Le big data, clé de l'économie circulaire ?

Le big data, clé de l'économie circulaire ?

28.09.2017

HSE

Mieux vous connaissez le déchet, mieux vous le recyclerez. Mais faut-il encore avoir les informations en main. C'est pourquoi la collecte de données est, d'après certains, la clé de l'économie circulaire.

"Les principaux modèles de l'économie circulaire reposent sur l'équation 'déchet = ressource' mais en réalité, la valeur du déchet est souvent bien inférieure à la ressource que cela pourrait être", analyse Rémy Le Moigne, consultant, à l'occasion des Assises nationales des déchets qui se tiennent les 27 et 28 septembre 2017 à Nantes. En pratique, on ne sait pas toujours quels sont les matériaux ayant été utilisés pour la construction de l'objet d'origine, comment le démonter, s'il a été beaucoup utilisé... La bonne équation selon Rémy Le Moigne ? "Déchet + information = ressource". Autrement dit, pour optimiser le recyclage, et l'économie circulaire en général, il nous manque pour le moment l'information.  

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

Découvrir tous les contenus liés

C'est aussi la raison avancée par Elodie Jupin, directrice du programme Restart chez Tarkett, pour expliquer pourquoi son entreprise, spécialiste des revêtements de sols, recycle ses propres produits, mais pas ceux des concurrents. Intervenant lors d'un atelier consacré aux déchets du BTP, toujours organisé aux Assises nationales des déchets, elle explique : "mes produits je les connais bien et donc je sais exactement ce que je peux en faire. La qualification des autres est un peu plus difficile", même si elle reconnaît pourtant : "nous ne sommes pas tous seuls à mettre en place notre filière alors que nous savons que tous les revêtements de sols sont quand même de manière générale équivalents en matière de composition et pourraient être réutilisables par tous les acteurs". 

Parfois, les données sont déjà existantes, mais ne sont pas à la disposition des acteurs. C'est sur quoi la CCI de Montauban a travaillé de manière avant-gardiste en France. Cette équipe du Tarn-et-Garonne a développé un outil nommé Act’if, maintenant repris sur tout le territoire, qui permet de recenser les flux des entreprises, de les croiser et ainsi de pointer les possibilités d’achats groupés et les cas où le besoin d’une peut être le sortant d’une autre. 

Les capteurs, solution magique ? 

Les nouvelles technologie sont-elles la clé du problème ? En partie en tous cas, à en croire certains participants de ces Assises, et dont Rémy Le Moigne fait partie. Le consultant en distingue quatre, "fondamentales dans les années à venir" selon lui. D'abord les capteurs à bas coût, qui permettent de capter les données, parmi lesquelles les informations d'usage, qui servent, entre autres, à savoir si on doit dès à présent recycler le produit, ou si l'on peut encore le réutiliser. De ces agrégateurs d'informations découle une nécessité : le big data, pour gérer cette manne d'informations conséquente. Ensuite, l'intelligence artificielle, pour analyser toutes les informations disponibles, grâce notamment aux signaux faibles, permettant de repérer la fin de vie du produit précocement. Enfin, Rémy Le Moigne pense au cloud, qui permet d'échanger les informations le long des supply chain, en l'occurrence, du fabricant à l'opérateur de recyclage. 

Comment se matérialise cet apport des nouvelles technologies à l'économie circulaire aujourd'hui ? Le remanufacturing par exemple, qui consiste en la remise en état d'un objet en le démontant complétement pour y changer uniquement les pièces nécessaires. Pour ce faire, il est évidemment utile d'avoir des informations sur l'usage réel du produit. Les capteurs peuvent être un outil adéquat dans ce cas. C'est la solution choisie par une entreprise japonaise citée par Rémy Le Moigne, qui vend des équipements de chantiers équipés de capteurs lui permettant de connaître précisément les pièces à changer avant de revendre l'équipement comme neuf. Dans ce cas là, recyclage et maintenance se chevauchent. Un autre exemple est régulièrement cité lorsqu'on parle de villes intelligentes : l'utilisation de capteurs dans les recepteurs de déchets, pour optimiser les tournées de collecte. 

Comme pour la plus part des domaines, la high tech peut rendre le secteur des déchets plus performant, mais faut-il encore l'utiliser à bon escient, et ne pas oublier qu'elle peut elle-même être polluante. Les capteurs sont par exemple utiles pour les gros équipements, mais hors de question d'en placer un sur chaque bouteille à recycler ! Par ailleurs, même s'il n'est lui-même pas convaincu, Pascal Hoguet, directeur territoire numérique et connecté chez Capgemini évoque un futur encore plus lointain : "Certains estiment qu'on ira tellement loin dans la prédiction que les capteurs ne seront même plus nécessaires. C'est à prouver". 

 

 

 

Pauline Chambost
Vous aimerez aussi