Papiers de bureau : prêts pour le recyclage ?

Papiers de bureau : prêts pour le recyclage ?

01.06.2016

HSE

Toujours mauvaises élèves, les entreprises tertiaires et les administrations vont devoir apprendre à trier leur papier. Un effort qui n’a rien d’insurmontable : l’offre est multiple et la pré-collecte souvent un faux problème.

L’engagement signé début 2012 par les grands utilisateurs de papier et le monde du recyclage a fait long feu. 200 000 tonnes de courriers de gestion et autres imprimés administratifs supplémentaires devaient être captés à l’horizon 2015 pour booster un taux de valorisation inférieur à 50 % dans le tertiaire. Sauf qu’aucun bilan n’a été fait. Après le temps des bonnes intentions vient donc celui de l’obligation. Les bâtiments tertiaires accueillant plus de cent personnes devront trier leurs papiers de bureau �� partir du 1er juillet 2016 (voir notre article et celui-ci). Dans le même esprit que la réglementation portant sur les biodéchets, ce seuil diminuera progressivement. Les implantations de 50 personnes seront concernées dès 2017. Celles de 20 salariés en 2018.

Logistique inversée

Si l’objectif de 200 000 tonnes n’a pas été tenu, il est indéniable que "l’offre a beaucoup évolué, en particulier grâce au dispositif Recy’go de La Poste et à l’implication d’acteurs de l’insertion", positive Jean-Charles Caudron, chef du service produits et efficacité matière à l’Ademe. Alors que les professionnels du déchet ont tendance à se focaliser sur les flux massifiés avec des offres taillées pour les sites importants ou pour les opérations ponctuelles de désarchivage, Recy’go profite du passage quotidien des facteurs dans les entreprises pour leur offrir un service de logistique inversée : les bacs de papiers sont ramassés comme des colis puis triés selon leur qualité pour une valorisation optimale par une entreprise d’insertion (en France). La Poste compte 4 000 clients et a collecté 26 000 tonnes de matière en 2015 (du papier, mais aussi désormais des cartons d’emballage).

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Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Broyage et confidentialité

"Nous avons fait évoluer notre offre pour répondre à la problématique de confidentialité de certains de nos clients", souligne Benoit Darchis, responsable marketing opérationnel chez Recy’go. Un service de destruction du gisement collecté est proposé en option et des cartons fermés prêts à broyer peuvent même être mis à disposition pour garantir que les yeux indiscrets de l’employé de ménage, du facteur ou de l’opérateur de tri ne se poseront pas sur les documents à éliminer. Pour les informations ultra-sensibles, certains utilisateurs continuent malgré tout à utiliser leur propre destructeur de papier. Gare à ne pas tomber dans la paranoïa : le papier broyé est évidemment plus difficile à trier.

Côté client, le recours à ce type de service peut d’ailleurs être valorisé en interne pour faire comprendre à ses collaborateurs le rôle du geste de tri ou en externe pour répondre à un appel d’offre ou obtenir une certification. 
Accompagner le changement

Si La Poste profite de sa couverture nationale, des entreprises d’insertion plus modestes proposent ici ou là des solutions locales tout aussi efficaces, parfois avec l’appui des collectivités. Dans les communes de Rennes Métropole, La Feuille d’érable ramasse ainsi les papiers à la demande, dès lors qu’une entreprise en a accumulé 0,5 m3 et dans la limite de 10 m3 par an pour ne pas concurrencer le secteur privé. Plusieurs acteurs de ce type se sont réunis sous la bannière du RAP (réseau alliance papier), une structure présente pour rappeler que le tri du papier répond à plusieurs objectifs de l’économie sociale et solidaire : de la relocalisation de la valorisation de matière, à l’intégration de personnes marginalisées qui sont amenées à (re)découvrir le monde du travail lorsqu’elles collectent les déchets en entreprise… Côté client, le recours à ce type de service peut d’ailleurs être valorisé en interne pour faire comprendre à ses collaborateurs le rôle du geste de tri ou en externe pour répondre à un appel d’offre ou obtenir une certification.

Penser global

Reste que si bon nombre d’entreprises n’ont pas fait l’effort jusqu’alors de se lancer dans le tri, ce n’est pas tant du fait de la pénurie d’offres que des difficultés rencontrées pour organiser en interne un protocole de pré-collecte digne de ce nom. Si compliqué ? Pas sûr. D’abord parce que la plupart des services existants proposent des outils de communication interne pour accompagner le changement, des bannettes que chaque collaborateur peut installer sur son bureau ou à l’entrée du service, ainsi que des chariots pour les ramasser. Ensuite parce que modifier la tâche d’un agent ou d’une société de ménage n’implique pas de le faire travailler davantage. Si les trognons de pommes et autres restes de sandwichs doivent être ramassés quotidiennement, le papier peut lui attendre sagement une ou deux semaines dans un bac. Une réflexion globale sur l’utilisation de papier peut aider à trier sans surcoût. "L’obligation réglementaire est là pour interpeler, insiste Jean-Charles Caudron. Elle doit pousser par exemple à programmer ses logiciels pour systématiser les copies recto-verso ou à centraliser les impressions en un point unique à côté duquel on peut collecter les déchets papiers".

Olivier Descamps
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