"J’ai demandé aux collaborateurs de rester en télétravail jusqu'au moins fin juillet"

"J’ai demandé aux collaborateurs de rester en télétravail jusqu'au moins fin juillet"

26.05.2020

Gestion d'entreprise

Retrouvez chaque semaine notre interview sur un sujet d'actualité. Président de MF & associés, un cabinet d'expertise comptable et de commissariat aux comptes de 12 personnes, Michaël Fontaine dit avoir fait le pari du télétravail bien avant la crise du covid-19.

Le déconfinement a démarré lundi dernier (*). Votre cabinet travaille-t-il sur site ou est-il en télétravail ?

Le principe est que les collaborateurs continuent de télétravailler. Et moi je suis au bureau pour des raisons pratiques. Le cabinet poursuit son fonctionnement. Il n’y a pas eu de rupture entre avant la crise du covid, le confinement et le déconfinement. Le télétravail était déjà acté dans le cabinet.

Gestion d'entreprise

La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

Découvrir tous les contenus liés
Pourquoi ce choix du télétravail avant comme après le confinement ?
Je propose le télétravail aux collaborateurs de manière très flexible

Depuis trois ans, le télétravail est accessible aux collaborateurs quand ils veulent. Cela est possible car tout est dématérialisé au cabinet, y compris pour l’expertise comptable où tous les fichiers sont partagés et le logiciel comptable accessible aux clients. Et les collaborateurs sont plutôt nouvelle génération. De plus, je me suis aperçu qu’avec les outils on travaille chez les clients comme chez soi. Et on peut laisser la liberté aux collaborateurs pour choisir l’organisation dans le temps sur la base de la confiance, c’est-à-dire qu’ils respectent les exigences sur les dossiers qu’on leur confie.

Je propose le télétravail aux collaborateurs de manière très flexible. La seule contrainte que je demande c’est de prévenir par SMS ou par téléphone la veille ou le matin. C’est un élément de bien-être surtout dans les régions comme l’Ile-de-France où les temps de transport sont énormes. Et ça enlève du stress. Donc le télétravail existait déjà même si dans les faits les collaborateurs ne l’utilisaient pas beaucoup car ils aiment bien venir au bureau pour l’ambiance et pour travailler ensemble.

Aujourd’hui, c’est le même principe au niveau du télétravail, c’est-à-dire que les collaborateurs font comme ils le souhaitent ?

Avant le confinement obligatoire, j’ai dit aux collaborateurs de faire comme ils souhaitaient. Ils pouvaient rester chez eux pour des raisons sanitaires. Il y a une collaboratrice qui est enceinte à qui j’ai dit de rester chez elle en télétravail. Pendant la période de confinement, tout le monde était logé à la même enseigne. Et depuis le déconfinement, le cabinet est ouvert physiquement mais j’ai demandé aux collaborateurs de rester en télétravail jusqu'au moins fin juillet voire fin août ou septembre. On verra en fonction de la situation. Cela tient à la solidarité nationale, c’est-à-dire que notre métier permet de le faire. On ne va pas surcharger les transports au détriment des métiers ou des personnes qui ont une nécessité de se rendre sur leur lieu de travail physiquement. Mais je laisse aux collaborateurs la possibilité de venir au cabinet s’ils en ont le besoin pour des raisons professionnelles. La seule contrainte est de prévenir pour qu’il n’y ait pas plus de une personne par bureau.

Votre cabinet est-il prêt à accueillir les clients ?

On ne recevait pas beaucoup de clients. On est surtout chez eux. Le cabinet est toutefois ouvert. On a rédigé une procédure conforme aux recommandations sanitaires. Nous avons acheté les produits de désinfection pour les mettre à disposition des personnes qui pourraient venir. Et des centaines de masques sont disponibles pour les collaborateurs et éventuellement des clients qui pourraient venir et qui n’en auraient pas.

Les clients demandent-ils davantage à vous rencontrer physiquement dans cette situation ? Le côté rassurant de la rencontre physique avec son expert-comptable peut être d’autant plus nécessaire dans cette période…

Non. La confiance dans la relation s’est tissée au fil du temps. Je me suis mis sur le phygital. Plus il y a de digital plus il y a de contacts qu’ils soient physiques, par téléphone, par Skype ou autre. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de contact physique avec le client qu’il n’y a pas de contact. On a maintenu la proximité en permanence avec le client.

Dans quelle situation économique se trouve votre cabinet ?

En croissance. J’ai fait deux entretiens d’embauche cette semaine.

Comment l’expliquez-vous alors que de nombreuses entreprises sont ou vont être en difficulté économique ?
Nous n’avons pas facturé aux clients les dossiers d’accompagnement au financement

La première raison est que je suis un petit cabinet. Donc on peut absorber plus de demandes. Autre raison, la typologie de ma clientèle est assez diversifiée, ce qui permet de toucher une palette assez large d’activités de clients. Nous avons aussi récupéré de nouveaux clients qui souhaitaient travailler avec un cabinet réactif, digital et de proximité dans cette phase de crise. Et par mesure de solidarité aux entreprises, nous n’avons pas facturé aux clients les dossiers d’accompagnement au financement.

Que pensez-vous des dispositifs d’urgence mis en place par le gouvernement tels que le prêt garanti par l’Etat, le fonds de solidarité aux TPE, l’activité partielle, etc. ?

La réaction sur la mise en place de ces différentes solutions d’accompagnement a été très rapide. La communication a été bien menée même s’il y a eu quelques petits couacs d’ajustement, ce qui est normal. Les moyens ont été mis sur la table. Les acteurs ont joué le jeu même s’il y a eu quelques couacs également. Ce serait trop facile de critiquer ce qui a été réalisé compte tenu de l’urgence même si tout n’a pas été parfait. L’Etat a pris les mesures pertinentes pour éviter un écroulement total de l’économie.

(*) cette interview a été réalisée le 15 mai dernier

Propos recueillis par Ludovic Arbelet
Vous aimerez aussi