Un protocole dans le cas où l'électricité viendrait à manquer cet hiver

01.11.2022

HSE

Le réseau électrique français pourrait connaître ses premiers délestages programmées cet automne ou cet hiver. Des coupures ponctuelles et tournantes, encadrées par les opérateurs de réseaux et préservant les sites jugés prioritaires. Leur procédure a été présentée jeudi 27 octobre.

« En aucun cas la France ne court un risque de black-out, c’est-à-dire de perte de contrôle totale du système électrique », martèle Jean-Paul Roubin, directeur exécutif chez RTE. Y compris en cas d’hiver rigoureux ou si EDF met plus de temps que prévu à redémarrer ses réacteurs aujourd’hui à l’arrêt. Comme promis mi-septembre, l’opérateur du réseau de transport n’en a pas moins présenté, jeudi 27 octobre, la stratégie qui sera suivie s’il est nécessaire de prendre des mesures de délestage. En cas d’extrême tension sur le réseau électrique, l’alimentation sera coupée ponctuellement, de manière tournante, et pour un volume d’abonnés qui dépendra des besoins d’effacement de la consommation.
En ville, comme à la campagne
S’il est mis en œuvre, le délestage programmé sera une première en France. S’il n’existe pas, à ce jour, de plan pré-établi, il n’y aura pas de jaloux. Le facteur géographique n’est pas très important pour équilibrer le réseau à l’échelle nationale. Ce qui veut dire que tous les territoires pourront être touchés… avec une égalité de traitement. « On ne protégera pas les zones urbaines, prévient Thierry Sudret, directeur de l’exploitation chez Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution chargé de la mise en musique du délestage. Et on fera en sorte que personne ne soit coupé deux fois sans que tout le monde l’ait été auparavant ».
Échappatoire
Un garde-fou toutefois. Dans chaque département, les établissements médicalisés ne seront pas concernés par les arrêts. Pas plus que les sites sensibles d’un point de vue de la défense nationale et autres industries dont l’arrêt soudain générerait un risque. La liste de ces installations prioritaires a été établie par les préfets, chargés entre autres de faire en sorte que la consommation « protégée » ne dépasse pas 38 % de la demande totale. « Si tous les sites étaient considérés comme prioritaires, là, on aurait un risque de black-out », justifie Thierry Sudret. Ces listes ne sont pas publiques, mais « rien n’interdit aux entreprises de se renseigner auprès de leur préfecture pour savoir si elles sont dessus », poursuit-il.
Un poste électrique de moyenne tension fonctionnant comme un aiguillage, des abonnés pourront d’ailleurs « profiter » de l’activité d’un voisin. Quand un site est protégé ou quand il produit de l’électricité et n’a donc aucun intérêt à être coupé, c’est toute la maille qu’Enedis est obligé de conserver en tension, soit l’équivalent de 1000 à 1500 abonnés (même si tout dépend de la densité et de la puissance des abonnements).
Une procédure bien établie
Les deux opérateurs ont aussi détaillé la manière dont seront organisés d’éventuels délestages. En cas d’extrême tension sur le réseau, RTE enverra un signal Écowatt rouge trois jours en amont. Trois jours pour pousser les ménages et les acteurs économiques à baisser leur consommation (voir notre article), et pour engager les autres mesures de sauvegarde. Parmi elles, l’effacement des grands sites industriels qui ont répondu à l’appel à projet « interruptibilité » de RTE, ou la baisse de tension du réseau de 5 % (qui devrait passer inaperçue, sauf pour quelques équipements industriels qui perdraient alors en efficacité).
Si cela ne suffit pas, RTE confirmera l’ordre à Enedis la veille du délestage. À 21h30, chaque abonné sera en mesure de vérifier, à partir de son adresse, s’il est concerné et à quelle heure… En sachant que « si la consommation a baissé, nous n’envoyons pas l’ordre de délestage ou nous le faisons de manière partielle », souligne Jean-Paul Roubin. Autrement dit, personne ne connaîtra de coupure sans avoir pu s’y préparer. Mais personne n’est à l’abri d’une bonne surprise jusqu’à la dernière seconde.
Condamner ses ascenseurs
Reste à s’organiser. La durée des coupures, deux heures, a été pensée pour préserver l’activité des acteurs qui ont recours à une chaîne du froid (des pharmacies à la grande distribution). Dans chaque entreprise, quelques gestes de prudence devront être définis : condamner les ascenseurs, limiter les déplacements inutiles puisque certains feux tricolores pourraient être coupés, anticiper les recharges d’appareils… et ne pas chercher à intervenir sur les appareils électriques en oubliant que le courant peut revenir à tout moment !
Attention enfin à ce que l’on appelle, en économie, le phénomène du passager clandestin. Cette tendance qui consiste à compter sur les efforts des autres sans en produire soi-même. Même quand on n’est pas concerné par le délestage, il est essentiel de jouer le jeu de la sobriété. Baisser sa consommation est une manière de donner des chances à d’autres de ne pas l’être non plus.

HSE

Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement. 

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Olivier Descamps
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