Il y a surtout le 1,3-butadiène, qui inquiète particulièrement. Il obtient le plus fort score de risque sur les 557 polluants que l'Anses a passés au crible pour dresser une liste de 13 substances pour lesquelles elle recommande une surveillance réglementaire afin d'avoir une juste idée de la qualité de l'air. Il y a aussi les PUF, particules ultrafines, et le carbone suie, dont les effets sanitaires pourraient être redoutables. Et 10 autres, encore, qui devraient être mieux pistés.
"L’évolution des connaissances sur la toxicité des substances et de leurs émissions dans l’atmosphère révèle que certains polluants pouvant avoir un impact potentiel sur la santé humaine ne sont pas pris en compte à ce jour dans la surveillance réglementaire", note l'Anses, en mettant ce manque en regard de la stratégie actuelle de surveillance de la qualité de l'air, qui s'appuie sur des normes de qualité pour un certains nombres de polluants… et serait donc passablement inopérante.
Dans un avis rendu le 28 juin 2018, l'agence liste 13 polluants qu'elle recommande d'ajouter à la liste des substances dans l'air (particules fines, dioxyde d’azote, ozone, plomb, dioxyde de soufre, etc.) aujourd’hui déjà réglementées en France. Une liste qui va impacter les industriels, et peut aussi servir aux acteurs de la prévention en santé au travail, souvent déjà inquiets et vigilants par rapport à ces substances.
Parmi ces 13 polluants, l'Anses insiste fortement sur le 1,3-butadiène, classé cancérogène de catégorie 1 (cancérogène certain) par le Circ (centre international de recherche sur le cancer) depuis 2012. Le 1,3-butadiène est un polluant "émis notamment par des activités industrielles traitant du plastique et du caoutchouc mais aussi par l’échappement des moteurs automobiles et la fumée de cigarette", précise l'Anses. Plusieurs campagnes de mesures ponctuelles en France ont montré des dépassements fréquents de la VTR (valeur toxique de référence), "quelle que soit la typologie des sites de mesures".
"Compte tenu de leurs enjeux potentiels en termes d’impact sanitaire", deux autres substances sont mises en exergue : les PUF et le carbone suie.
Les PUF, des particules ultrafines d'une taille inférieure à 0,1 µm (quand les PM10 sont inférieures à 10 µm et les PM 2,5 à 2,5 µm) sont essentiellement émises par le trafic routier, et notamment les moteurs diesel. Certes, elles n'ont qu'une "contribution mineure à la masse totale particulaire en suspension dans l’air", remarquent les experts, mais en matière d'évaluation des risques liés à l'inhalation de particules, il est "de plus en plus évident" que ce n'est pas tant la quantité qui compte que le nombre de particules et leur forme. Les PUF pénètrent dans le sang, peuvent atteindre le cerveau, et traverser le placenta des femmes enceintes.
Le carbone suie est lui aussi un polluant émis par les moteurs à combustion (et notamment les moteurs diesel). Comme toutes les particules fines, il pénètre dans l'organisme via les poumons. Mais il a une particularité qui renforce très nettement ses effets toxiques : "Il se comporte comme un aimant autour duquel vont s’accumuler les métaux et les HAP [hydrocarbures aromatiques polycycliques] qu’il va emmener jusqu’aux cellules pulmonaires", explique Valérie Pernelet-Joly, cheffe de l’unité d’��valuation des risques liés à l’air à l’Anses.
Manganèse, sulfure d’hydrogène, acrylonitrile, 1,1-2-trichloréoéthane, cuivre, trichloréthylène, vanadium, cobalt, antimoine, et naphtalène sont les 10 autres polluants pour lesquels l'Anses voudrait qu'une surveillance réglementaire dans l'air ambiant se mette en place.
Pour le manganèse, cuivre, le cobalt, le vanadium et l’antimoine, des dépassements de VTR ont été mis en évidence, et lorsque c'était le cas, ces dépassements étaient "liés à des activités vraisemblablement soumises à la réglementation des ICPE (Unité d'incinération d'ordures ménagères (UIOM), fonderie, etc.)", souligne le rapport. D'où la recommandation : "s'assurer de l’adéquation de la surveillance réglementaire de ce type d’installations concernant l’émission de ces polluants (limites de rejets, mesures de surveillance, etc.)".
Quant au trichloroéthylène, naphtalène, 1,1,2-trichloroéthane, sulfure d’hydrogène et acrylonitrile, ils ne font l'objet actuellement que de données parcellaires. Il faudrait ainsi mener "des campagnes complémentaires dans l’objectif d’étudier l’exposition des populations à proximité de sources d’émission".
L'Anses fait remarquer que ses recommandations ne sont basées, du point de vue de la toxicité des polluants, que sur leur dangerosité intrinsèque, "et n’intègre pas les effets indirects de ceux-ci". La plupart sont pourtant des "précurseurs de polluants secondaires comme par exemple les particules secondaires ou l’ozone".
► Lire aussi : |
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Les résultats de l'expertise doivent alimenter les réflexions engagées dans la perspective de la révision de la directive 2008/50/CE relative à la surveillance de la qualité de l’air initiée par la Commission européenne en juillet 2017.
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► 1ère étape : une "liste socle de polluants d'intérêt" a été faite, à partir de la consultation des Aasqa (associations agréées pour la surveillance de la qualité de l'air) et de laboratoires de recherches, du Citepa (centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique), d'ONG et experts, et de différentes listes internationales (telles que celle de l'OMS), etc. ► 2e étape : ces 557 polluants ont été triés selon deux types de critères : l’occurrence et le niveau de concentration dans l’air, et leur dangerosité intrinsèque. Les polluants ont ainsi été classés en 3 catégories :
► 3e étape : les polluants prioritaires ont été pointés et hiérarchisés. C'est pour cela que l'Anses insiste particulièrement sur la nécessité de surveiller le 1,3-butadiène. Les PUF (particules ultrafines) et le carbone suie – pour lesquels les études épidémiologiques montrent bien des effets sanitaires – n'ont pu être hiérarchisés selon la méthode retenue, car ils ne possèdent pour l'instant pas de VTR, valeur toxicologique de référence, qui a servi aux experts pour établir les scores de risque.
► Plusieurs familles de polluants ont été exclues du périmètre dès le début de l'expertise :
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HSE
Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement.
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