"Les DRH vont devoir trouver de nouveaux leviers de reconnaissance et d’équité après la crise"

"Les DRH vont devoir trouver de nouveaux leviers de reconnaissance et d’équité après la crise"

10.04.2020

Gestion du personnel

Les DRH sont confrontés à une multitude de situations de crise, de la gestion du chômage partiel, à la négociation collective, en passant par la préparation de l’après pandémie. Benoît Serre, vice-président de l'ANDRH, revient sur leur quotidien fortement bousculé. Entretien.

Comment les DRH parviennent-ils à gérer la crise sanitaire ?

Les DRH sont en première ligne sur la crise. Dès février, ils ont testé et adapté au fur et à mesure les plans de continuité d’activité des entreprises. Puis, une fois le confinement déclaré, ils ont organisé le télétravail à grande échelle, adapté l’organisation du travail sur site, géré les arrêts pour garde d’enfants, accompagné les managers, notamment ceux de proximité, renforcé la sécurité et la protection des salariés, suivi les évolutions juridiques… Ils doivent avoir réponse à toutes les questions. Des duos direction générale/ DRH se sont ainsi constitués. Une première pour la plupart des entreprises.

Comment le vivent-ils ?

Pour les PME, les réponses des Direccte constituent le plus souvent une question de survie 

Les professionnels RH ont démontré leur professionnalisme, affirmé le caractère fondamental de leurs missions individuelles et collectives.

Reste que la plupart ont été submergés de textes réglementaires. Ils ont dû faire face à des difficultés administratives, notamment pour les demandes d’activité partielle, à la fois en raison de démarches parfois fastidieuses mais aussi des incertitudes des Direccte. D’où des attentes parfois longues pour connaître la validité ou non de leurs demandes. Or, pour les PME, ces réponses constituent le plus souvent une question de survie. Face au problème de trésorerie, le temps est compté. Et la mesure se définit ici non pas en jours, en mois mais en heures.

Quel est l’impact de la crise pour les salariés en activité partielle ?

Près de 7 millions de personnes ont vu leur rémunération baisser

Les conséquences sont énormes. 6,9 millions de salariés sont actuellement en activité partielle. Ce qui signifie que près de 7 millions de personnes ont vu leur rémunération baisser. Nous entrons dans le deuxième mois. Le prélèvement à la source peut s’adapter dans certaines conditions mais dans le temps cela sera-t-il suffisant ? Les salariés ont aussi des problèmes de trésorerie.

Comment se passe actuellement le dialogue social au sein des entreprises ?

Entreprises et partenaires sociaux s’organisent pour que le dialogue se poursuive à distance. Le confinement introduit de nouveaux besoins de négocier. Un accord d’entreprise ou de branche est, par exemple, nécessaire pour qu’un employeur puisse imposer la prise de jours de congés payés à un salarié. Et tout le monde joue le jeu. Hormis quelques syndicats qui ont fait un choix plus contestataire, on assiste à une prise de conscience générale sur l’importance de traiter de nombreux sujets et d’affronter la crise ensemble, chacun dans son rôle bien sûr.

Les DRH anticipent-ils des restructurations ? Selon le sondage de votre association, 35 % d’entre eux prévoient un gel ou une baisse des recrutements en 2020 ?

Plus que jamais dans ces moments, le dialogue social est central 

L’heure est à la prudence. Personne ne sait quelle va être la durée et la portée de cette crise. Il faudra probablement attendre un certain temps avant de revenir à un fonctionnement quasi normal des entreprises. Dans l’immédiat, le gouvernement a trouvé des réponses adaptées pour limiter la casse sociale. On attend désormais le plan de relance annoncé par le gouvernement. Ce plan influencera nécessairement la capacité des entreprises à rebondir.
Les restructurations ne sont donc pas programmées. D’autant que nous disposons d’un arsenal d’outils très utiles pour éviter de manière responsable les plans de sauvegarde pour l’emploi quand c’est possible. D’autres leviers existent, à l’instar des ruptures conventionnelles collectives, des plans de départs volontaires, de la GPEC, voire des accords de performance collective que personne n’exclut. Les DRH sont convaincus de l’intérêt de s’orienter vers des accords négociés et majoritaires car plus que jamais dans ces moments, le dialogue social est central.

Comment préparent-ils l’après-crise ?

 Demain, le modèle social fondé sur le présentéisme risque d’être partiellement interrogé

Il y aura un avant et après crise. Certains DRH anticipent d’ores et déjà de nouveaux modèles d’organisation du travail. Demain, le modèle social fondé sur le présentéisme risque d’être partiellement interrogé. Le développement du télétravail risque de s’accélérer. Il faudra dès lors mieux prendre en compte l’autonomie des collaborateurs et appréhender la mesure de la charge de travail. Or, cette notion est pour partie subjective. Quels sont les indicateurs à prendre en compte ? Que cherche-t-on précisément à évaluer ? Pour l’heure, il n’existe aucun mode d’emploi.

Par ailleurs, les questions d’hygiènes et de sécurité vont venir en tête des préoccupations. La crise a révélé l’importance d’évaluer et de se protéger contre de tels risques. 

Surtout, tout l’enjeu sera de recréer une unité, une dynamique au sein des collectifs de travail, de rassembler nos forces pour affronter cette terrible crise. Ce qui suppose d’associer l’ensemble des salariés à l’objectif de l’entreprise. Et en premier lieu, les caissiers, livreurs, chauffeurs routiers, logisticiens, éboueurs à pied d’œuvre pendant à la crise. Comment maintenir ce sentiment de reconnaissance ? Seront-ils toujours perçus comme des héros de notre société une fois la crise passée ? Quel impact sur la hiérarchie des métiers ?

Les tensions sociales, nées du mouvement des Gilets jaunes puis de la réforme des retraites, n’ont pas complètement disparu. Elles sont juste suspendues. A charge pour le DRH de trouver de nouveaux leviers de reconnaissance et d’équité pour éviter qu’elles ne reviennent à grands pas. C’est son métier et son éthique.

 

Les DRH face à la crise sanitaire

Selon un sondage de l’ANDRH auprès de 550 adhérents, dévoilé hier, 42 % des DRH envisagent d’ouvrir des négociations pour permettre d’imposer ou de modifier les dates des jours de congés payés dans la limite de six jours ouvrables. 25 % s’y sont d’ores et déjà attelés. Côté rémunération, 41 % des organisations maintiennent le salaire de leurs équipes placées en chômage partiel et 31 % envisagent de garantir la prime sur objectifs, en dépit d’une baisse d’activité. Un tiers d’entre eux, en revanche, compte reporter la date et les modalités de versement des primes d’intéressement et de participation.

Par ailleurs, 14 % ont été confrontés à l’exercice de droit de retrait ou de droit d’alerte.

En outre, 30 % des sondés déclarent avoir manqué de ressources (masques, gants, gels hydroalcooliques) nécessaires pour maintenir l’activité tout en respectant les règles sanitaires et de distanciation sociale. Et 46 % ont dû faire face à un manque de matériel ou à du matériel non-adapté pour mettre en place le télétravail. "Le court délai n’a pas permis d’équiper toutes les équipes et les premiers jours, des problèmes de connexion ont pu apparaître dus à une sur sollicitation des réseaux".

Après la crise, 35% des organisations prévoient un gel ou une baisse des recrutements pour 2020.

 

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Anne Bariet
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