Associée chez Willkie Farr & Gallagher, Faustine Viala est confrontée aux nombreuses interrogations des entreprises, notamment en matière d’aides d’État. Un contexte qui appelle à réagir rapidement, qui demande une forte mobilisation, mais qui doit pour autant tenir compte des bouleversements personnels qu’implique le confinement.
Faustine Viala, associée chez Willkie Farr & Gallagher, responsable du département Droit de la concurrence du bureau de Paris, revient sur ce début de crise sanitaire et notamment sur l'impact du confinement sur les dossiers en cours.
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
Comment s’agencent, avec le confinement, votre vie professionnelle et votre vie personnelle ?
Mon mari est avocat, il a son propre cabinet, et nous poursuivons tous deux notre activité. Nous avons un fils de 10 ans, en CM2, et une fille de 6 ans, en CP, qui ont des devoirs. Nous avons essayé de structurer nos journées : nous nous relayons auprès de nos enfants pour le travail scolaire le matin, et mon mari et moi avons chacun une pièce – plus ou moins bien adaptée – depuis laquelle travailler. Nous conservons un rythme proche de celui que nous avions avant, voire même plus intense en ce moment. Il est important, je pense, de ne pas se laisser aller, tant pour soi-même que pour montrer l’exemple aux enfants.
Bien entendu, la réalité est parfois compliquée ! Je suis souvent obligée de me réveiller plus tôt ou de travailler tard le soir et nous avons de nombreux calls durant la journée. Il y a beaucoup d’exceptions à nos règles. Nous veillons au partage des tâches mais dans les faits, soyons honnêtes, cette période de confinement pour un couple qui travaille est un vrai challenge !
Quelles bonnes pratiques pour que cela fonctionne au mieux ?
Sur le plan personnel, il est, à mon sens, important d’encadrer le télétravail, qui peut être très intrusif. Les excès peuvent très vite arriver : mes équipes sont formidables, très réactives et mobilisées. Pour autant, je dois parfois leur rappeler qu’il est important de prendre des pauses, faire un peu d’exercice… Le confinement va s’installer dans un temps long. Méfions-nous des réactions excessives qui pourraient ensuite laisser un grand vide si le rythme de travail se calme, d’autant que nous sommes habitués, dans nos cabinets, à des rythmes très soutenus.
D’un point de vue professionnel, nous nous appliquons à conserver des liens et démontrer que nous sommes là les uns pour les autres. Cela fonctionne à tous les niveaux : avec mon équipe, au sein du cabinet Willkie Farr & Gallagher dans son ensemble et envers nos clients. En effet, au sein du cabinet, en plus de nos échanges réguliers avec nos équipes, nous nous parlons chaque semaine avec l’ensemble des associés parisiens pour faire un point d’activité, évoquer les projets communs actuels ou futurs et tout simplement échanger. Les mêmes initiatives ont été lancées dans chacun des bureaux de Willkie Farr. Nos managing partners, avec notre secrétaire générale, ont également mis en place des points réguliers avec le personnel salarié, les assistantes en particulier. Toutes ces communications régulières sont encore une fois importantes pour maintenir le lien.
Comment s’organise le travail avec votre équipe ?
En droit de la concurrence, nous avons énormément de travail actuellement, principalement sur les problématiques d’aides d’État. En temps normal, à défaut de respecter certaines conditions et/ou de rentrer dans un certain cadre, une aide d’État peut encourir le risque d’être considérée par la Commission européenne comme créant une distorsion de concurrence. Actuellement, compte tenu de la situation, la Commission européenne a très vite réagi en adoptant un cadre temporaire, donnant la possibilité aux États membres d’aider les entreprises touchées de plein fouet par le Covid 19 de façon simple et rapide, en toute légalité. Suite à cela, la plupart des États ont adopté des mesures de soutien aux entreprises. Nous sommes saisis sur ces enjeux par de nombreux clients.
Nous avons également mis en place un système d’alerte pour nos clients : nous expliquons les textes et mesures, leurs implications. Cela existait avant, mais du fait du confinement, nous avons mis en place des envois plus réguliers à nos clients, partageons nos réflexions sur l’actualité et en profitons pour prendre des nouvelles et en donnons également à cette occasion.
Qu’advient-il des dossiers en cours avant le confinement ?
La Commission européenne, comme l’Autorité de la concurrence, sont en télétravail. Nous attendions une décision de la Commission européenne sur un dossier bien avancé, nous l’avons obtenue il y a quelques jours. Après avoir suspendu l’examen de l’opération EssilorLuxottica/Grandvision actuellement en phase 2, la Commission a repris la procédure le 24 mars dernier.
Après avoir annoncé qu’elle ne traiterait que les cas prioritaires, l’Autorité de la concurrence a finalement décidé vendredi dernier de suspendre l’ensemble de ses délais d’examen jusqu’à un mois après la fin de la crise sanitaire. Pour autant, en pratique, nous avons actuellement plusieurs dossiers en cours devant l’Autorité de la concurrence. Ce qui explique, pour moi, pourquoi l’Autorité a souhaité préciser dans son communiqué de vendredi qu’elle ferait ses meilleurs efforts pour traiter les dossiers de manière anticipée, dès que cela serait possible. A priori, on voit une dichotomie se créer entre les dossiers simples, qui devraient être traités dans des délais raisonnables, et les dossiers plus complexes, qui impliquent notamment d’envoyer des questionnaires aux entreprises concurrentes, clients ou fournisseurs, et qui seront plus difficiles à traiter.
Pour l’instant, les opérations se poursuivent dans le secteur industriel. Le détachement d’un de mes collaborateurs au sein de la direction juridique d’une grande entreprise du CAC 40 a été confirmé : il sera en détachement en télétravail à partir du 1er avril. Je pense que les différents acteurs, cabinets d’avocats, institutions et entreprises, vont s’adapter au contexte actuel et créer de nouvelles normes, afin de poursuivre du mieux possible leurs activités.
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