BEA-RI : "L’incendie occupe une place majoritaire dans les enquêtes ouvertes en 2021"

BEA-RI : "L’incendie occupe une place majoritaire dans les enquêtes ouvertes en 2021"

03.04.2022

HSE

Le bureau d’enquêtes et d’analyses sur les accidents industriels a engagé 18 enquêtes depuis 2020. En 2021, les incendies représentent plus de la moitié des accidents audités, apprend-on dans le premier rapport d’activité. Notamment dans les usines de traitement de surface. Le BEA-RI recommande de faire évoluer la réglementation, surtout pour la détection incendie, le désenfumage et le contrôle des installations électriques.

Le BEA-RI a publié le 15 mars 2022 son premier rapport d’activité. Créé en décembre 2020 à la suite de l’accident de Lubrizol Normandie Logistique, ce bureau d’enquêtes et d’analyses sur les risques industriels s’était fixé pour objectif de chercher « les circonstances et les causes profondes des accidents », selon les mots de son directeur Jérôme Goellner, interviewé en novembre 2020 dans actuel-HSE. Ses missions et son fonctionnement ont été précisés via une instruction de janvier 2021 puis tout récemment par un décret.

Depuis 2020, « le BEA-RI a d’ores et déjà engagé 18 enquêtes », se félicite son directeur en introduction du rapport. Quels types d’accidents ont été audités en 2021 ? En l’absence de grave accident industriel avec victimes ou atteintes importantes à l’environnement, le BEA-RI est intervenu « dans des secteurs variés », fait savoir Jérôme Goellner. Soient 8 enquêtes dans l’industrie manufacturière, 3 dans le domaine de l’énergie, une dans l’agroalimentaire, une autre dans le domaine agricole, une dans un datacenter et une enfin dans une installation déchets. « L’incendie occupe une place majoritaire dans les enquêtes ouvertes en 2021 », peut-on lire dans le rapport. C’est 57 % des affaires traitées, devant les explosions (29 %) et les fuites et rejets (14 %).

Recommandations : de la mesure organisationelle à la réglementation

Dans les dix rapports publiés en 2021, le BEA-RI a émis 29 recommandations portant sur l’amélioration des études d’analyse de risques, sur le renforcement des contrôles, sur des mesures techniques, mais aussi organisationnelles et humaines. Le bureau cite à ce titre l’inventaire des accident technologiques 2017 du Barpi : « Quelle que soit la nature de l’origine de l’accident, la recherche des causes profondes aboutit dans la majorité des cas (98,5 %) à des facteurs organisationnels ou humains ». Recommandation du BEA-RI : mieux former les opérateurs aux situations sensibles ou atypiques. Il aborde également l’organisation des secours et le pilotage des installations.

À plusieurs reprises, le BEA-RI a aussi suggéré de renforcer le droit. En particulier, « dans un contexte de montée en puissance des usages stationnaires de charge d’équipements électriques (batteries, condensateurs) », il suggère de faire évoluer la réglementation « pour mieux encadrer la conception, l’implantation et l’exploitation de ces installations ».

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Focus sur les incendies dans le traitement de surface

Le rapport d’activité 2021 revient en particulier sur un sujet sur lequel le BEA-RI s’est penché dans 5 de ses enquêtes : les incendies dans les installations de traitement de surface, qui « se caractérisent par une cinétique assez rapide une fois la combustion commencée ». Quels enseignements en a-t-il tiré ? « Le BEA-RI a recommandé de faire évoluer la réglementation dans les domaines de la détection incendie, du désenfumage et des contrôles des installations électriques », souligne le rapport.

En ce qui concerne les mesures « constructives », le bureau rappelle l’importance de la séparation physique, « première mesure qui permet d’éviter la propagation d’un incendie », mais aussi « de faciliter l’intervention des services de secours publics ». À ce titre, le rapport vante les bénéfices des murs coupe-feu, qui « ont démontré leur utilité ». « Une vigilance doit être portée aux ouvrants (portes de même degré coupe-feu) et aux passages de câbles », note le bureau, préconisant plusieurs solutions techniques.

Le bureau se penche ensuite sur la question du désenfumage, qui, en permettant l’évacuation des fumées, réduit le risque de propagation de l’incendie et facilite l’intervention des services de secours. À l’issue de ses enquêtes, le BEA-RI a rappelé les règles réglementaires minimales (taux de désenfumage, accessibilité des commandes, entretien et contrôle des dispositifs) et a même proposé leur renforcement.

Avec ces incendies qui se propagent rapidement, il est « important de disposer d’une détection incendie opérationnelle et efficace ». Or le BEA-RI a pointé « des défaillances ou des insuffisances (…) concern[ant] le dimensionnement de la détection, l’entretien de l’installation ou la transmission de l’alerte ». Le bureau se prononce également sur l’aspiration et le traitement des vapeurs, la conception et le contrôle des installations électriques, la conception du bassin de rétention des eaux d’incendie, l’alerte et la chauffe des bains.

Réponse de la DGPR

Les recommandations du bureau n’ont aucune valeur contraignante. Cependant le BEA-RI publie les réponses que lui adresse la DGPR. Par exemple, pour l'enquête qui a concerné l'incendie d'un atelier de traitement de surface de l'usine Protec Industrie à Bezons, la DGPR indique ainsi qu'elle a « engagé les travaux visant à compléter les prescriptions relatives au désenfumage, à la détection et au contrôle des installations électriques des installations de traitement de surface relavant du régime de l'autorisation ». L'administration promet un projet d'arrêté au deuxième trimestre 2022.

Éva Thiébaud
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