Fautes professionnelles et les différents cas de licenciement pour faute

03.12.2019

Par Editions Législatives

Qu’est-ce que le licenciement pour faute ?

Le licenciement pour faute (ou licenciement disciplinaire) est un licenciement motivé par une ou plusieurs fautes du salarié. Cette faute (ou ces fautes professionnelles) peut être plus ou moins grave : faute simple, faute grave ou faute lourde.
L’employeur qui envisage un licenciement pour faute ne doit pas se tromper sur la qualification qu’il entend donner à la faute du salarié car, s’il agit dans le cadre de son pouvoir de direction, c’est toujours sous la menace d’un éventuel contrôle des Prud’hommes.
Une faute professionnelle est un comportement du salarié ne correspondant pas à l’exécution normale de son contrat de travail. Il peut s’agir d’un acte fautif ou d’une abstention volontaire. Mais, en tout état de cause, il faut que la faute soit avérée, imputable au salarié et qu’elle découle du contrat de travail ou des relations de travail.

Remarque : il peut donc s’agir de manquements aux règles de discipline de l’entreprise, de négligences, de baisse volontaire de rendement. Mais la simple insuffisance professionnelle et l’insuffisance de résultats ne peuvent pas être considérées comme fautives.

Pour être valable, le licenciement pour faute doit être réel et sérieux. Autrement dit, la faute doit présenter des caractères de sérieux et de réalité. A défaut, en cas de contentieux, le juge prudhommal risque fort de requalifier ce licenciement en licenciement sans cause réelle et sérieuse, voire en licenciement abusif.

Précisions : un licenciement sans cause réelle et sérieuse ou un licenciement abusif entraîne en principe la réintégration du salarié. Mais le juge peut ne pas l’ordonner et l’une des parties peut aussi la refuser. Dans ce cas, le salarié bénéficie, en sus des indemnités de rupture, d’une indemnité déterminée par le juge en fonction d’un barème obligatoire prévoyant des montants minima et maxima par année d’ancienneté (barème plus connu sous le vocable Barème Macron dont la licéité est remise en cause par de nombreux tribunaux aujourd’hui). Si le salarié a au moins 2 ans d’ancienneté et appartient à une entreprise d’au moins 11 salariés, le juge condamnera également l’employeur à rembourser les allocations chômage versées indument au salarié.

Il faut donc rester prudent, tâcher de déterminer si le comportement du salarié est fautif. S’il l’est, il faut déterminer le degré de gravité de la faute et prouver cette faute en n’utilisant pas un mode de preuve déloyal (ex. : priver le salarié de sa liberté d’aller pour le contraindre à avouer sa faute).

Les fautes professionnelles du salarié conduisent-elles systématiquement à un licenciement pour faute ?

Lorsqu’un salarié commet une ou des fautes professionnelles, le chef d’entreprise peut, en vertu de son pouvoir disciplinaire, prononcer à son encontre un licenciement pour faute. Mais attention ! Licencier un salarié qui a commis une faute n’est pas systématique. L’employeur peut très bien faire preuve de mansuétude et ne lui adresser qu’un blâme ou un avertissement. Il peut aussi prononcer contre lui une sanction disciplinaire moins dure telle qu’une mise à pied.

Attention ! Une même faute ne peut être sanctionnée qu’une seule fois, sauf exceptions.

Licenciement

Le licenciement est un mode de rupture du contrat de travail CDI à l’initiative de l’employeur. Pour être valable, le licenciement doit respecter une procédure qui varie selon les motifs de licenciement invoqués.

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Qualifier la faute du salarié pour déterminer le type de licenciement : un préalable à tout licenciement pour faute ?

Comment licencier un salarié qui a commis une faute ? Avant toute chose, il faut impérativement qualifier la faute reprochée au salarié. Tout comportement (ou toute abstention) n’est pas de nature à justifier un licenciement pour faute et, pour celui (ou celle) qui l’est, de nature à exonérer l’employeur du versement d’une indemnité de licenciement. Les fautes professionnelles du salarié (dénommées parfois improprement faute de service) pouvant justifier un licenciement sont classées selon leur degré de gravité. A chaque degré correspond un « type » de licenciement pour faute.

Le licenciement pour cause réelle et sérieuse (improprement dénommé licenciement pour faute simple)

La faute simple est celle qui ne présente pas un caractère de gravité suffisant (ou, tout au moins, dont la gravité est amenuisée par certaines circonstances) pour imposer la rupture immédiate du contrat de travail tout en justifiant un licenciement (licenciement pour cause réelle et sérieuse ou licenciement faute simple).

Le salarié doit donc effectuer son préavis (ou percevoir l’indemnité compensatrice de préavis si l’employeur souhaite l’en dispenser) et a droit à une indemnité de licenciement.

Exemple de faute simple : le licenciement pour faute simple (licenciement pour cause réelle et sérieuse) est justifié si :

  • le salarié a utilisé le terme de « connard » pour s’adresser à son employeur lors d’une discussion véhémente, compte tenu du langage en usage dans le milieu professionnel (en l’occurrence le BTP) et de la liberté des relations avec l’employeur du salarié depuis 20 ans dans l’entreprise ;
  • un agent de surveillance de 9 ans d’ancienneté soucieux de ne manquer à aucune de ses obligations professionnelles, s’est endormi à son poste de travail.

Le licenciement pour faute grave

La faute grave permet, elle, un licenciement pour faute avec effet immédiat (licenciement faute grave, sans indemnité de préavis ni indemnité de licenciement. Seule l’indemnité compensatrice de congés payés est éventuellement due.

Exemple de faute grave : le licenciement faute grave d’un salarié qui s’est abstenu volontairement de signaler une erreur qu’il avait commise pouvant avoir des conséquences graves pour l’entreprise est justifié.

Le licenciement pour faute lourde

Le licenciement pour faute lourde est possible lorsqu’une faute d’une exceptionnelle gravité révélant l’intention de nuire à l’employeur a été commise par le salarié. Elle prive le salarié qui la commet de l’indemnité de licenciement et de l’indemnité compensatrice de préavis (tout comme le licenciement faute grave) et peut également engager la responsabilité contractuelle du salarié.

Exemple de faute lourde : peuvent donner lieu à un licenciement pour faute lourde :

  • le détournement de matériel informatique de l'entreprise sanctionné par une condamnation pénale de recel, de menaces et violences commises sur le personnel de l'entreprise ou sur ses représentants, ou sur leurs biens ;
  • l’affichage sur des lieux publics de tracts diffamatoires par le salarié ;
  • l’envoi de correspondances ou d'appels téléphoniques malveillants.

Depuis le 2 mars 2016, le licenciement pour faute lourde ne prive plus le salarié de l’indemnité compensatrice de congés payés. De ce fait, il n’y a plus guère d’intérêt pour l’employeur à qualifier une faute du salarié de faute lourde, sauf s’il veut engager la responsabilité de ce dernier ou s’il souhaite licencier un salarié gréviste, seul licenciement admis par la loi pendant une grève.

Si la faute du salarié est trop légère pour prononcer un licenciement pour faute, peut-on envisager un « licenciement amiable » ?

Si la faute commise par le salarié est trop légère pour envisager un licenciement pour faute, l’employeur souhaitant malgré tout se séparer du salarié peut envisager ce que les non-juristes appellent un licenciement amiable. 

En droit, le licenciement amiable n’existe pas mais il peut recouvrir, dans les faits, plusieurs situations :

  • une rupture conventionnelle ;
  • un licenciement pour faute suivie d’une transaction ;
  • la résiliation judiciaire du contrat de travail ;
  • l’accord des parties sur le versement d’une indemnité forfaitaire devant le bureau de conciliation et d’orientation des Prud’hommes.

Y a-t-il d’autres vérifications préalables à faire avant d’engager une procédure de licenciement pour faute ? 

Oui. Il faut vérifier que la faute du salarié n’ait pas déjà été sanctionnée (on ne sanctionne pas deux fois une même faute !) ou n’est pas prescrite.

La procédure de licenciement pour faute doit être engagée dans les deux mois suivant la date à laquelle l’employeur a eu connaissance des faits fautifs.

Remarque : pour conforter ce licenciement pour faute, des faits antérieurs à deux mois peuvent être retenus si le comportement du salarié s’est poursuivi dans ce délai. Pour des détails sur la prescription de la faute et des sanctions, se reporter à la Fiche conseil Sanctions disciplinaires.


Quelle sont les étapes d’une procédure licenciement pour faute ?

Convoquer le salarié à un entretien préalable

L’employeur qui envisage de licencier un salarié pour faute doit le convoquer à un entretien préalable (convocation à adresser par lettre recommandée avec accusé de réception ou à remettre au salarié contre décharge). L’objectif de cet entretien est :

  • d’indiquer les motifs de la décision envisagée,
  • et de recueillir les explications du salarié qui doit être en mesure de se défendre, ce qui implique de :
    • le prévenir suffisamment à l’avance de la date prévue pour la tenue de cet entretien (le salarié doit bénéficier de 5 jours pleins pour préparer sa défense) ;
    • l’avertir dans la lettre de convocation de sa possibilité de se faire assister par une personne de son choix appartenant à l’entreprise (si celle-ci est dotée de représentants du personnel) ou bien appartenant à l’entreprise ou extérieure à celle-ci (lorsque l’entreprise est dépourvue de représentants du personnel).

Précisions : la lettre de convocation à un entretien préalable au licenciement pour faute doit également indiquer l’objet, la date, l’heure et le lieu de l’entretien. Cette convocation peut également servir à notifier la mise à pied conservatoire du salarié (à notifier en cas de faute grave ou faute lourde).

Rappelons que la convocation doit être adressée au salarié dans les deux mois suivant la date de la connaissance de la faute. Lors de l’entretien, tout ne peut être dit (par exemple, ne pas dire que la décision de licencier est prise). L’employeur ne peut pas non plus se faire assister par un avocat.

Remarque : pour se préparer à cet entretien, consulter Smart Action RH (abonnés).

Notifier le licenciement pour faute

Si, à l’issue de l’entretien préalable, l’employeur décide de licencier le salarié pour faute, il doit notifier ce licenciement. Pour ce faire, il doit respecter un certain nombre de règles :

  • ne pas envoyer la lettre de licenciement trop tôt : le délai de notification d’un licenciement pour faute est de 2 jours ouvrables minimum à compter du jour fixé pour l’entretien ;
  • ne pas envoyer trop tard cette lettre : elle doit être envoyée dans un délai maximal d’un mois qui suit l’entretien ;
  • lorsque sa convention collective l’exige, recueillir l’avis d’une instance disciplinaire ;
  • motiver précisément sa décision : les motifs indiqués dans la lettre de licenciement pour faute fixe « les limites du litige ».

Motivation pas assez précise ? Pas de panique, les ordonnances Macron permettent de rectifier le tir !

Depuis le 18 décembre 2017, si l’employeur s’aperçoit que sa motivation manque de précision après envoi de la notification, il peut notifier ces précisions au salarié dans un délai de 15 jours (précisions à adresser par LRAR ou par lettre remise en main propre contre décharge).

La même latitude est donnée au salarié licencié qui a 15 jours à compter de la notification de son licenciement pour demander des précisions à l’employeur qui dispose, lui aussi, de 15 jours pour y répondre s’il le souhaite.

Et si la motivation reste, malgré tout, imprécise pour les juges ? L’insuffisance de motivation ne rend plus à elle seule le licenciement sans cause réelle et sérieuse. Toujours depuis le 18 décembre 2017, cette irrégularité ouvre uniquement droit à une indemnité n’excédant pas 1 mois de salaire.

Quelles sommes et indemnités sont dues en cas de licenciement pour faute ?

L’employeur doit évidemment verser au salarié licencié la rémunération qu’il lui doit.

Remarque : le salarié aura également droit au versement de la prime d’intéressement et des sommes dues au titre de la participation, calculées prorata temporis (pour des détails, se reporter à la Fiche conseil Epargne salariale).

Comme indiqué précédemment, il lui doit aussi éventuellement des indemnités de rupture. Celles-ci varient selon qu’il s’agit d’un licenciement pour faute simple, d’un licenciement pour faute grave ou d’un licenciement pour faute lourde.

Licenciement pour faute indemnité

Nature de l’indemnité

Licenciement pour faute simple

Licenciement pour faute grave

Licenciement pour faute lourde

Indemnité compensatrice de congés payés éventuelle

Oui

Oui

Oui

Indemnité compensatrice de préavis

Oui

Non

Non

Indemnité de licenciement

Oui

Non

Non

Indemnité de non-concurrence éventuelle

Oui

Oui

Oui

L’employeur doit également remettre au salarié :

  • un certificat de travail ;
  • un reçu pour solde de tout compte ;
  • une attestation destinée à Pôle emploi pour permettre au salarié de percevoir des allocations chômage.

Remarque : quel licenciement ne donne pas droit au chômage ? C’est une question fréquente des salariés. La réponse est simple : aucun licenciement, même le licenciement pour faute lourde, ne prive un salarié du bénéfice de l’assurance chômage. Et même s’il en était privé, l’employeur devrait tout de même remettre une attestation Pôle emploi.

Délai paiement solde de tout compte

Dans quel délai doit-on régler le solde de tout compte ? C’est une question fréquente posée aux gestionnaires de paie par les salariés sur le départ. Pas facile de leur faire comprendre que ce que l’on appelle solde de tout compte est un simple reçu détaillant les sommes restant dues au salarié, reçu qui lui sera remis à l’expiration de son contrat de travail. Il a valeur libératoire des sommes qui y figurent 6 mois après que le salarié y appose la mention manuscrite « reçu pour solde de tout compte » suivie de sa signature.

Une autre question tout aussi fréquente : paiement du solde de tout compte, chèque ou virement ? On peut faire au salarié qui la pose la même réponse. Mais il peut être utile de lui rappeler que les sommes y figurant seront réglées à la fin du préavis, qu’il soit exécuté ou non. Elles peuvent être payées par chèque ou virement. Le virement bancaire permettant de conserver facilement une preuve du paiement, il doit être privilégié.

Comment calculer l’indemnité de licenciement due en cas de licenciement faute simple ?

Indemnité légale, indemnité conventionnelle, indemnité contractuelle : quelle indemnité verser au salarié ?

Le salarié qui est licencié pour faute simple a droit à une indemnité de licenciement. Il peut s’agir de l’indemnité légale, de l’indemnité conventionnelle ou de l’indemnité contractuelle. L’indemnité conventionnelle est due au salarié uniquement si elle est plus favorable que l’indemnité légale. L’indemnité contractuelle est, elle, due lorsqu’elle est plus favorable au salarié que l’indemnité conventionnelle et l’indemnité légale.
Cette règle suppose donc de faire une comparaison entre les indemnités, qui doit se faire globalement.

Remarque : Les Editions législatives proposent plusieurs outils et logiciels de calcul des indemnités de licenciement, parmi lesquels le logiciel Ruptures du contrat de travail qui permet un comparatif entre indemnité légale et indemnité conventionnelle (nationale et locale). Il peut aussi être utile de disposer d’une synthèse à jour de la convention collective de branche applicable dans l’entreprise.

Comment calculer l’indemnité de licenciement légale ?

Depuis le 27 septembre 2017, le montant de l’indemnité de licenciement légale est égal à ¼ de mois par année d’ancienneté jusqu’à 10 ans d’ancienneté, auxquels s’ajoutent 1/3 de mois de salaire pour les années à partir de 10 ans d’ancienneté. Elle n’est due qu’au salarié ayant au moins 8 mois d’ancienneté ininterrompus dans l’entreprise.

Remarque : pour toute question sur le nouveau calcul de l’indemnité légale de licenciement, se reporter au dossier spécial Rupture du contrat de travail : bien calculer les indemnités (téléchargement gratuit).

Le salaire de référence pour calculer cette indemnité est le montant le plus favorable entre :

  • le 1/12e de la rémunération brute perçue dans les 12 mois précédant la notification du licenciement ou, lorsque la durée de service du salarié est inférieure à 12 mois, la moyenne mensuelle de la rémunération pour l’ensemble de mois précédant le licenciement ;
  • le 1/3 des salaires perçus dans les 3 mois précédant la notification du licenciement.

Exemple de calcul de l’indemnité légale

Exemple 1

Données de l’exemple : un salarié en CDI ayant 1 an d’ancienneté est licencié pour faute simple. Durant les 9 premiers mois, il percevait 1768 € bruts mensuels. Par la suite, son salaire mensuel brut a été fixé à 1872 €.

Eléments de calcul

Calcul 1

Calcul 2

Salaire référence indemnité

[(1768 x 9) + (1872 x 3)]/12 = 1 794 €

(1 872 x3)/3 = 1 872 €

Montant indemnité due

1 794/4 = 448, 50 €

1 872/4 = 468 €

Montant indemnité à verser

X

Exemple 2

Données de l’exemple : un salarié en CDI ayant 13 ans d’ancienneté est licencié pour faute simple. Durant les 12 mois ayant précédés la notification de son licenciement, il a a travaillé à temps complet les 8 premiers mois pour un salaire brut mensuel de 2 000 €, puis à temps partiel les 4 derniers mois pour un salaire brut mensuel de 1 500 €.

Eléments de calcul

Calcul 1

Calcul 2

Salaire référence indemnité

[(2 000 x 8) + (1 500 x 4)]/12 = 1 833, 33 €

(1 500 x3)/3 = 1 500 €

Montant indemnité due

[(1 833,33/4) x 10] + [(1 833,33/3) x 3] = 6 416,65 €

[(1 500/4) x 10] + [(1 500/3) x 3] = 5 250 €

Montant indemnité à verser

X


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