Coronavirus : que faire avec les climatiseurs, ventilateurs et systèmes d'aération ?

Coronavirus : que faire avec les climatiseurs, ventilateurs et systèmes d'aération ?

15.05.2020

HSE

Ventilation et climatisation risquent-elles de propager des particules du Sars-CoV-2 dans les bureaux ? Le risque semble limité à en croire les connaissances actuelles, qui évoluent très vite.

"Nous sommes souvent interrogés sur la climatisation et la ventilation", observe Françoise Siegel, médecin du travail à l'AST67, service de santé au travail interentreprises. Alors que les bureaux rouvrent progressivement et que l'été est pour bientôt, les employeurs se demandent si climatisation et ventilation risquent de propager le virus, ou à l'inverse sont recommandées pour davantage brasser l'air à l'intérieur ?

Le Sars-CoV-2 se transmet majoritairement par des gouttelettes (minuscules postillons) qui entrent en contact avec les muqueuses, via la bouche, le nez et les yeux. D'après plusieurs études, il pourrait aussi se transmettre par aérosols, c'est-à-dire par des particules virales encore plus petites que les gouttelettes, restant en suspension dans l'air. Une étude réalisée dans deux hôpitaux de Wuhan a toutefois montré que l'ARN viral dans l'air était présent en trop petites quantités pour pouvoir être contaminant.

Il n'empêche, une autre étude de cas réalisée dans un restaurant de Canton, dont on a beaucoup entendu parler, montre que des clients ont été contaminés alors qu'ils n'étaient pas à proximité directe de la personne infectée. Les chercheurs, tout en soulignant plusieurs limites de leur étude, concluent que la climatisation est l'explication la plus probable de la contamination. Alors, la question se pose, et inquiète certains, alors que l'employeur a pour obligation de "maintenir un état de pureté de l'atmosphère propre à préserver la santé des travailleurs" (voir encadré). 

On ne parlera pas ici du milieu hospitalier, soumis à des règles spécifiques en matière de ventilation, et où potentiellement davantage de personnes contaminées sont présentes. Pour ce cas particulier, le Haut conseil de la santé publique recommande de vérifier que les paramètres concernant le taux de brassage prévu par la réglementation sont respectés, à fermer les portes des chambres et ouvrir les fenêtres.  

Aérer

La question est différente selon que l'appareil est connecté à un réseau ou pas. Si c'est le cas, se pose la question du risque de l'introduction de particules provenant d'un espace où il y avait une personne contaminée dans un espace où il n'y en avait pas. Si l'appareil n'est pas connecté à un réseau, la question est de savoir si l'appareil déplace à l'intérieur de la pièce des particules émises par une personne infectée présente.

Les VMC (ventilations mécaniques contrôlées) permettent de renouveler l'air en évacuant l'air intérieur et en introduisant de l'air extérieur. Comme il est conseillé de renouveler l'air au maximum pour éviter la propagation du virus, la fédération des associations européennes du chauffage, de la ventilation et de climatisation (Rehva, qui défend les intérêts des entreprises du secteur) conseille de laisser fonctionner ces VMC en continu. Elle préconise de programmer la ventilation à la vitesse nominale au moins deux heures avant le début de la période d’occupation du bâtiment. D'ailleurs, les auteurs de l'étude de cas du restaurant de Canton recommandaient aussi d'améliorer la ventilation des bâtiments en notant que le restaurant était dépourvu de fenêtre. 

L'ouverture des fenêtres permet aussi d'aérer. Ainsi, l'INRS recommande l'aération "régulière" des locaux en ouvrant les fenêtres en l’absence de ventilation mécanique. L'AST67 recommande par exemple d'ouvrir d'au moins 15 minutes au moins trois fois par jour. L’ouverture des fenêtres peut être conseillée y compris pour les locaux équipés d’une ventilation mécanique pour accroître le renouvellement d’air, indique même la Rehva. 

Filtres

Les climatiseurs refroidissent l'air et évacuent de l'air chaud. Certains fonctionnent avec de l'air extérieur et de l'air intérieur recyclé (c'est le cas de certains ventilateurs aussi). Or, les filtres utilisés pour ce recyclage de l'air intérieur laisseraient passer le virus. C'est pour cette raison que la fédération professionnelle européenne recommande de désactiver ce qu'elle appelle "la recirculation de l'air" en fermant les volets de recirculation. "Cette action peut réduire fortement la puissance de chauffage ou de refroidissement de l’installation", prévient-elle.

En résumé, en l’état actuel des connaissances, le risque lié aux réseaux de climatisation ou de VMC semble faible. Renouveler l'air permet d'évacuer les particules contaminées. Mieux vaut ne pas utiliser de l'air recyclé.

 

Aération des lieux de travail dans le code du travail
Le code du travail impose des règles en matière d'aération et d'assainissement des lieux de travail (article R4222-1 et suivants). Il distingue les locaux à pollution non spécifique, c'est-à-dire dont la pollution est liée à la seule présence humaine, et les locaux à pollution spécifique. Pour les VMC (ventilations mécaniques contrôlés), le code du travail impose un débit minimal d'air neuf par occupant, qui varie selon les activités (article R4222-6). 

 

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Pauline Chambost
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