Retrouvez chaque semaine notre interview sur un sujet d'actualité. Consultant senior à Mc2i, un cabinet de conseil en numérique, Guillaume Dupré livre son point de vue sur les enjeux de la robotisation comptable notamment suite à l'arrivée de nouveaux outils d'automatisation appelés RPA (robotic process automation).
C’est un robot qui peut automatiser tout ou partie d’un processus comptable. Cette automatisation peut être diverse et variée.
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
Cela peut être par exemple de la saisie de facture. Avant, on avait un comptable qui récupérait la facture dans une boîte mail générique et qui l’entrait dans le système. Là on peut avoir un robot qui se connecte à la messagerie et qui va lui-même saisir la donnée. Autre exemple : toute la partie réglementaire et conformité où ce sont des actions récurrentes qui peuvent aussi être effectuées par un robot par exemple pour produire un reporting ou un état réglementaire. Quand on a quelque chose qui est sur le même format, c’est un très bon sujet pour la RPA [robotic process automation].
Oui. Mais le plus souvent, il existe plusieurs systèmes [logiciels] dans l’entreprise. Pour moi, il est plus simple d’utiliser un outil de RPA car il peut se connecter à ces systèmes plutôt que de recourir à un système intégré.
Parce que l’outil de RPA est prévu pour se connecter à d’autres systèmes alors que dans un système intégré on fait de l’interaction au sein du système. Par exemple, pour saisir le bon de commande d’un client, on peut utiliser un système puis un autre pour établir la réconciliation entre le bon de commande et la réception de la commande.
Oui, la RPA peut pallier certaines limites de l’ERP.
Il y en a trois : la productivité, la fiabilisation par rapport à des erreurs et le fait de pouvoir se recentrer sur le cœur de métier. En matière de tenue de comptes et de récupération d’informations, c’est du temps qui peut être davantage consacré, par l’expert-comptable, au conseil.

Oui en France on perçoit une augmentation et une forte demande sur la mise en place de la RPA. Plusieurs acteurs dans des secteurs divers se sont lancés. Par exemple EDF pour le rapprochement de comptes et le reporting. Le Crédit agricole s’en sert pour contrôler automatiquement certains virements. Des cabinets d’audit s’y mettent aussi. Il s’agit d’EY, de Deloitte, de PwC et de KPMG.
Beaucoup de tâches sont à l’heure actuelle manuelles. Beaucoup de documents sont encore au format papier. Donc la RPA et la transformation digitale des services comptables constituent un fort enjeu pour beaucoup de sociétés. Par exemple pour la génération de reporting, pour les consolidations, pour la gestion des inter-compagnies, c’est-à-dire ce qui est refacturé entre diverses entités d’un même groupe, pour tout ce qui est comptabilité fournisseurs, par exemple pour les factures reçues et la gestion des paiements, pour la partie factures clients et la gestion de crédit.

On a justement une centralisation sur les activités qui sont cœur de métier et qui sont à valeur ajoutée. Au lieu de ressaisir, de faire à la main des reportings, il y a davantage de temps pour avoir du recul, pour faire du conseil. L’un des freins au début, mais qui se manifeste de moins en moins, se situe chez les collaborateurs comptables qui sont frileux par rapport à la robotisation. Mais une fois qu’on a fait une démonstration, notamment pour montrer que tout n’est pas automatisable, ils voient que cela leur permet de se consacrer davantage aux activités comptables qu’aux activités de saisie. Et c’est apprécié. Et en plus, il y a toujours un risque d’erreurs humaines sur des tâches répétitives qui là est diminué de 95 à 100 %. Tous les processus ne sont pas automatisables mais sur ceux qui le sont il y a des gains importants là-dessus.
Il y a un énorme enjeu d’attractivité de la fonction comptable. Et le cadre est bien plus large que la RPA. La crainte de la disparition des métiers n’est pas limitée à ceux comptables. C’est un phénomène de société. Il y a une émergence de nouveaux métiers et de changements de métier, y compris pour la comptabilité. Le métier comptable change même si le principe et les méthodes comptables restent les mêmes. Les activités plutôt administratives de l’expert-comptable vont être au fur et à mesure robotisées mais tout n’est pas robotisable.
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