La déforestation continue à un rythme effréné malgré les engagements mondiaux

La déforestation continue à un rythme effréné malgré les engagements mondiaux

27.07.2023

HSE

En novembre 2021, cent-quarante-cinq États s’engageaient à mettre un terme à la déforestation et à la dégradation des terres d’ici la fin de la décennie. Force est de constater que la dynamique est loin d'être enclenchée : en 2022, la forêt primaire a perdu 4,1 millions d'hectares, soit 10 % de plus qu'en 2021, selon le World ressource Institute.

C'est une très mauvaise nouvelle que vient d'annoncer le World ressource institute sur sa page Global forest review (section Forest Pulse) : la disparition des forêts tropicales s'est aggravée l'année dernière, malgré des engagements plus fermes pour mettre fin à la déforestation.

Notons que Forest Pulse est mise à jour chaque année à l'aide des données annuelles sur la perte de couvert végétal, afin de fournir une vue d'ensemble des endroits où les forêts ont disparu dans le monde. Les mises à jour annuelles sont publiées chaque année et couvrent les tendances de l'année précédente.

Aggravation des surfaces de forêts détruites malgré les engagements pris

La perte de forêts primaires tropicales s'est aggravée en 2022, malgré les engagements internationaux visant à mettre fin à la déforestation. En 2022, les tropiques ont ainsi perdu 10 % de forêt tropicale primaire en plus qu'en 2021, selon de nouvelles données de l'Université du Maryland disponibles sur la plateforme Global Forest Watch du WRI.

La perte de forêt primaire tropicale en 2022 a totalisé 4,1 millions d'hectares, ce qui équivaut à la perte de 11 terrains de football par minute. Cette perte de forêt a produit 2,7 gigatonnes (Gt) d'émissions de dioxyde de carbone, soit l'équivalent des émissions annuelles de combustibles fossiles de l'Inde.

Cette augmentation de la perte de forêts intervient la première année après que les chefs d'État et de gouvernement de 145 pays se sont engagés, dans la déclaration de Glasgow sur les forêts et l'utilisation des terres, à stopper et à inverser la perte de forêts d'ici la fin de la décennie, en reconnaissant le rôle important des forêts dans la lutte contre le changement climatique et l'appauvrissement de la biodiversité. Au lieu d'une diminution constante de la perte de forêts primaires pour atteindre cet objectif, la tendance est donc toujours orientée vers la mauvaise direction.

 

► Lire aussi : Déforestation importée : le règlement européen publié
 
Au top des surfaces perdues : le Brésil et la RDC

Au niveau national, la perte de forêts primaires a augmenté dans les deux pays qui possèdent le plus de forêts tropicales, soit le Brésil et la République démocratique du Congo (RDC). A eux seuls ces pays totalisent plus de la moitié des surfaces de forêts perdues, dont 43,1 % au Brésil et 12,5 % en RDC :

  • au Brésil, le taux de perte de forêts primaires a augmenté de 15 % entre 2021 et 2022, la grande majorité des pertes de forêts primaires se produisant en Amazonie. Les pertes non liées aux incendies, qui, en Amazonie brésilienne, sont le plus souvent dues à la déforestation par coupes rases, ont atteint leur niveau le plus élevé depuis 2005 ;
  • la RDC continue d'enregistrer des taux élevés de perte de forêts primaires. Le pays a perdu plus d'un demi-million d'hectares en 2022 et le taux de perte a continué à augmenter légèrement ces dernières années. La plupart des pertes consistent en de petites clairières situées à proximité de zones agricoles cycliques (terres défrichées et brûlées pour la culture à court terme et laissées en jachère pour permettre aux forêts et aux nutriments du sol de se régénérer). La population croissante de la RDC augmente la demande en nourriture, ce qui entraîne des périodes de jachère plus courtes et l'expansion de l'agriculture au détriment de la forêt primaire.

Les statistiques montrent également que les pertes de forêts ont rapidement augmenté dans d'autres pays comme le Ghana et la Bolivie (9,4 % pour ce dernier Etat) :

  • le Ghana a connu la plus forte augmentation en pourcentage de la perte de forêt primaire au cours des dernières années. En 2022, le pays a perdu 18 000 ha et, bien que la superficie de forêt primaire perdue soit relativement faible, le Ghana a peu de forêt primaire restante et a connu la proportion de perte la plus élevée de tous les pays tropicaux en 2022 ;
  • la Bolivie a connu un niveau record de perte de forêt primaire en 2022, avec une augmentation de 32 % par rapport aux niveaux de 2021. Pour la troisième année consécutive, la Bolivie s'est classée troisième derrière le Brésil et la République démocratique du Congo en termes de perte de forêt primaire, dépassant l'Indonésie bien que sa superficie de forêt primaire soit inférieure à la moitié de celle de l'Indonésie.

Dans le même temps, l'Indonésie, le Costa Rica, la Chine et la Malaisie notamment sont parvenus à maintenir les taux de perte de forêts primaires à des niveaux historiquement bas (respectivement diminution de 64 %, de 63 %, de 60 % et de 57 % de forêts perdues sur la période 2020-2022 par rapport à la période 2015-2017).
 

Quels sont les services rendus par les forêts ?
Les forêts sont des écosystèmes essentiels pour lutter contre le changement climatique, soutenir les moyens de subsistance et protéger la biodiversité. 
  • concernant le climat, alors que le monde est confronté à un "dernier avertissement" concernant la crise climatique, la réduction de la déforestation est l'une des mesures terrestres les plus rentables pour atténuer le changement climatique. Les forêts sont à la fois une source et un puits de carbone : elles éliminent le dioxyde de carbone de l'air lorsqu'elles sont sur pied ou qu'elles repoussent et en émettent lorsqu'elles sont défrichées ou dégradées ;
  • concernant le bien-être humain, quelque 1,6 milliard de personnes, dont près de 70 millions de peuples autochtones, dépendent des ressources forestières pour leur subsistance. La déforestation, en particulier sous les tropiques, a également des répercussions sur les températures et les précipitations locales qui peuvent aggraver les effets locaux du changement climatique mondial, avec des conséquences pour la santé humaine et la productivité agricole ;
  • concernant la biodiversité enfin, les forêts abritent la plus grande biodiversité de tous les écosystèmes de la planète. Le cadre mondial pour la biodiversité adopté en 2022 souligne la nécessité de stopper et d'inverser la perte d'écosystèmes naturels, y compris les forêts.

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Olivier Cizel
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