Déconfinement : pour le télétravail, il ne doit pas y avoir "un avant et un après 11 mai"

Déconfinement : pour le télétravail, il ne doit pas y avoir "un avant et un après 11 mai"

29.04.2020

HSE

Le télétravail doit rester la règle, et s'il n'est pas possible, l'entreprise doit s'organiser avec des horaires décalés. Les employeurs sont aussi invités à équiper en masques leurs salariés. Et à se référer à la soixantaine de fiches sectorielles ou métier qui devraient être prêtes d'ici au 11 mai. Le premier ministre a présenté hier la stratégie nationale de déconfinement jusqu'au 2 juin, laissant de nombreuses questions en suspens.

"Le télétravail doit être maintenu partout où c'est possible, au moins dans les 3 prochaines. […] Il n'y a pas sur ce sujet un avant et un après 11 mai." Présentant la stratégie nationale du plan de déconfinement devant l'Assemblée nationale mardi 28 avril 2020, Édouard Philippe a insisté sur la nécessité que les entreprises évitent de faire revenir leurs salariés au bureau, afin de limiter l'utilisation des transports publics, et de diminuer plus globalement les contacts. Les annonces concernent une première phase de déconfinement, qui devrait durer jusqu'au 2 juin.

Hormis le maintien de la règle du télétravail et l'invitation à fournir des masques, le premier ministre a apporté finalement assez peu de réponses concrètes aux questions que se posent les entreprises pour préparer le déconfinement. Il n'a par exemple pas abordé la question des tests que certaines veulent massivement mettre en place, comme Veolia, ni celle du statut des salariés considérés comme étant davantage à risque de developper une forme grave du covid-19. Il doit recevoir jeudi les partenaires sociaux "pour adapter le plan aux réalités de terrain" ; certains points seront alors peut-être précisés.

Salariés masqués

Lorsque les travailleurs ont besoin d'être sur place, les entreprises devront "réorganiser la vie au travail" en s'appuyant sur des horaires décalés, pour étaler le flux dans les transports et "diminuer la présence simultanée des salariés dans un même espace de travail". Mesures barrières et distanciation sociale seront bien entendu de mise.

Le port du masque ne sera pas obligatoire, en tout cas pas de façon généralisée, excepté dans les transports publics. Mais ce sera une mesure à "ajouter" dans certaines situations. Au travail, les salariés devront être masqués "dès lors que les règles de distanciation physiques ne peuvent pas être garanties par l'organisation du travail".

"J'invite toutes les entreprises, quand leurs moyens le permettent, à équiper leurs salariés. C'est une condition – elles le savent, elles le disent – de la reprise", déclare Édouard Philippe, qui assure qu'il y aura assez de masques pour faire face aux besoins à partir du 11 mai.

Encore faudra-t-il que cela ne soit pas la jungle pour s'en procurer, chacun cherchant à en avoir un maximum. "Il faut que l'État, les collectivités territoriales, les entreprises, l'initiative privée soient complémentaires et non concurrents", souligne le chef du gouvernement, précisant que l'organisation de la répartition s'appuiera sur les maires et préfets. Régions et État aideront TPE et travailleurs indépendants à en avoir, et La Poste ouvrira une plateforme d'e-commerce jeudi.

Une soixantaine de fiches sectorielles

Pour les conditions de travail, au-delà du télétravail et des masques, Édouard Philippe a surtout renvoyé vers les guides sectoriels et fiches métiers régulièrement publiées par le ministère du travail : il y en a actuellement 33, il en faudrait selon lui une soixantaine pour couvrir tous les secteurs, cela devrait être prêt pour le 11 mai.

La démarche, qu'il estime "intéressante parce qu'elle est très concrète et associe les partenaires sociaux" doit "se prolonger dans chaque entreprise, sous la forme de nouveaux plans d'organisation du travail".

Et pour aller au travail ?

Être protégé et protéger les autres une fois arrivé sur son lieu de travail si l'on ne peut pas rester travailler chez soi, c'est une chose, mais comment y aller si l'on doit prendre les transports en commun ? Les "décisions relatives aux transports sont particulièrement ardues", reconnaît le premier ministre. Il n'exclut pas que, dans certaines régions ou agglomérations, les transports publics aux heures de pointe soient réservés à ceux qui vont travailler.

Le masque sera obligatoire dans les transports publics. En plus, les opérateurs de transport devront organiser le respect des règles de distanciation sociale, en condamnant un siège sur deux, par exemple, ou avec un marquage au sol sur les quais, et en se préparant à limiter les flux en cas d'affluence. Dans les grandes agglomérations, c'est là que l'on en revient à l'importance de poursuivre le télétravail.

 

Deux variables à avoir en tête : le nombre de nouveaux cas par jour et la situation dans chaque département

Selon les chiffres avancés par Édouard Philippe, le confinement "aura permis d'éviter 62 000 décès sur un mois". Le plan de déconfinement présenté hier s'appuie essentiellement sur un indicateur : pas plus de 3 000 nouveaux cas de contamination au Sars-CoV-2 par jour. Le principe posé est de pouvoir diagnostiquer via un test virologique (les tests dits RT-PCR) tous ces cas, ainsi que leurs "cas contact", afin d'isoler toutes les personnes contaminées, mêmes asymptomatiques et de casser les chaînes de contamination.

L'objectif du gouvernement est d'être en mesure de réaliser au 11 mai, 700 000 tests par semaine, soit 3 000 cas par jour multipliés par environ 25 contacts, avec une marge de manœuvre pour des campagnes de dépistage dans les Ehpad, notamment. Si ces indicateurs n'étaient pas tenables, le déconfinement pourrait être reporté, ou organisé dans d'autres conditions.

Autre variable à avoir en tête : les différences territoriales. À compter de ce jeudi, le DGS (directeur général de la santé) Jérôme Salomon présentera chaque soir une carte de France avec des départements en rouge ou vert. Ils seront coloriés à partir de trois critères : le nombre de nouveaux cas, les capacités de réanimation, l'effectivité du système local de test et de détection des chaînes de contamination. Le virus circule et il faut s'y habituer, mais il ne circule pas partout pareil, et la stratégie nationale pourra être adaptée par les autorités locales (maires, préfets) en fonction des contraintes territoriales.

 

Et les commerces ?

Les commerçants devraient pouvoir remonter leurs rideaux métalliques à compter du 11 mai prochain, si les conditions sanitaires le permettent et avec, a indiqué Édouard Philippe, un "cahier des charges strict".

Il faudra "limit[er] le nombre de personnes présentes en même temps dans le magasin et organis[er] les flux, afin de faire respecter la règle de la distance minimale d’un mètre par personne sans contact autour d’elle".

Les enseignes devront également "veiller" à protéger leur personnel. Notamment par le port d’un masque grand public que le gouvernement "recommande" désormais "pour les personnels et les clients lorsque les mesures de distanciation physique ne peuvent être garanties". Édouard Philippe a même autorisé les commerçants "à subordonner l’accès à [leur] magasin au port du masque".

Concernant les zones de chalandises, le gouvernement souhaite laisse la possibilité aux préfets de "décider de ne pas laisser ouvrir, au-delà des sections alimentaires déjà ouvertes, les centres commerciaux de plus de 40 000 m2".

Quant aux cafés, bars et restaurants, Édouard Philippe se donne encore jusqu’à fin mai pour décider de leur redémarrage "après le 2 juin".

 

Un projet de loi présenté samedi 2 mai en conseil des ministres

Des dispositions législatives sont nécessaires au plan du gouvernement, notamment pour la limitation de la circulation et l'isolement des personnes testées positives au covid-19 ou encore pour le traitement de la traçabilité numérique des cas suspects.

Ces dispositions seront présentées samedi 2 mai en conseil des ministres, avec un projet de loi repoussant au 23 juillet la fin de l'état d'urgence sanitaire, ces textes devant être soumis la semaine prochaine au Parlement.

 

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Élodie Touret, avec Sophie Bridier et Bernard Domergue
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