Énergie : pressés par les prix, les industriels cherchent des solutions d’urgence
29.11.2022
HSE

Les factures énergétiques menacent une partie de l’industrie française. Le plan de sobriété proposé en octobre apporte des bribes de solutions qui demanderont des investissements, et surtout la formation de référents énergie, capables d’identifier les mesures efficaces et rapides.
Pourquoi attendent-elles ? La moitié des entreprises qui doivent trouver un contrat d’électricité pour 2023 n’avaient pas encore choisi de fournisseurs à la mi-novembre, selon la présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), Emmanuelle Wargon. Un mauvais calcul, estime-t-elle. Mais aussi un symptôme. Les factures ou les devis ont atteint un niveau tel que certains industriels se disent tout simplement qu’ils ne pourront pas les payer. De fait, c’est la production elle-même qui est menacée. D’après une enquête de la CPME, près d’une PME sur dix (9 %) va « jusqu’à envisager un arrêt de son activité du fait de la hausse des prix de l’énergie ».
L’amortisseur électricité mis en place pour 2023 pourrait limiter la casse, mais ne changera pas radicalement la donne. Sur fonds de crise énergétique, BASF a indiqué sa volonté de réaliser des économies en Europe « de manière permanente ». Une annonce imprécise, qui pourrait se traduire par la délocalisation d’une partie de son activité, plutôt que par des économies d’énergie. De son côté, le verrier Duralex a annoncé dès septembre que son four de la Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret) serait mis en veille tout l’hiver. Pour ne pas en arriver à de telles extrémités, d’autres cherchent encore des mesures de maîtrise de consommation efficaces à très court terme, ce qui est l’objectif de la publication début octobre d’un plan de sobriété faisant suite à plusieurs semaines de consultations. Son objet : baisser sa consommation de 10 % en moins de deux ans.
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Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement.
Le premier enjeu, explique Daniel Cappe, vice-président de l’Atee (association technique énergie environnement), est de bien différencier l’efficacité et la sobriété, « deux notions souvent confondues chez nos décideurs ». De fait, malgré son nom, le plan de sobriété gouvernemental porte essentiellement sur l’efficacité. Le document présenté en octobre insiste sur l’isolation thermique des réseaux de chaleur, sur leur étanchéité, sur l’installation de capteurs afin de mieux définir les besoins et ainsi optimiser la température ou la puissance de ses équipements… Autre piste récurrente : la mise en place d’échangeurs thermiques chargés de récupérer la chaleur ou la vapeur fatales pour la valoriser ailleurs. Cette politique d'efficacité demande des investissements financés par exemple par les appels à projets « décarb flash » pilotés par l’Ademe.
La sobriété, elle, implique un questionnement des dépenses énergétiques. Elle peut être radicale si l’on est prêt à remettre en cause les matériaux usinés ou les produits fabriqués par l’entreprise parce qu’ils requièrent des procédés énergivores qu’aucune mesure d’économie ne pourra jamais impacter au-delà de quelques pourcents. La sobriété concerne aussi des mesures plus intuitives, sans investissement majeur et avec des effets plus immédiats parce qu’on réussit à « identifier les économies d’énergie venant d’usages ne rendant en réalité aucun service », selon une définition du cabinet Carbone 4.
Efficacité ou sobriété, « il est compliqué, dans l’industrie, de faire quoi que ce soit sans montée en compétence des personnes en charge de l’énergie », prévient Karine Maillard, qui pilote, pour l’Atee, le programme Prorefei dont l’objet est la formation. Qu’ils soient spécialisés ou déjà en charge de la RSE, ces référents doivent – comme dans le bâtiment – pousser leur entreprise à se réinterroger sur l’éclairage en période d’inactivité ou sur les consignes de température (pour les salariés, mais aussi dans les séchoirs par exemple).
À eux de lancer au plus vite un diagnostic si le travail n’a pas été fait (il est obligatoire pour les entreprises de plus de 250 salariés). À eux ensuite de mettre en musique ses recommandations avec un système de management adéquat. Les mesures prises peuvent alors dépasser la question énergétique. En matière d’entretien des circuits d’air comprimé par exemple, chaque filtre obstrué génère une surconsommation des équipements de type soufflettes. On est loin de l’énergie. Ou peut-être pas tant que ça.
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