Tout le monde ne peut pas rester confiné en l'état actuel des mesures, et des travailleurs restent très exposés au risque de contamination par le SARS-CoV-2. Certaines mesures prises par les employeurs sont à éviter. C'est par exemple le cas du port des gants. Voire des masques.
Caissiers et commerçants, ouvriers dans les usines, agriculteurs, éboueurs, agents d'entretien, travailleurs des centres logistiques, livreurs, salariés des abattoirs… Des personnes, pour qui le télétravail n'est pas possible, continuent de travailler hors de leur foyer familial malgré le confinement qui a officiellement débuté le 17 mars 2020. Certaines sont particulièrement exposées au risque de contamination au SARS-CoV-2, parce qu'en contact avec un grand nombre de personnes, comme les caissiers par exemple.
Des mesures peuvent sembler protectrices mais ne le sont pas. Elles peuvent même être contreproductives : si elles donnent l'impression au travailleur d'être protégé, il ne respectera peut-être pas les gestes barrières (se laver les mains régulièrement, utiliser des mouchoirs à usage unique, éternuer dans son coude….), et encore moins les règles de distanciation sociale. Alors que ce sont les seules mesures de prévention vraiment efficaces face au risque de transmission du virus.
"Les gants sont rassurants", témoigne une caissière sur BFM-TV. Certains employeurs ont en effet équipé leur personnel de gants, à leur demande et celle de certains syndicats d'ailleurs. C'est une mauvaise idée, a expliqué Olivier Veran.
Interrogé sur la question par un boulanger auditeur de France Inter, le ministre de la Santé a répondu :
"Ne portez pas de gants parce qu'on ne se contamine pas par nos mains mais on transporte le virus avec nos mains à notre visage. Chaque heure on se touche le visage jusqu'à 60 fois. Si vous portez des gants vous ne pouvez plus vous laver les mains. Je préfère mille fois que vous ne portiez pas de gants et que vous laviez les mains, s'il le faut après chaque client, chaque objet qui vous est transféré".
Les mesures préconisées pour la population générale doivent être adoptées en entreprise. C'est le cas des distances de sécurité entre personnes (au moins un mètre et demi, d'après les médecins). Alors, faire du covoiturage entre collègues pour éviter les transports en commun n'est pas une bonne idée non plus. Emmanuel Macron a annoncé le 16 mars la mise en place d'un service de taxis, mais uniquement pour le personnel soignant – nous n'abordons pas ici le cas très spécifique dans le contexte du personnel soignant.
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"Si le port du masque fait baisser la garde sur les mesures basiques de mise à distance, on aura tout raté", imagine Aurélien Rousseau, directeur général de l'ARS (agence régionale de santé) d'Île-de-France.
La question des masques est épineuse. Les plus fins, dits chirurgicaux, ne permettent pas de se protéger soi-même mais uniquement de protéger les autres. D'où le fait que leur port n'est pas recommandé par nos autorités sanitaires. Mais comme certaines personnes peuvent être en même temps porteuses saines du virus et contagieuses, on peut, peut-être, imaginer que les masques, y compris les moins protecteurs, peuvent participer à ralentir la propagation du virus.
Quoi qu'il en soit, il n'y en a pas assez. C'est là que l'intérêt général prend le dessus sur les mesures de protection individuelle. "Il y a une tension sur les masques. Face à cette tension, il faut des priorités", explique clairement Aurélien Rousseau. Les personnels soignants sont évidemment prioritaires.
Par ailleurs, les foulards et écharpes ne permettent pas de protéger les salariés, leur maillage n'arrêtant pas les particules virales. Là encore, cela peut même être davantage dangereux, puisque, sans même s'en rendre compte, on se touche en permanence le foulard avec les mains – potentiellement souillées – pour le maintenir en place ou le repositionner.
Lorsque les contacts sont prolongés et proches, il faut compléter les mesures barrières par l’installation d’une zone de courtoisie d’un mètre et le nettoyage des surfaces avec un produit approprié, a expliqué le ministère du Travail il y a quelques jours. Alors, on a pu voir dans certains supermarchés des caisses équipées d'une protection en plexiglas. Un aménagement qui semble répondre à l'exigence demandée. Attention cependant, on ne connaît toujours pas précisément la durée de vie du virus sur les surfaces. Nettoyer ou changer (dans le cas de films plastiques mis dans certains magasin dans l'urgence, faute de plexiglas ou vitre) ces aménagements semble donc impératif. Le personnel en charge de cette activité doit impérativement suivre les mesures de prévention connues.
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Pour éviter de mettre en place de fausses bonnes mesures de prévention, l'employeur doit gérer cette crise en appliquant les principes généraux de prévention. Il doit d'abord réévaluer les risques professionnels en raison de l’épidémie. Les risques nouveaux générés par le fonctionnement dégradé de l’entreprise (aménagement des locaux, réorganisation du travail, affectation sur un nouveau poste de travail, télétravail, augmentation de l'activité…) sont aussi à prendre en compte. L'employeur doit donc actualiser le document unique de prévention des risques et veiller à "l'adaptation constante" des mesures de prévention "pour tenir compte du changement des circonstances", explique le ministère du Travail. Circonstances qui dépendent des connaissances que les scientifiques élaborent petit à petit sur le virus. L'employeur et les préventeurs doivent donc continuer de s'informer régulièrement sur le sujet.
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D’après les informations disponibles à ce jour, le virus se transmet surtout par les postillons (toux, éternuements). Un contact étroit avec une personne malade est nécessaire pour transmettre la maladie : même lieu de vie, contact direct à moins d’un mètre lors d’une toux ou d’un éternuement ou contact prolongé, par exemple lors d’une discussion en l’absence de mesures de protection. Le contact des mains non lavées est l'un des vecteurs de transmission privilégié. Le virus peut survivre quelques heures sur des surfaces (voire quelques jours dans des conditions spécifiques, en milieu humide), et les mains voire les objets manipulés (stylo, poignée de porte…) peuvent être des vecteurs de transmission, d'après les autorités. |
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Dans les prochains jours, nous tenterons de répondre aux questions pratiques que vous vous posez, en tant que responsables de la santé et de la sécurité dans votre entreprise ou en tant qu'employeur. Soumettez-vous vos questions via les commentaires dans cet article, ou en nous interpellant sur twitter. Nous répondrons au mieux à certaines, et dans la limite des connaissances et informations disponibles, qui évoluent très vite. |
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Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement.
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