En pleine crise sanitaire, la promiscuité dans les transports en commun encourage les salariés à trouver des alternatives afin de rejoindre leur lieu de travail. L'occasion pour les employeurs de les encourager à privilégier le vélo plutôt que la voiture. Une étude d’Ekodev publiée le 15 mai montre que le chemin est encore long.
Rarement des promesses électorales auront été mises en œuvre aussi rapidement. Sujet phare des dernières municipales, le vélo est en train de faire un bond que personne n’avait envisagé. "En quelques mois, on va gagner plusieurs années de politique cyclable, estime la ministre de la transition écologique et solidaire Élisabeth Borne au lendemain de l'entrée en vigueur du forfait mobilités durables. On peut franchir une étape pour installer une culture du vélo en France."
Avant même la mise en place des nouveaux exécutifs locaux, les communes rivalisent d’inventivité pour créer dans l’urgence des aménagements cyclables. Objectif de cette politique d’urbanisme d’urgence qualifiée de "tactique" : répondre à la nouvelle donne sanitaire en convaincant les Français, effrayés par la promiscuité dans les transports en commun, de ne pas sortir leur voiture pour reprendre le travail.
La grande question est désormais de savoir si les salariés qui enfourchent leur vélo sont prêts à durablement modifier leurs habitudes de mobilité. Une chose est sûre : leurs employeurs peuvent les y aider.
"La cyclabilité des entreprises devient un critère de choix pour les personnes en recherche d’emploi", veut croire Rémi Coisnon, membre chez Airbus Helicopters d'un collectif rassemblant ceux qu'on nomme désormais les vélotafeurs. Cette intuition semble confirmée par le baromètre "vélo et employeurs" publié le 15 mai 2020 par l’agence de conseil et de services Ekodev.
Pour cette enquête, 2 540 personnes travaillant dans 870 entreprises ont été interrogées afin de décortiquer les paramètres qui pourraient les inciter à davantage utiliser leur vélo sur le trajet domicile-travail. L'échantillon a, de l’aveu même des auteurs de l’enquête, tendance à sur-représenter les personnes qui enfourchent déjà leur vélo pour se rendre dans leur entreprise (39 % des répondants), les hommes (61 %) et les entreprises de 250 à 5 000 personnes (37 %). La distance moyenne de chaque salarié est en revanche proche de celle établie par l’Insee : 14,5 km (contre 14,2).
HSE
Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement.
Des chiffres à prendre avec des pincettes donc, mais des enseignements, à commencer par la note moyenne attribués aux employeurs : 3,6/10. Peut mieux faire… Sachant que paradoxalement, ce sont ceux qui sont déjà adeptes du vélotaf qui sont les moins sévères. Pas de différence en revanche selon la taille de la structure.
Dans les détails, tout juste 30 % des salariés ont connaissance de la mise en place d’un plan de mobilité au sein de leur entreprise. Rappelons qu’il existe une obligation réglementaire à l’établir dès que cent employés sont réunis en un même site.
"Seuls 22 % des répondants indiquent qu’ils ont identifié un référent mobilité en interne", regrette Thomas Roullot, consultant chez Ekodev. Ce rôle est pourtant essentiel, "à condition que ce ne soit pas une casquette ajoutée à quelqu’un qui porte déjà beaucoup d’autres sujets", insiste-t-il. "Le changement de comportement de ses salariés ne se décrète pas. Il s’accompagne", souligne quant à lui Timothée Quellard, directeur d’Ekodev. Problème : 37 % des sondés ne savent même pas à qui s’adresser pour faire valoir leurs demandes ou leurs interrogations.
L’étude s’efforce de définir ces attentes. Sachant que les chiffres et les questions plus ouvertes "confirment le ressenti du terrain", poursuit Timothée Quellard. Les non-cyclistes s’interrogent en particulier sur la présence de douches, les déplacements en cas de pluie ou la possibilité de faire du vélo en costume. Les pratiquants considèrent que ce sont de faux problèmes : à pied, on peut courir, marcher, se couvrir... et il en est de même à vélo !
Côté employeurs, l’étude montre que le stationnement des cyclistes n’est pas pris au sérieux. 80 % des salariés n’ont accès à aucun un abri sécurisé. De même, les casiers, vestiaires et autres stations de réparation sont rarement disponibles. Pour une entreprise, ces dernières "ne sont pas compliquées à mettre en place et à financer, en partenariat avec des associations ou des loueurs de vélos", insiste Thomas Roullot.
Outre les équipements, la deuxième attente forte des salariés (en particulier ceux qui pratiquent déjà le vélotaf) est l’accompagnement financier. Parmi les personnes sondées, 17 % bénéficient de l’indemnité kilométrique vélo et 2 % du forfait mobilité durable. Là encore, pas de différence notable entre petites et grandes entreprises.
La période pourrait favoriser une changement de braquet. Plusieurs études montrent que le vélo est le moyen de transport le plus rapide sur les petites distances, que la pratique quotidienne augmente l’espérance de vie de deux ans… et la productivité de 6 à 9 %. Ce dernier chiffre n’est pas issu d’une association militante ; il provient du Medef.
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