Le bureau assis-debout serait le meilleur outil de lutte contre la sédentarité au travail

Le bureau assis-debout serait le meilleur outil de lutte contre la sédentarité au travail

28.08.2023

HSE

Installer du mobilier actif, en particulier des bureaux assis-debout individuels, serait plus efficace que motiver et inciter les salariés à interrompre leur temps passé assis au bureau, retient Santé publique France dans une récente revue de littérature scientifique sur les moyens de lutter contre la sédentarité au travail.

Réduire la sédentarité des salariés, améliorer leur santé et leur bien-être, sans pour autant réduire leur productivité ? Une mission loin d’être impossible, selon Santé publique France, qui a compilé et analysé les résultats de vingt-huit études scientifiques publiées entre 2012 et mars 2022 consacrées aux effets des actions de lutte contre la sédentarité au travail dans un rapport publié le 4 juillet. Une synthèse qui fait la part belle au mobilier actif.

« La stratégie la plus efficace »

« La mise en place dans l’entreprise de mobilier actif, en particulier les bureaux assis-debout individuels, […] est la stratégie la plus efficace par rapport aux autre stratégies, résume Santé publique France. Dans tous les milieux de vie (incluant le travail), les interventions dites « environnementales » utilisant du mobilier actif tels que les bureaux assis-debout, sur tapis roulant ou avec pédalage, réduiraient plus efficacement la sédentarité que les stratégies dites « motivationnelles » (sessions d’éducation, information par affiches, flyers, messages sur ordinateurs, envoi d’alertes pour interrompre le temps assis, suivi du comportement, entretiens motivationnels, etc.). 

En moyenne, selon les résultats d'une étude de 2020 rapportée par l’agence nationale, les stratégies environnementales réduiraient le temps passé assis de - 40,6 minutes par jour, contre - 35,5 minutes par jour pour les stratégies multicomposantes (qui combinent toutes les stratégies) et - 23,9 minutes par jour pour les stratégies individuelles ou motivationnelles.

Selon les résultats d’une autre revue de 2018 étudiée par Santé publique France, les stratégies dites « organisationnelles » en entreprise (soutien managérial, managers ambassadeurs, mise en place de réunions debout, d’heures de pauses actives, etc.) n’auraient pas « d’effet significatif ».

 

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Pas ou peu de réduction de la productivité

Une efficacité qui n’entacherait pas la performance. « Les études suggèrent que, globalement, les postes de travail debout n’altèrent pas les performances cognitives », souligne Santé publique France. Selon les résultats de plusieurs études de 2019 rapportées par l’agence nationale, les bureaux assis-debout ne réduiraient pas la performance au travail et le travail debout ne diminuerait pas l’efficacité des tâches informatiques.

Mieux, parmi les équipes ayant trouvé un résultat significatif des bureaux assis-debout sur la productivité : quatre ont rapporté une productivité plus élevée en position debout, deux ont trouvé une productivité moins élevée et une a trouvé que la productivité n’était pas réduite.

Quelques nuances apparaîtraient selon le type de mobilier actif : des résultats mixtes (positifs et négatifs) ou négatifs sur la productivité ont été relevés dans une revue de 2014 concernant les bureaux avec tapis de marche et vélos-bureaux. Une étude de 2019 suggère que la performance des tâches motrices exécutives, telles que la frappe sur ordinateur ou le pointage de la souris, pourrait être réduite.

Cependant, les bureaux sur tapis roulant ou avec pédalage auraient des effets physiologiques (fréquence cardiaque, dépense énergétique) à court terme plus importants que les bureaux assis-debout.

 

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Solutions numériques

Si le mobilier actif apparaît le plus efficace, il n’est pas forcément le plus simple et le moins coûteux à mettre en place, notamment dans le cadre du télétravail. L’alternative serait à chercher du côté des incitations numériques, solutions complémentaires au mobilier actif.

« Si certaines interventions, comme la simple fourniture d'information, n'ont pas fait preuve de leur efficacité sur la réduction du temps passé assis, d'autres telles que les incitations par ordinateur à se lever ont été efficaces après plusieurs mois d'intervention, signale Santé publique France. Certaines de ces stratégies, parmi les plus prometteuses, pourraient aussi être utilisées, à moindre coût, sur le lieu de travail et dans le cadre du télétravail. »

 Les auteurs soulignent le caractère prometteur des solutions numériques du nudge, compte tenu de l’accroissement des activités professionnelles informatisées

Il s’agit notamment des techniques de nudges (« coup de coude » ou « coup de pouce ») issues de l’économie comportementale. Des techniques visant à inciter les salariés à adopter un comportement sans les contraindre. Le nudge le plus prometteur serait celui dit « d’amorçage » qui influence les comportements par des indices subconscients.

Concrètement, des solutions numériques invitent les travailleurs à interrompre leur position assise par des sollicitations à l'écran, vibrations ou bips émis par des traqueurs d'activité.

D’autres techniques dites du « messager » (envoi de courriels ayant pour objet de promouvoir des astuces pour réduire le temps assis) ou de « saillance » (attirer l’attention sur le fait que des activités pertinentes peuvent être des alternatives pour déjouer la sédentarité) auraient de l’avenir. Deux solutions qui s'appuient sur des invitations paramétrées par défaut dans un logiciel.

« Les auteurs soulignent le caractère prometteur des solutions numériques du nudge, compte tenu de l’accroissement des activités professionnelles informatisées », se fait écho Santé publique France, même si « des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer leur efficacité ».

Notons que plusieurs études réalisées durant la pandémie de Covid-19 ont montré que le télétravail était associé à une activité physique plus faible et à un temps de sédentarité plus long comparativement au travail mené sur site. Hors ligne, un simple post-it rappelant de se lever et marcher au moins toutes les deux heures est évoqué. Le b.a.-ba pour un premier pas.

 

La sédentarité augmente le risque de mortalité

Santé publique France rappelle qu’ « il a été montré avec un niveau de preuve élevé que des niveaux élevés de sédentarité augmentent le risque de mortalité toutes causes confondues », en particulier « le risque de mortalité par maladies cardiovasculaires […], le risque de maladies cardiovasculaires [et] le risque de diabète de type 2 chez les adultes ». La sédentarité serait également associée à un risque accru de cancer de l'endomètre, du côlon et du poumon et peut augmenter l'anxiété, la dépression et les troubles musculo-squelettiques

Les effets délétères du temps passé assis sur la santé seraient plus prononcés chez les personnes physiquement inactives. « Une personne assise pendant 9 h dans la journée devrait pratiquer 1h25 minutes par jour d’activité physique d’intensité modérée à élevée pour "éliminer" les risques de mortalité par maladies cardiovasculaires de ce temps élevé passé assis », alerte l'agence nationale. L’effet bénéfique des interruptions fréquentes du temps passé assis, notamment sur la santé cardio-vasculaire, aurait également été démontré par a + b. 

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Matthieu Barry
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