Intelligence artificielle : premiers résultats du LaborIA sur les usages et les impacts sur le travail

17.04.2023

HSE

L'enquête montre que 47 % des organisations ont recours à l'intelligence artificielle (IA) pour améliorer la santé et la sécurité au travail. Cependant, un accompagnement lors de ce déploiement est nécessaire car les non-utilisateurs d'IA ont de nombreux aprioris négatif sur le sujet.

L’IA est omniprésente dans le quotidien professionnel (voir le zoom de notre bulletin n° 459 « Intelligence artificielle : un outil de prévention des risques avec un enjeu d’appropriation collective »). Elle a des impacts sur le travail, les travailleurs, l’emploi mais aussi les compétences.
Afin de les analyser, le ministère du travail, du plein emploi et de l’insertion et l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) ont créé, en novembre 2021, la LaborIA. Ce dernier a récemment publié les premiers résultats d’une enquête qualitative sur le déploiement de l’IA dans les organisations (entreprises et organisations publiques) au sein d’un rapport d’enquête « Usages et impacts de l’IA sur le travail, au prisme des décideurs ».
Remarque : l’enquête a été menée courant 2022 avec des interviews réalisées auprès de 250 décideurs comprenant des directeurs généraux, des directeurs des ressources humaines, des directeurs des systèmes informatiques, des directeurs de l’innovation, etc.

Les entreprises et organisations publiques de plus de 50 salariés qui ont été interrogées appartenaient à l’industrie (15 %), à l’administration publique (15 %), aux services financiers (13 %), au commerce de gros et de détail (13 %), au BTP, à la construction et au transport (9 %), etc.
Le rapport d’enquête s’attarde notamment sur les utilisateurs de systèmes d’IA (SIA), les usages, la maturité de l’utilisation, les motifs d’utilisation, les freins et les obstacles rencontrés ainsi que les impacts sur le travail.

47 % des répondants ont recours à l’IA pour améliorer la SST
Il en ressort que les industriels sont légèrement sur-représentés parmi les utilisateurs de SIA. De plus, les organisations de plus de 250 salariés ont également davantage de projets de SIA que les plus petites entreprises ou organisations publiques.
En matière d’usage, pour l’ensemble des secteurs d’activité, les SIA sont utilisés pour :
  • la détection de défauts et d’anomalies : 35 % ;
  • les machines autonomes : 19 % ;
  • les chatbots (dialogueur ou agent conversationnel) et callbots (agent conversationnel vocal) : 16 % ;
  • la prédiction : 14 % ;
  • la vision : 11 % ;
  • l’aspect linguistique (traduction, gestion de l’information) : 5 %.
L’industrie est le secteur dans lequel l’utilisation des SIA est la plus mature avec 86 % des projets déjà déployés et utilisés. En moyenne, pour tous les secteurs, 68 % des répondants utilisateurs évoquent un SIA déjà déployé et utilisé, contre 18 % en déploiement, et 14 % en phase d’expérimentation.
 
Les motifs de recours à l’IA sont divers : réduire les risques d’erreur (81 %), améliorer la performance des salariés (75 %), diminuer les tâches fastidieuses (74 %), baisser les coûts de main d’œuvre (33 %), pallier le manque de compétences (13 %), etc.
 
L’amélioration de la santé et de la sécurité au travail (SST) des salariés est également citée comme motif d’utilisation de l’IA par 47 % des répondants. Ce sont les entreprises de moins de 250 salariés qui déclarent le plus utiliser un SIA pour optimiser la SST de leurs salariés. Dans le secteur industriel, ce sont même 63 % des organisations interrogées qui affirment recourir à l’IA dans cette optique.
 
Malgré ce déploiement notable de l’IA, de nombreux freins et obstacles sont rencontrés par les organisations. Les principaux restent la compatibilité avec les outils existants (38 %), le manque d’expertise en interne (37 %), le coût de l’investissement nécessaire (32 %), le manque de confiance (19 %), les mauvais résultats des expérimentations (14 %), la réticence du personnel (10 %), la réticence des syndicats (10 %) ou les mauvais avis (10 %).
Les non-utilisateurs de l’IA ont une vision plus négative
Pour terminer, l’enquête présente une perception croisée des impacts de l’IA sur le travail entre les utilisateurs et les non-utilisateurs de SIA.
 
On constate que 19 % des utilisateurs de SIA estiment que ce dernier a un impact très positif sur leur travail alors que seuls 1 % des non-utilisateurs le pensent. Ce sont même 73 % des utilisateurs qui jugent que les SIA ont un impact plutôt positif sur leur travail contre seulement 45 % des non-utilisateurs.
 
Concernant les impacts sur le travail, globalement, les non-utilisateurs de SIA ont une vision différente, et majoritairement plus négative, comparativement à celle réelle des utilisateurs. A titre d’exemple, 29% des utilisateurs de SIA déclarent que l’IA a eu un impact sur les relations interpersonnelles dans leur travail alors que 43% des non-utilisateurs le pensent. Au contraire, 72 % des utilisateurs jugent que les SIA ont un impact sur leur autonomie alors que seulement 56 % des non-utilisateurs s’en inquiètent.
Remarque : les autres impacts de l’IA portent sur le sens donné au travail, la responsabilisation des salariés, l’évolution des savoir-faire, etc.

Il existe « un écart entre les impacts réels et supposés d’une utilisation de l’IA dans un environnement professionnel ». Les représentations sociales varient en fonction de la familiarité à l’IA. De plus, « l’intensité de l’impact ressenti diminue à mesure que les projets d’IA gagnent en maturité ». Par conséquent, un accompagnement des salariés est nécessaire dans les organisations où des SIA sont déployés.
 
Cette enquête sera complétée par des investigations terrains qui se déroulent jusqu’en juin 2023. L’objectif est de convertir les résultats en « outils d’aide à la décision pour les décideurs publics et les entreprises ».

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Laura Guégan
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