Télétravail : délicate posture d'équilibriste pour le ministère du travail

Télétravail : délicate posture d'équilibriste pour le ministère du travail

06.10.2020

HSE

Alors que les appels pour un recours accru au télétravail se multiplient depuis une quinzaine de jours, notamment pour les zones d'alerte renforcée et maximale, le ministère du travail renvoie au dialogue dans les entreprises. C'est "un équilibre à trouver", indique-t-on rue de Grenelle. En zone d'alerte maximale, la balance doit davantage pencher vers le télétravail... "mais ce n'est pas quelque chose de systématique, ce n'est pas le confinement."

Sur le télétravail, le ministère du travail tente de tenir une difficile posture d'équilibriste. Lundi 5 octobre matin, en amont de la première réunion de travail intitulée "réponse à la crise" avec les partenaires sociaux (*), le ministère envoie un communiqué de presse indiquant qu'"en zone d'alerte renforcée et maximale, les employeurs et salariés doivent, autant que possible, recourir au télétravail" et qu'Élisabeth Borne s'apprête à en parler aux partenaires sociaux en préambule de la réunion – dont l'ordre du jour était consacré au plan jeunes, au plan de relance et aux métiers en tension.

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Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Les appels à accroître le télétravail se multiplient avec insistance depuis une quinzaine de jours. Retenons au moins la demande d'Olivier Véran. "La période récente nous a démontré que le télétravail était à la fois possible et précieux en cas de forte circulation du virus. Il faut donc, dans les métropoles en alerte renforcée et encore plus dans les métropoles en alerte maximale, le développer très fortement", déclare le ministre de la santé le 23 septembre. Pour beaucoup de salariés, la réalité est autre : peu d'entreprises ont fait évoluer leur politique de recours exceptionnel au télétravail ces tout derniers jours.

Un peu plus tard dans la matinée, ce lundi, le préfet de police de Paris confirme que la capitale et sa proche banlieue passent en zone d'alerte maximale en raison de la circulation accrue du covid-19, annonçant de nouvelles restrictions. Il était accompagné du directeur de l'ARS (agence régionale de santé), Aurélien Rousseau : "La pression est forte. Nous savons ce qui va se passer dans les 15 prochains jours, nous allons arriver à 50 % d'occupation des lits de réanimation. [...] Le recours au télétravail doit être encouragé dans la région Ile-de-France pour limiter les interactions".

"Ce n'est pas le confinement"

Pourtant, lorsqu'on interroge le ministère du travail, l'après-midi même, sur les nouveaux leviers qu'il compte éventuellement employer pour que le recours au télétravail soit à nouveau accru, la réponse montre que l'on ne veut pas se mouiller. "Il y a un équilibre à trouver [entre présentiel et télétravail], et c'est au niveau le plus proche du salarié que cet équilibre doit être trouvé." Le ministère renvoie au dialogue social dans l'entreprise. Et à la négociation nationale interprofessionnelle qui doit s'ouvrir.

"L'entreprise est un des lieux où les règles sanitaires sont les plus strictes, et les gestes barrière y sont très fortement respectés", défend le ministère du travail, soulignant que "le télétravail total fragilise le lien social et le collectif de travail".

Le cabinet d'Élisabeth Borne reconnaît tout de même que le recours au télétravail est une solution à favoriser pour les personnes fragiles, et que cela permet, "dans une démarche citoyenne" de "réduire les flux, en particulier dans les transports en commun". Toujours dans cette délicate recherche d'"équilibre", la rue de Grenelle souligne que, dans les zones où les niveau d'alerte est le plus élevé, la balance doit davantage pencher vers le télétravail, "ne serait-ce que pour limiter le brassage dans les transports". "Mais ce n'est pas quelque chose de systématique, ce n'est pas le confinement."

Les chiffres de septembre sur la part de salariés en télétravail ne sont pas encore connus. Il sera intéressant de les comparer à ceux d'avant l'été. "Il y aura moins de télétravail, car on a mis en place le port du masque", anticipe-t-on rue de Grenelle.

 

(*) Étaient présentes les 8 organisations syndicales représentatives au niveau national : CFTC, CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, Medef, CGPME, U2P.

Élodie Touret
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