Nicolas Hulot a présenté hier les ambitions climatiques du nouvel exécutif. Neutralité carbone de la France d'ici 2050, trajectoire à la hausse pour la contribution climat-énergie et étendue à d'autres gaz à effet de serre, fermeture des dernières centrales à charbon… Le ministre n'entend pas se priver d'outils fiscaux pour y parvenir.
Ségolène Royal avait fait du combat contre l’écologie punitive sa marque de fabrique. Nicolas Hulot change de stratégie de communication. En dévoilant jeudi 6 juillet le "plan climat" de la France, le nouveau ministre de la transition écologique et solidaire n’a pas caché qu’il entendait utiliser tous les outils à sa disposition pour "faire en sorte que les dynamiques du fatalisme et de l’irréversible ne se combinent pas"… Y compris la fiscalité. "La contrainte n’est pas l’ennemie de la compétitivité. Elle en est la condition", insiste-t-il, considérant que les acteurs économiques ont avant tout besoin de prévisibilité et d’irréversibilité pour faire des choix d’investissement pertinents et qui leur donneront même demain un avantage dans une énergie décarbonée.
S’il a refusé de confirmer le chiffre de 140 euros la tonne de CO2 avancé par nos confrères du Figaro, Nicolas Hulot a prévenu que l’objectif 2030 de la contribution climat-énergie fixé jusqu’alors à 100 euros allait être revu à la hausse. Une trajectoire précise devrait être définie par la prochaine loi de finances. Il a estimé au passage qu’il fallait arrêter de se focaliser sur le dioxyde de carbone. La taxe devrait rapidement être étendue à d’autres gaz à effet de serre comme les très polluants HFC utilisés notamment dans le monde de la climatisation.
HSE
Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement.
Comme l’avait annoncé le Premier ministre dans son discours de politique générale, la France entend aussi aller plus loin sur la réduction de ses émissions. La loi transition énergétique prévoyait de les diviser par quatre d’ici 2050. Le nouveau plan ambitionne d’atteindre à cette même date la neutralité carbone. "On arrive après la Suède et le Costa Rica, mais c’est un beau podium", se félicite Nicolas Hulot qui précise que la révision de la stratégie nationale bas-carbone de 2018 sera l’occasion de dessiner le chemin à parcourir. Le directeur général du WWF Pascal Canfin s’en félicite : "c’est un défi industriel, technologique, réglementaire et sociétal majeur, mais c’est bien le seul objectif qui nous permettra d’éviter le chaos climatique", insiste-t-il.
Pour transformer l’essai, il faudra d’une part respecter les grands objectifs de la loi transition énergétique, en particulier la division par deux de la consommation d’énergie finale entre 2012 et 2050 que certains voulaient remettre en cause. Il faudra surtout "en finir définitivement avec les énergies fossiles", souligne Nicolas Hulot qui rappelle que trois quarts du stock mondial doivent rester sous terre pour limiter le réchauffement global à 2°C. "Si on boit le pétrole jusqu’à la lie, nous ne sommes pas cohérents !". Une loi prévue pour cet automne interdira en France tout nouveau projet d’exploration de gaz, de pétrole ou de charbon. "Sur les droits acquis, il y aura des négociations", insiste le ministre qui calcule que dans le pire des cas, les puits en activité seront taris en 2040. Les dernières centrales au charbon devront quant à elles fermer d’ici 2022… En prenant en compte la situation des salariés pour prévenir d’éventuels conflits sociaux. "Il n’y aura pas de perdants, mais des adaptations, promet-il. Nous n’oublions pas que derrière les centrales se cachent des compétences, des emplois, des familles".
Côté consommation, le plan prévoit de "mettre fin à la vente des voitures qui émettent des gaz à effet de serre d’ici 2040". C’est "un signal utile mais on aimerait vraiment savoir quelles sont les premières étapes", réagit Cyrille Cormier, chargé des questions climat et énergie pour Greenpeace. Cela sera-t-il nécessaire ? À l’image de Volvo qui a annoncé jeudi 6 juillet qu’il ne vendrait plus une seule voiture 100 % thermique à partir de 2019, l’industrie automobile sera peut-être plus réactive qu’on pourrait le croire. Parallèlement, la France devra remettre au goût du jour les puits de carbone capables de stocker du CO2 en arrêtant d’artificialiser ses sols, en récompensant les pratiques agricoles vertueuses et en restaurant des zones humides. La capture et séquestration du carbone (CSC) n’a pas été évoquée mais pourrait elle aussi revenir sur les devants de la scène avec un prix du carbone plus élevé. Plus indirectement, le plan prévoit de "mettre fin à l’importation de produits contribuant à la déforestation", comme l’huile de palme non durable intégrée dans des biocarburants.
Parmi les autres annonces, à noter une promesse de simplification du cadre réglementaire de développement des projets d’énergie renouvelable et une aide aux entreprises qui veulent faire des économies de matériaux et d’énergie. Une feuille de route sur l’économie circulaire est attendue en 2018. Enfin, pêle-mêle de nouvelles primes seront proposées aux ménages les plus modestes pour les aider à remplacer leurs véhicules polluants et des budgets participatifs gérés par l’Ademe et l’AFB (agence française pour la biodiversité) pour associer les Français aux grandes décisions d’investissement. À l’image du Réseau Action Climat, plusieurs ONG soulignent les avancées de ce plan mais aussi le fait qu’il masque des enjeux immédiats, comme la mise en place de normes d’émissions de CO2 plus ambitieuses pour les véhicules dès 2025 ou la tenue d’événements annuels pour évaluer les progrès accomplis dans la lutte contre le réchauffement.
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