Harcèlement au travail : un enjeu prioritaire pour plus d'un salarié sur deux

13.10.2022

HSE

Le cabinet Qualisocial, en partenariat avec Ipsos, vient de publier les résultats de la première édition de son baromètre auprès des salariés sur le harcèlement au travail.

Cette enquête a été réalisée sur un échantillon de 2 000 actifs travaillant dans une structure privée ou publique d’au moins 5 personnes.
Les situations de harcèlement au travail sont perçues comme davantage répandues qu’il y a 10 ans
En matière de perception de l’enjeu du harcèlement au travail en France, 53 % des sondés considèrent que l’enjeu de la dégradation des relations sociales au travail est prioritaire. Ce ressenti est présent chez certaines catégories d’actifs tels que les agents de la fonction publique hospitalière (65 %) et les femmes (57 %). L’enjeu de la dégradation des relations sociales au travail arrive en troisième position derrière le niveau de salaire (68 %) et la dégradation des conditions de travail (56 %).
Pour les trois quarts des salariés interrogés, le harcèlement au travail est un phénomène qu’ils jugent répandu. De plus, 62 % d'entre eux trouvent que les situations de harcèlement au travail sont davantage présentes qu’il y a 10 ans.
Le développement du télétravail, accéléré par l’épidémie de la Covid-19 et les différents confinements, est perçu comme un facteur ayant un impact positif sur les risques de harcèlement au travail.
Des efforts de sensibilisation nécessaires
Globalement, les travailleurs avouent ne pas maîtriser suffisamment le sujet. En effet, à peine plus de la moitié d’entre eux (56 %) pensent être bien informés sur le harcèlement au travail. Seulement 35 % ont le sentiment de bien connaître la législation en la matière et 73 % disent qu’ils éprouvent des difficultés à identifier précisément les situations de harcèlement (y compris les managers).
35 % des salariés ont déjà été victime de harcèlement
Concernant l’exposition à des situations de harcèlement au travail, 40 % des sondés disent avoir vécu au moins une expérience en tant que témoin. 35 % déclarent avoir eu au moins une expérience en tant que victime et 13 % ont le sentiment d’avoir été l’auteur de harcèlement au travail au minimum une fois durant leur carrière.
Le harcèlement moral (défini à l'article L. 1152-1 du code du travail) est la situation la plus fréquemment rencontrée (68 %). Il est suivi par les comportements ou propos discriminatoires (sexistes, racistes, homophobes, etc. ; 30 %), le harcèlement sexuel (remarques déplacées, envoi de photos/vidéos pornographiques, attouchement, etc. défini à l'article L. 1152-3 du code du travail ; 20 %) et le cyberharcèlement (mail, messagerie interne, etc. ; 13 %).
Le plus souvent, la situation de harcèlement est initiée par le supérieur hiérarchique direct (40 %). Elle peut aussi être mise en œuvre par un collègue (25 %), un supérieur hiérarchique de niveau supérieur (20 %), un client ou un usager (7 %) ou encore un collaborateur (5 %).
Selon l'enquête, très majoritairement, les situations de harcèlement se déroulent sur le lieu de travail et principalement dans un bureau fermé (25 %). Le harcèlement se produit dans 70 % des cas en face à face et dans 15 % des cas en ligne.
Des actions de lutte contre le harcèlement au travail encore trop rares
Les salariés sondés ont globalement le sentiment que la question du harcèlement est prise en compte par leur employeur mais également que des améliorations sont possibles.
En effet, les actions pour sensibiliser au harcèlement et y faire face restent trop rarement déployées. Parmi ces actions on peut retrouver :
  • une communication destinée aux salariés sur les réactions à avoir ou les personnes à prévenir en cas de harcèlement au travail ;
  • un service de signalement spécifique qui permet de faire remonter des cas de harcèlement (personne référente, adresse mail spécifique, etc.) ;
  • une communication destinée aux salariés sur ce qu’est le harcèlement au travail ;
  • des formations spécifiques pour tous les salariés ;
  • des formations spécifiques pour les managers (avec un contenu adapté à leur poste).
Un quart des situations de harcèlement reste mal gérées par l’employeur
Les victimes de harcèlement ont majoritairement le sentiment qu’il s’agit d’un phénomène fréquent là où elles travaillent (78 %). Malheureusement, les situations de harcèlement sont assez rarement reportées jusqu’à l’employeur (34 %). 
Lorsque l’employeur est informé, il réagit bien dans la majorité des cas (59 %) mais tout de même un quart des situations reste mal gérées, selon ce baromètre. Pour preuve, des mesures pour empêcher que les situations de harcèlement se reproduisent sont prises dans seulement 50 % des cas.
Enfin, 42 % des situations de harcèlement se terminent aujourd’hui en défaveur de la victime.
Ce baromètre montre donc une marge de progrès conséquente dans l'implication des employeurs, à la fois en prévention primaire (sensibilisation des salariés et des managers) et en prévention tertiaire, pour établir des processus d'alerte, de signalement, d'enquête et de traitement des situations supposées de harcèlement.

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Laura Guegan
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