Le 25 mars dernier, l’INRS a organisé une journée technique "Prévenir les risques liés aux machines – Agir tout au long du cycle de vie". Avec une des intervenantes, Sandrine Hardy, nous revenons sur la sécurisation des interventions sur machines, et plus largement sur les liens entre maintenance et prévention.
Sandrine Hardy : L'INRS travaille sur la sécurité des machines depuis toujours. Cela fait partie de nos actions pérennes. Cette journée technique s'inscrit dans une campagne de communication un peu plus large sur les machines, que l’on a lancée parce qu'on se rend compte qu'il y a encore beaucoup d'accidents sur des machines (les machines sont impliquées dans 10 à 15 % des accidents de travail) et que ce sujet qu'on pourrait croire maîtrisé par tous, ne l’est pas forcément, d'où cette campagne "securite-machine".
HSE
Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement.
Sandrine Hardy : L’objectif est d'anticiper le plus possible toutes les interventions qui sont à faire sur machine. La plupart des interventions de maintenance sont connues et planifiées, comme par exemple le remplacement d’une pièce d’usure. Mais il peut aussi y avoir d’autres interventions, comme des débourrages ou des dépannages. Et pour pouvoir prévenir les risques lors de ces interventions, il faut déjà savoir qu'elles existent. Donc l'idée, c'est vraiment de tout anticiper et de pouvoir mettre en place des mesures de prévention dès le départ. Quand une entreprise dit - et ce sont des choses qu'on entend – qu’on ne peut pas tout prévoir, c'est vrai, mais si on met en place un retour d'expérience, si on interroge les opérateurs sur ce qu'ils font réellement, une intervention qui était imprévue une fois, elle sera prévue la fois suivante. Donc on ne peut pas tout prévoir, mais on peut prévoir beaucoup, et bien plus que ce qu'on prévoit actuellement. L’imprévu d’aujourd’hui doit, et peut, devenir le prévu de demain.
Sandrine Hardy : Il faut déjà penser aux basiques de l'intervention. Qu'est-ce qu'il y a à faire (objectif de l’intervention) ? Qui le fait ? Est-ce que la personne est formée pour le faire ? Et ensuite, si on rentre plus dans le détail, est-ce qu’on a besoin d’une présence d'énergie ou pas ? Si non, on va s'orienter vers une consignation, et si oui, vers la maîtrise des énergies. Il faut vraiment se poser toutes ces questions, idéalement, bien en amont. Mais même si c'est un dépannage dans l'urgence, il faut quand même prendre ce temps : préparer le travail avec une analyse des risques liées à l'intervention. On n'est pas obligé de tout faire au début, on peut aussi prévoir des temps d'arrêt en cours d'intervention.
Sandrine Hardy : Ce que je constate dans les entreprises, c'est que souvent, on a les préventeurs d'un côté et les équipes de maintenance de l'autre. Sauf que, pour moi, il faut vraiment que ces équipes travaillent main dans la main. Si on veut sécuriser une intervention, il faut savoir ce qu'il y a à faire, les énergies dont on a besoin, et ça, c'est la maintenance qui le sait. Mais, il faut aussi savoir analyser les risques et choisir les mesures de prévention adaptées, et ça, c'est le rôle du service prévention, d'où l'intérêt de travailler ensemble pour sécuriser les interventions.
Sandrine Hardy : Alors, de façon un peu humoristique, je lui dirais d’aller prendre un café avec le responsable maintenance. Mais, blague à part, c’est un vrai besoin : il est nécessaire d'échanger avec les personnes qui connaissent la machine et de leur dire, par exemple « on a encore des incidents sur cette machine, ou bien il y a des points qu'on ne sait pas encore comment sécuriser » et de voir comment travailler ensemble pour arriver à la sécuriser.
Sandrine Hardy : Un angle d'attaque pourrait être de leur demander de l'aide pour sécuriser les interventions des autres personnes. Car, les interventions sur machines, cela concerne la maintenance, mais aussi les opérateurs de production. Un préventeur pourrait prendre cet angle-là et demander l’aide de la maintenance pour sécuriser les interventions hors production, réalisées par des personnes de la production. Cela permet de créer un climat de confiance, de montrer ce que les préventeurs ont à apporter, et d’initier une dynamique pour pouvoir ensuite travailler avec les équipes de maintenance, sur d'autres sujets également.
Sandrine Hardy : Il est nécessaire d’avoir ces retours d’expérience, mais cela suppose de laisser un espace d’expression aux salariés. Pour laisser la parole aux opérateurs, il existe plusieurs moyens, cela peut être via les fameuses boîtes à idées qu'on voit dans certaines entreprises à proximité des machines. Cela peut être via des quarts d'heure sécurité réguliers où les personnes peuvent s’exprimer sur les difficultés qu'ils rencontrent vis-à-vis de la sécurité sur la machine, etc. Mais il est évident que si ces temps d’écoute n'existent pas, on n’aura jamais de retour. Et de la même manière, si ces temps d'écoute ne sont pas suivis de faits et d'actions concrètes, cela décourage les salariés. Alors que si on met en place ces temps où ils peuvent s'exprimer (par écrit, à l’oral, quelle que soit la modalité) et s’ils voient qu’ils sont écoutés et que leurs remontées sont suivies d'actions, cela valorise leur métier et cela les incite à remonter toujours plus d'informations et donc à mieux travailler sur la prévention. L’outil dépend de la culture d’entreprise, certains outils fonctionnent bien dans une structure et pas dans une autre, et inversement. Je pense que le plus important, c'est de montrer aux gens qu'on les écoute et que derrière, on fait quelque chose de ce qu'ils ont dit. Alors que ce soit fait par une application, par une boîte à idées, par un quart d’heure sécurité, peu importe, tant que les collaborateurs se sentent écoutés et valorisés.
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