Coronavirus : j'ai des masques FFP2 de l'épidémie H1N1, puis-je les donner, et comment ?

Coronavirus : j'ai des masques FFP2 de l'épidémie H1N1, puis-je les donner, et comment ?

25.03.2020

HSE

En 2009, lors de l'épidémie de grippe H1N1, nombre d'entreprises – et sur recommandation de la DGT – avaient fait des stocks de masques FFP2. Dix ans plus tard, ces stocks dorment bien souvent dans un coin. D'autres secteurs, tels le BTP, utilisent régulièrement ces masques aujourd'hui précieux. Vous êtes préventeur et en avez, voici comment faire pour les donner aux soignants exposés aux malades du Covid-19.

Bien-sûr, il y a eu LVMH, qui a en quelques heures trouvé un industriel chinois capable de livrer 10 millions de masques en France (dont 3 millions de masques FFP2) – en assurant que l'opération pourra se répéter plusieurs fois, ce coup-ci à la charge de l'État, précisait le géant du luxe le 21 mars. Il y a aussi eu les grands groupes du BTP ou les grandes industries à l'arrêt : Bouygues a donné 1 million de masques, PSA en a mobilisé 130 000, Renault 120 000, Valeo 30 000, etc. Mais il ne faudrait pas oublier les dons plus modestes, de PME, artisans, petites industries.

"J’invite toute entreprise, toute organisation qui en dispose à se rapprocher de l’ARS (agence régionale de santé) la plus proche ou, pour les stocks les plus importants (plus de 200 000 masques), du ministère des solidarités et de la santé", déclare le ministre Olivier Véran le 21 mars. Pour les stocks moins importants – quelques centaines de masques – les entreprises peuvent directement les proposer aux soignants près de chez eux.

Appel au BTP

Pour trouver des masques pour les soignants, le gouvernement aurait commencé par notamment se rapprocher du BTP, demandant au secteur de voir ce qu'il était possible de donner. Les FFP2 y sont régulièrement utilisés contre les aérosols et poussières ; les pouvoirs publics avaient donc bon espoir d'y trouver des masques non périmés et correctement stockés.

Mohamed Trabelsi, responsable des EPI (équipements de protection individuelle) à l'OPPBTP s'est ainsi promptement retrouvé en contact avec le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), pour recenser les stocks des entreprises via un fichier Excel.

L'info a circulé fissa, sans s'arrêter aux frontières du BTP – d'autant que le secteur a finalement en partie dû se remettre au travail… et donc garder une partie de ses stocks pour s'assurer de pouvoir en fournir à ses propres salariés à pied d'œuvre.

Le Gepi (groupe d'échanges des préventeurs des grandes entreprises françaises) a aussi fait fonctionner son réseau. "Cela nous a permis d'apprendre très rapidement que des entreprises avaient des stocks neufs, qu'elles s'apprêtaient à recevoir, bloqués par les douanes à l'aéroport, pour des raisons administratives, raconte Mohamed Trabelsi. Nous avons pu vite alerter et débloquer la situation." Un décret paru le 21 mars vient ainsi préciser les conditions de réquisition, et le cas échéant de déblocage de la livraison.

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Stocks périmés de FFP2

Comment faire si l'on a un stock important de précieux masques FFP2 et que l'on peut en donner, en s'assurant tout de même d'en garder pour sa propre activité pour les jours qui viennent, si l'activité de l'entreprise n'est pas stoppée ?  

La première chose, dans le contexte de tension extrême sur la question des masques en France ces jours-ci, est de ne pas s'arrêter à la date de péremption. "La majorité des masques que l'on a dans nos stocks sont des masques périmés qui datent de l'épidémie H1N1 en 2009. Et on a encore pas mal de FFP2", indique le préventeur d'une grande entreprise de l'agroalimentaire. Et il n'est pas le seul, puisque nombre des stocks cachés remontent à cette période.

En 2009, la DGT avait en effet édité une circulaire recommandant le port de masques FFP2 pour – en plus des soignants – les "salariés en contact étroit et régulier avec le public, ceux chargés de la gestion des déchets ou des ordures ménagères, c'est-à-dire les professionnels exposés directement au risque viral", précisant que "l'acquisition des EPI relève de la responsabilité de chaque employeur".

Un système dérogatoire permettait alors à toutes les entreprises privées de passer commande de FFP2 directement auprès de l'UGAP (union des groupements d'achat publics) et les Direccte étaient invitées à impliquer les organisations professionnelles pour "faciliter des achats groupés à destination des petites entreprises et des commerces".

Quelles conditions de stockage ? Puis quels tests ?

Deuxième chose, selon les préconisations de la DGS (direction générale de la santé), déterminer dans quelles conditions les masques FFP2 ont été stockés. "Les recommandations de l'OMS prévoient un stockage dans des zones sèches et bien ventilées avec une température comprise entre 15 et 25 °C."

Si c'est bien le cas, on peut passer à l'étape suivante. La DGS préconise de tester 4 points :

  • vérification de l'intégrité des conditionnements par contrôle visuel,
  • vérification de l’apparence (couleur d’origine) du masque par contrôle visuel,
  • vérification de la solidité des élastiques et de la barrette nasale de maintien du masque,
  • essai d’ajustement du masque sur le visage.

Ces tests devront être réalisés par les structures auxquelles vous amenez les masques. Mais pour éviter de perdre du temps, chaque entreprise voulant donner des masques peut déjà faire elle-même la vérification.

Élodie Touret
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