Dans le secteur public ou privé, presque tous les salariés sont "polyexposés"

Dans le secteur public ou privé, presque tous les salariés sont "polyexposés"

07.12.2021

HSE

Travail de nuit, exposition à des agents biologiques ou à des substances chimiques, RPS… Au cours de leur carrière, les salariés peuvent être exposés simultanément à plusieurs contraintes susceptibles d’affecter leur santé à court ou à long terme. Prendre en compte ces polyexpositions constitue un défi majeur pour élaborer des politiques efficaces de prévention.

La dernière enquête Sumer (surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels) de la Dares date de 2016-2017, mais cette mine d’informations continue d’être exploitée par différentes analyses.

Tous les salariés sont "polyexposés"

Une étude a notamment été menée par l’Anses, Santé publique France et la Dares, dans le cadre du 3ème Plan santé au travail 2016-2020. L’objectif était de mieux comprendre et décrire les situations de polyexpositions des salariés et de connaître les filières professionnelles particulièrement concernées.

Cette étude montre que quasiment tous les salariés sont "polyexposés", que ce soit dans le secteur public ou privé (97%). Une polyexposition signifie que le travailleur est exposé à au moins deux contraintes de même catégorie ou non au cours de sa carrière professionnelle. Les catégories sont les suivantes :

  • chimiques (substances potentiellement dangereuses) ;
  • biologiques (bactéries, virus, moisissures) ;
  • physiques (nuisances sonores, contraintes posturales ou thermiques, exposition aux rayonnements) ;
  • organisationnelles (horaires de travail, manque de moyens matériels et/ou humains, intensité et rythme de travail, faible autonomie, etc.) ;
  • relationnelles (forte pression, faible reconnaissance au travail, hostilité des collègues ou de la hiérarchie, tensions, etc.).

 

Lire aussi : 

Risques professionnels : quelles différences d'exposition entre le public et le privé ?

 

Contraintes organisationnelles dans tous les secteurs

Cette étude confirme que si les expositions aux risques physiques (chimique, mécanique ou biologique) sont spécifiques au secteur d’activité, les contraintes organisationnelles et relationnelles concernent tous les domaines d’activité.

La Dares note que ces contraintes organisationnelles sont "propres à l’organisation du travail et à la coopération avec d’autres travailleurs, ainsi qu’aux interactions avec les clients ou usagers". Elles ont donc un "caractère structurant de toute activité salariée". Une fois ce constat fait, il convient évidemment de mettre en œuvre les actions de prévention nécessaires pour maîtriser les risques et notamment les RPS.

12 profils pour mieux catégoriser les polyexpositions

L’analyse statistique a fait ressortir une douzaine de types de profils (tableau synthétique en page 67 du rapport joint). On peut citer par exemple :

  • le profil A (37% de l’effectif total) qui correspond aux salariés avec un travail "peu exposé" mais avec un faible soutien social. Il s’agit principalement de salariés de CSP élevées (gestion des entreprises, administration publique, professions juridiques et commerce) ;
  • le profil C (6,8% de l’effectif total) qui regroupe principalement des hommes (ouvriers de la maintenance, de la mécanique, des industries de process, du BTP) qui sont tous exposés au bruit et pour une majorité d’entre eux, à des contraintes posturales (74%) et organisationnelles (ex. : faible autonomie 61%, contraintes horaires) ;
  • le profil F (6%) qui regroupe des ouvriers réalisant des activités plutôt techniques dans les domaines du traitement des déchets et de l’assainissement, de l’agro-alimentaire ou en lien avec  l'alimentation (maraîchers, restauration) ou intervenant sur des chantiers BTP. Ils sont exposés à des risques biologiques d’origine environnementale ou agroalimentaire à des risques chimiques et physiques, et manquent de  moyens et sont soumis à des changements organisationnels récents ;
  • le profil D (5%) avec des travailleurs issus de CSP diverses dans des activités impliquant un contact avec le public (ex. : enseignement, action sociale, sécurité civile,  commerce, banque, assurance et transports) qui sont exposés à des tensions avec le public, un manque de moyens et un rythme de travail élevé.

 

Lire aussi : 

Quelles expositions professionnelles à des agents chimiques ?

 

Le multiple cumul des professionnels de santé

Alors que cette analyse a notamment pour but d’objectiver "la réalité et le caractère uniquitaire des situations de polyexposition pour les travailleurs français", certains résultats ont une résonance particulière avec l’actualité.

Les professionnels de santé (86,5% des salariés du profil J) cumulent des expositions caractéristiques aux 5 catégories de contraintes. Ce sont des professionnels des domaines médicaux et paramédicaux  (infirmiers,  sages-femmes, aides-soignants, professions  paramédicales, médecins  et  assimilés) et  plus  des  trois  quarts  sont  des  femmes.  Ils sont ainsi potentiellement exposés à des agents biologiques d’origine humaine, souvent associés à une exposition à des substances chimiques via les médicaments notamment. Ils sont également concernés par des situations de tension, des contraintes horaires comme le travail de nuit, un rythme de travail soutenu, un manque de moyens matériels et humain, auxquels viennent s’ajouter des contraintes physiques tels que les rayonnements ionisants ou des postures physiques difficiles.

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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