"Il faut s’attendre à un volume d’embauches très en retrait des années précédentes, voire inférieur aux autres périodes de crise"

"Il faut s’attendre à un volume d’embauches très en retrait des années précédentes, voire inférieur aux autres périodes de crise"

02.07.2020

Gestion du personnel

Gilles Gateau a pris ses fonctions, hier, comme directeur général de l’Apec. Il analyse les impacts de la crise sanitaire sur le recrutement. Sans surprise, la dynamique de l’emploi cadre devrait connaître un retournement sans précédent. L’enquête annuelle sur les intentions d’embauche sera présentée en septembre.

Vous avez pris vos fonctions en tant que directeur général de l’Apec hier. Quel a été le programme de votre première journée ?

J’ai commencé par le terrain. Je suis allé à Lyon, dans un centre, à la rencontre des consultantes et consultants en développement professionnel, pour échanger, discuter des métiers de l’association et de la reprise de l’activité en présence physique. Jusqu’alors nous étions entièrement mobilisés pour nos clients, mais en 100 % à distance. Demain, je serai à Paris et, lundi, à Lille. Les agences rouvrent lundi pour l’accueil progressif du public.

Vous arrivez en plein retournement du marché du travail. Airbus vient d’annoncer la suppression de 5 000 postes en France, Air-France de 7 500 postes. Bruno Lemaire s’attend à 800 000 emplois "au minimum" supprimés d’ici le 31 décembre. Vos observations confirment-elles cette analyse ?

Il n’y a pas de surprise. Le ralentissement brutal de l’activité économique en France et à l’étranger a eu des répercussions immédiates sur l’emploi avec une hausse spectaculaire du nombre de demandeurs d’emploi, en mars et avril, dues à la fois à des entrées importantes au chômage mais aussi à un ralentissement inédit des embauches pendant la période de confinement. De même, l’emploi temporaire a été sévèrement touché, avec - dans la grande majorité des cas - une non reconduction des contrats.

L’emploi saisonnier devrait également pâtir de la crise dès cet été. Mais au-delà des effets déjà visibles, avec le gel ou le report des embauches, il faut s’attendre, avec les annonces de suppressions d’emploi, à d’autres effets induits. Car durant un plan de sauvegarde pour l‘emploi, une entreprise ne peut pas recruter. Tous ces effets vont s’additionner à la rentrée.

Toutefois le report des recrutements ne signifie pas renoncement. Le marché de l’emploi est pluriel, et le sera toujours demain, avec d’un côté des entreprises qui continueront à embaucher (comme le médical et le médico-social), voire qui auront des difficultés à recruter et de l’autre, des entreprises qui arrêteront leur plan de recrutement (comme l’aéronautique).

Quid de l’emploi cadre ? Le 14 février dernier, à quelques jours du confinement, l’Apec annonçait que le nombre d’embauche de cadres devait s’établir à 297 000 en 2020, soit une hausse de 5 % par rapport à 2019 (puis 300 000 à l’horizon 2021-2022). Quelles sont vos prévisions aujourd’hui ?

Nous avons besoin de réactualiser les données de notre enquête annuelle sur les intentions d’embauche. Elle sera présentée en septembre. Mais d’ores et déjà, on peut supposer que les ajustements ne seront pas à la marge. Après des niveaux records de recrutement, il faut s’attendre à un volume d’embauches très en retrait des années précédentes, voire inférieur aux autres périodes de crise (208 000 embauches en 2007).

Dans le détail, en avril dernier, le nombre d’offres d’emploi cadre publiées en France métropolitaine présentait une baisse de 62 % par rapport à la même période il y a un an. En mai, cette baisse était de 57 % (par rapport à mai 2019).

Nous n’avons pas encore terminé d’analyser le mois de juin. Pour autant, les premières semaines ont démontré un "frémissement", avec 11 038 postes cadres du secteur privé publiés pour la semaine du 16 juin, soit un niveau supérieur de celui observé au début du confinement.

Quels sont les secteurs les plus touchés ? Ceux qui s’en sortent le mieux ?

Les secteurs qui recrutent le plus en volume de postes ouverts aux cadres du privé, même s’ils connaissent également une baisse des offres, restent le conseil gestion aux entreprises, les activités informatiques et ingénierie-R&D, ce sont les trois secteurs traditionnellement pourvoyeurs de l’emploi cadre.

Sans surprise les secteurs les plus impactés sont l’industrie automobile, aéronautique et autres matériels de transport, le secteur communication-médias et l’hôtellerie-restauration. Les secteurs santé/action sociale, l’industrie pharmaceutique ou le secteur de la formation initiale ou continue ont été moins fragilisés.

Concernant l’emploi jeunes, le gouvernement prévoit un plan. Quelle est votre analyse pour ceux qui entrent cette année sur le marché du travail ? Est-ce qu’il va s’agir d’une génération sacrifiée ?

Il est trop tôt pour juger du plan gouvernemental en discussion avec les partenaires sociaux. L’Apec portera une attention particulière à ces jeunes, en les accompagnant dans leur recherche d’emploi, en se tournant notamment vers les TPE-PME. 210 000 jeunes diplômés de niveau bac+3 minimum, toutes formations confondues (universités et écoles) arrivent, chaque année, sur le marché du travail, selon le Cereq.

 

 

Son parcours

Gilles Gateau, a exercé différentes responsabilités en entreprise, dans la sphère de l'Etat et au sein du service public de l'emploi.

Titulaire d'un DEA économie du travail et ressources humaines (Paris I/CNRS), il a démarré sa carrière dans la recherche, avant de rejoindre la direction des études et statistiques de l'ANPE (actuel Pôle emploi) puis le ministère du travail (Délégation à l'emploi) et le cabinet de la ministre du travail Martine Aubry en 1991. Il devient directeur général adjoint de l'ANPE de 1993 à 1997, puis conseiller du Premier ministre Lionel Jospin en charge du travail et de l'emploi. Il rejoint le groupe EDF en 2001 où il exerce plusieurs responsabilités RH, puis revient vers les politiques publiques en 2012 comme directeur de cabinet du ministre du travail Michel Sapin puis directeur de cabinet adjoint du premier ministre Manuel Valls. Fin 2015, il rejoint le groupe Air France comme directeur général ressources humaines. Il était jusqu’ici directeur de mission chez EDF Renouvelables.

 

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Anne Bariet
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