"L'évolution des relations de travail rend urgent de réinventer les fonctionnements collectifs"

"L'évolution des relations de travail rend urgent de réinventer les fonctionnements collectifs"

18.09.2018

Gestion du personnel

Frédéric Guzy prend la tête de l’association Entreprise & Personnel, succédant à Sandra Enlart. Parmi les préoccupations des DRH, la nécessité de renforcer les collectifs de travail bousculés par le numérique et l'internationalisation. Et le développement d'une GRH individualisée, gage d'attractivité.

Vous venez d’être nommé directeur général d’Entreprise& Personnel. Quels sont vos projets pour l’association ?

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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L’association, créée en 1969, réunit une centaine d’entreprises adhérentes, plutôt de grande taille. Il s’agit de la première association de conseil pour les professionnels RH. Au départ, il s’agissait de confronter les savoirs académiques aux pratiques des entreprises. Quels apports les sciences sociales et économiques peuvent-elles offrir aux praticiens ?

L’association a ensuite développé d’autres prestations, des groupes d’échanges sur les pratiques RH, des conférences, des études et des interventions de conseil auprès des DRH. Il convient aujourd’hui de s’interroger si nos services peuvent également intéresser des entreprises de tailles intermédiaires ou même des branches professionnelles. Rappelons que ce sont les entreprises et non les professionnels RH qui adhèrent à l’association.

La note de conjoncture que vous présentez traditionnellement à l’automne est attendue par l’ensemble des acteurs sociaux. Quelle est la thématique retenue cette année ?

Sans dévoiler d’ores et déjà son contenu qui sera révélé le 19 octobre, je peux dire qu’elle portera sur un éclairage sur la refonte de notre modèle social. A la clef, une question essentielle : le nouvel modèle repose-t-il sur des droits individuels, c’est-à-dire où chacun se prend en main, en accédant à un certain nombre de services, pour assurer son employabilité au cours de parcours professionnels constitués de toujours plus de ruptures.

Vous étiez jusqu’ici DRH adjoint d’Aéroports de Paris. Quelles sont selon vous les préoccupations de la profession ?

L’une des premières préoccupations portent sur l’évolution du travail. Les DRH cherchent aujourd’hui à se projeter pour comprendre comment et en quoi les mutations de la société vont impacter les relations au travail. D’ores et déjà, le digital modifie la manière de travailler. Le numérique a cassé l’unité de temps, de lieu et d’action qui prévalait jusqu’ici en entreprise. Les salariés peuvent désormais travailler de chez eux, en télétravail, de l’étranger, lorsque l’entreprise est multisites… Et ce, avec plusieurs fuseaux horaires. La priorité est de créer de nouvelles relations au travail, faisant fi des cloisonnements traditionnels.

A charge pour les managers de recréer une cohésion d‘équipe et un esprit plus collaboratif. L'évolution des relations de travail rend urgent de réinventer les fonctionnements collectifs.

L’internationalisation est, par ailleurs, une préoccupation croissante. Le DRH doit désormais veiller à favoriser la mixité culturelle, à ouvrir son sourcing et à concevoir des parcours professionnels internationaux : le terrain de la GRH est devenu mondial.

Mais à rebours de ce mouvement macro, il est nécessaire d’individualiser l’expérience salarié. Autrement dit, de répondre aux préoccupations de chacun des collaborateurs en termes de formation, de gestion de carrière. Les salariés souhaitent que l’on s’adresse directement à eux, c’est un facteur d’attractivité.

Des chantiers que vous avez vous-même menés ?

Le fil directeur de mon parcours professionnel est l’accompagnement des transformations. J’ai pu commencer avec la mise en place de la modulation et de l’annualisation du temps de travail, dans les années 90, dans la foulée des lois Aubry. Puis, principalement dans des entreprises de service, dans une fonction de DRH ; j’ai beaucoup travaillé sur l’impact des évolutions technologiques sur les organisations et les compétences, par exemple, dans le ferroviaire, au sein de la RATP, avec l’automatisation et l’arrivée de l’informatique embarquée qui a bouleversé les métiers...

Vous étiez également conseiller entreprises et santé au travail auprès de Myriam El Khomri, ministre du travail de 2014 à 2016. A ce titre, que pensez vous du rapport Lecocq ?

Il franchit une étape supplémentaire par rapport au Plan santé au travail 3 qui fixe les orientations de l’Etat et des acteurs de la prévention pour la période 2016-2020 auquel j’ai collaboré. Ce plan faisait prévaloir la prévention plutôt que la logique de réparation. Il positionnait également la qualité de vie au travail comme un levier de santé, de maintien en emploi et de performance économique et sociale. Le rapport de Charlotte Lecocq reprend les grands axes de ce plan tout en donnant des pistes sur la gouvernance afin de rationaliser les acteurs et de rendre le système plus efficient. Ses recommandations me semblent pertinentes.

Anne Bariet
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