelles doivent se concentrer les services de santé au travail :
Le suivi individuel pourra à nouveau être effectué par téléconsultation. Les infirmiers pourront réaliser les visites de pré-reprise. Les médecins du travail seront à nouveau habilités à délivrer des arrêts de travail. Une ordonnance et un décret allant dans ce sens seront publiés "très prochainement". |
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