A Lyon, la vingt-septième édition du salon Pollutec réunit du 29 novembre au 2 décembre les professionnels de l’environnement et les industriels en quête d’économies. Zoom sur le secteur de la mécanique où les coûts générés par les déchets sont trop souvent sous-estimés.
Pollution littorale, industrie du futur, ville durable ; la grand-messe de l’environnement organisée à Lyon tous les deux ans joue la carte de l’éclectisme pour se renouveler. L’édition 2016 du salon Pollutec qui a ouvert ses portes mardi 29 novembre reste fidèle toutefois à quelques valeurs sûres comme la gestion de l’eau, l’efficacité énergétique ou la protection de la qualité de l’air. « L’économie circulaire est un facteur de compétitivité et de création de valeur trop négligé, a quant à lui insisté le secrétaire d’Etat à l’Industrie Christophe Sirugue en visite dans la capitale des Gaules. On utilise aujourd’hui 18 millions de tonnes de matière recyclée dans les processus de fabrication. C’est bien, mais ce chiffre a tendance à stagner alors que le potentiel est de 780 MT ». Les constructeurs et les conférenciers qui arpentent les allées abondent. Et insistent sur le fait que les industriels ont tout intérêt à s’intéresser à la question.
Dans le secteur de la mécanique par exemple, les coûts générés par les effluents et les déchets ont tendance à exploser… Parfois sans que l’on s’en rende compte. « Les coûts cachés liés au stockage, à la manutention ou à la préparation des déchets peuvent représenter vingt fois la somme payée pour le traitement si l’on en croit des études de l’Ademe », remarque Christian Cornet, consultant du Centre technique des industries mécaniques (Cetim). Conséquence : « on peut mettre tous les moyens qu’on veut pour trier ou faire les meilleurs choix de valorisation, mais 80 % des économies pourraient être réalisées à l’étape de fabrication », poursuit-il. Jeter n’est pas toujours une fatalité et les solutions sont parfois basiques : acheter des produits sans emballage, demander à son fournisseur de récupérer des éléments qu’il aura plus de facilité à recycler du fait de sa taille…
HSE
Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement.
De manière générale, une étude analytique de ses gisements de déchets et d’effluents est une bonne manière de comprendre l’enjeu. Et même de relever des dysfonctionnements : un atelier qui jette beaucoup consomme sûrement trop de matière ou d’énergie ; un procédé qui génère de grandes quantités de coupes ou des copeaux trahit parfois le fait qu’il n’a pas été optimisé. Des ruptures technologiques sont dès lors envisageables, par exemple pour remplacer la phase d’usinage par une méthode de fabrication dite additive qui consiste à obtenir une pièce en agglomérant la matière et non plus en la soustrayant. Pas de miracle néanmoins. D’autres critères technico-économiques entrent évidemment en jeu pour faire ce type de choix. En outre, même convaincus, « les responsables HSE sont moins influents dans l’entreprise que les bureaux d’études ou que les services achat pour lancer de telles évolutions », constate Christian Cornet.
Même réduite à sa portion congrue, la matière résiduelle est inévitable. Plusieurs pistes doivent donc être suivies pour en limiter le coût et l’impact sur l’environnement. Certains déchets non dangereux sont directement valorisables, à l’instar des pneus qui peuvent être utilisés pour créer des talus ou des bassins de rétention. Plusieurs études ont validé le fait que sous certaines conditions, leur contact avec l’eau de ruissellement ne posait aucun problème. Le traitement de l’eau n’ayant pas grand sens, il est souvent rentable par ailleurs de prétraiter ses résidus liquides par évapo-concentration ou par filtration. Enfin, les effluents doivent être considérés avec méthode. Mieux vaut notamment éviter les mélanges d’huiles car certaines ont de la valeur tandis que d’autres ont un coût.
Cette précaution vaut aussi pour les copeaux, « trop souvent vendus en vrac », regrette Bruno Martinez, chargé d’affaires chez SFH. Lui promeut le tri par matière, le séchage et le compactage qui réduit jusqu’à dix fois les volumes de déchets tout en accroissant leur qualité… Avec au passage un impact sur le fluide récupéré qui pourra le cas échéant être réintégré dans le process. Reste bien entendu que l’industriel n’a généralement pas toutes les cartes en main. Si le Cetim a accompagné les roulementiers pour que les 50 000 tonnes de boues qu’ils produisent chaque année ne finissent plus en décharge, les aciéries ou les fonderies hésitent parfois à intégrer des matières secondaires considérées comme moins pures. Et qui avec l’érosion des coûts des métaux ne sont pas forcément plus intéressantes économiquement Pour que le vœu de Christophe Sirugue se réalise, il faudra plus que des bonnes intentions.
Nos engagements
La meilleure actualisation du marché.
Un accompagnement gratuit de qualité.
Un éditeur de référence depuis 1947.
Des moyens de paiement adaptés et sécurisés.