Covid-19 : quels sont les secteurs les plus à risque ?

Covid-19 : quels sont les secteurs les plus à risque ?

30.09.2020

HSE

Dans son dernier bulletin épidémiologique, Santé publique France livre de nouvelles indications sur la typologie des foyers épidémiques dans les entreprises privées et publiques. L'agence opère aussi un classement : à partir de la notion de "criticité", elle estime que les secteurs les plus critiques sont l’industrie alimentaire, les transports, la restauration, les activités sportives et de loisirs, l’administration publique et la défense.

Pour la première fois à notre connaissance, le point hebdomadaire du 24 septembre 2020 de Santé publique France sur l'épidémie de covid-19 a détaillé les données concernant les clusters (*) dans les entreprises et administrations publiques, ce qui permet de mieux comprendre quels sont les secteurs d'activité dans lesquels les travailleurs sont le plus souvent contaminés, et où les clusters sont les plus étroitement surveillés.

Hors Ehpad et établissements médico-sociaux, les cinq secteurs les plus à risque sont, par ordre décroissant : l’industrie alimentaire, les transports (de passagers par la route et le rail, et de marchandises), la restauration, les activités sportives, récréatives et de loisirs, et l’administration publique et défense (qui englobe les forces de l'ordre, mais aussi les services des impôts, de la sécurité sociale, etc).

Comment ce classement est-il établi ? SPF s'appuie sur la notion de "criticité" et estime que les secteurs les plus à risque sont ceux qui ont, proportionnellement, le plus de clusters à "criticité élevée".

Qu'est-ce que la "criticité", d'où est-ce que ça sort ? Pour chaque cluster, l'ARS (agence régionale de santé) doit déterminer, de façon collégiale, si le foyer présente un "niveau de criticité épidémiologique limité, modéré ou élevé", nous explique SPF, renvoyant au "guide pour l'identification et l'investigation de situations de cas groupés de covid-19", qu'elle a élaboré en mai dernier. Plusieurs critères épidémiologiques sont pris en compte, dont : le nombre de cas, le ratio entre le nombre de cas et la taille de la collectivité où s'est développé le cluster, la sévérité des cas, le niveau de vulnérabilité médicale ou sociale du cluster, le risque d'essaimage à distance.

Huit secteurs à la loupe

Pour chaque secteur, SPF observe quatre indicateurs :

  • le nombre de foyers épidémiques (clusters),
  • le nombre moyens de cas de covid-19 pour chaque cluster,
  • la "population moyenne exposée" (ce qui permet d'avoir une idée du potentiel de propagation du virus),
  • la part de clusters à "criticité élevée".
 

Dans les industries alimentaires (dont les abattoirs), 57 % des clusters présentent ainsi une "criticité élevée", dans les transports, c'est 27 %, puis 20 % pour la restauration, 19 % pour l’administration publique et défense et enfin 17 % pour les activités sportives, récréatives et de loisirs.

Si l'on va encore un peu plus dans le détail des secteurs d'activité, les chiffres de SPF confirment que la situation est particulièrement critique dans les abattoirs, où 77 % des foyers épidémiques présentent une "criticité élevée". Pour l’administration, la criticité est forte dans plus d'un tiers des clusters de l’administration publique générale, et idem pour les activités d’ordre public et de sécurité. Chez les pompiers et services de secours, c'est 13 % des foyers.

Combien de cas par cluster ? Combien de personnes exposées ?

Autre information de ce point épidémiologique : le nombre de personnes positives au covid-19 dans chaque cluster. Cela montre que le nombre de personnes contaminées qui constituent un cluster varie beaucoup d'un secteur d'activité à l'autre. Par exemple, un cluster dans les industries alimentaires, c'est en moyenne 26 cas, contre seulement 6 cas pour un cluster dans la restauration.

Le nombre de personnes exposées dans des clusters est aussi fortement dépendant des secteurs d'activité : dans les industries alimentaires, chaque foyer de contaminations expose en moyenne 332 personnes, et 135 dans les entrepôts logistiques, alors que seuls 24 salariés sont en moyenne concernés lorsqu'un cluster se développe dans une banque.

Autrement dit, ces chiffres permettent d'avoir, pour les clusters étudiés, une idée du ratio entre le nombre de travailleurs exposés, et le nombre de contaminés. Dans les industries alimentaires tout comme dans l'administration publique et la défense, environ un salarié exposé sur 12 est contaminé. Dans les foyers touchant les banques, c'est un salarié sur 4.

 

La courbe du nombre de clusters n'est plus pertinente pour suivre l'épidémie

"Le nombre de clusters est probablement largement sous-estimé", prévient SPF le 24 septembre. Le virus circule désormais à un niveau trop élevé : le repérage des foyers épidémiques prend trop de temps par rapport aux contaminations.

"La dynamique du nombre de signalements hebdomadaires ne constitue donc plus un indicateur pertinent de suivi de la dynamique de l’épidémie."

 

 

(*) Un cluster = au moins trois cas confirmés ou probables, dans une période de sept jours, lorsqu'ils appartiennent à une même communauté (collègues de travail, par exemple) ou ont participé à un même rassemblement de personnes, qu’ils se connaissent ou non.

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Élodie Touret et Pauline Chambost
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