Comment le groupe Sadec-Akelys s'organise t-il durant cette crise tant en matière d'expertise comptable que de commissariat aux comptes ? Quelle est la situation de ses entreprises clientes ? La point de vue d'Olivier Drouilly, président de cette structure.
En ce qui nous concerne, la situation a évolué très rapidement. Vendredi dernier, on était dans le principe d’organiser les absences par rapport à la garde des enfants suite aux fermetures d’écoles et de collèges. L’idée était de mettre les personnes en arrêt ou en télétravail . Pendant le week-end, on a eu des informations disant que le confinement allait être mis en place sans en connaître forcément la date précise. Nous avons tout de suite anticipé nos procédures. Nous avons préparé notre communication auprès de nos clients et de nos collaborateurs afin de les avertir que nous allions suspendre tous les rendez-vous au bureau ou à l’extérieur. Dans un premier temps on avait dit sauf impérieuse nécessité mais en tout état de cause dans un deuxième temps on les a carrément annulés. Et nous nous sommes organisés pour généraliser le télétravail de toutes nos équipes.
Historiquement, une bonne partie de nos collaborateurs avaient déjà la possibilité de se connecter à distance donc de faire du télétravail. Lundi nous nous sommes employés à vérifier avec notre filiale informatique que les derniers postes étaient paramétrés. Et nous avons fait des tests pour s’assurer que le télétravail fonctionnait correctement. Maintenant il faut que les choses se calent dans nos relations internes entre les différents bureaux et les différents services au sein des bureaux. Également avec nos clients qui ne doivent communiquer avec nous aujourd’hui que par mail, par téléphone voire éventuellement avec des outils digitaux tels que Teams.
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

Après presque deux jours de confinement [cette interview a été réalisée le 18 mars dans l’après-midi] on est en train de voir au cas par cas dans les bureaux les procédures à mettre en place. A titre d’exemple, certains bureaux organisent une permanence de personnes différentes entre le matin et l’après-midi afin de pouvoir y déposer des documents. On laisse les documents un certain temps pour éviter tout problème de contagion. Et ensuite on va prévenir les collaborateurs en charge des dossiers pour qu’ils puissent venir chercher les documents lorsqu’ils auront un certain nombre de dossiers à récupérer et lorsqu’ils auront fini les dossiers qu’ils sont en train de traiter chez eux. L’idée c’est qu’ils rapportent les dossiers terminés et qu’ils reprennent de nouveaux dossiers pour continuer à fonctionner en télétravail. On est en train de mettre ça en place pour les bureaux où effectivement la récupération des documents clients est une chose importante.

C’est clair. On avait des équipes qui étaient déjà plus ou moins aguerries à ce mode de fonctionnement voire certains bureaux. On a quand même une implantation assez importante sur la région parisienne. Lorsque vous êtes sur des périodes de grève, inévitablement ces équipes-là ont pris l’habitude de travailler régulièrement en télé-travail. Pour autant, c’est une nouveauté pour une partie des équipes. Ce qui est sûr c’est que les relations sont beaucoup moins fluides. On pourrait penser qu’en étant en télétravail on est moins perturbé par les bruits du bureau, par les appels téléphoniques mais en fait on s’aperçoit également que dans le travail c’est beaucoup moins fluide. La réponse aux questions posées est un petit peu moins facile même si on a organisé des espaces d’échanges sous forme de chats entre les équipes. On s’est donné cette semaine pour observer à travers les temps qui vont être affectés sur les dossiers pour voir comment ça fonctionne. D’un autre côté aujourd’hui c’est encore la meilleure solution adoptée puisque pour nous le mot d’ordre c’est quand même de privilégier la santé de nos collaborateurs et de nos clients et à partir de là le confinement était indispensable par rapport à notre activité. Mais il faut que les gens s’approprient le télétravail. Techniquement nous ne rencontrons aucun problème. Mardi matin on a quelques petits couacs de connexion à la fois dû peut-être à des problèmes techniques de paramétrage et à des problèmes d’appropriation de certains collaborateurs par rapport à la connexion à distance. Mais à midi tout était réglé et les gens potentiellement pouvaient aller sur leurs différentes applications professionnelles.

On est sur la même attente. Pour l’audit, on a regardé sur nos différents pôles. On a une visibilité d’à peu près une quinzaine de jours par rapport à des dossiers qui sont en cours ou qui sont à finaliser. Se pose ensuite la question des conditions d’intervention sur les clôtures au 31 décembre. Sauf à pouvoir se connecter au système d’information des clients pour travailler sur des extractions de fichiers, nos contrôles vont être fortement contrariés. On espère fortement que les échéances des AG vont être repoussées. En tout état de cause je pense qu’on risque rapidement d’arriver sur une situation de chômage partiel sur cette activité si le confinement dure plus de 15 jours, ce qui est quand même fort probable.
La majorité des clients en B to B ont arrêté leur activité car leurs propres clients sont à l’arrêt. Un certain nombre de clients comme les artisans sont partagés entre la sécurité de leurs salariés et de leurs clients et le fait qu’il n’y ait pas d’interdiction formelle de travailler pour eux. On a régulièrement la question suivante : qu’est-ce que je fais ? Est-ce que j’envoie mes équipes au boulot ou est-ce que n’y vais pas ? On leur conseille de mettre en avant la sécurité de leurs salariés puisque c’est quand même une responsabilité au niveau du chef d’entreprise d’aller exposer ses salariés à une infection. Passé l’effet de surprise, on est en train de gérer avec eux l’accompagnement dans la mise en place des mesures d’aide aux entreprises. Aujourd’hui c’est leur principale demande. Cela concerne tant les mesures sociales de chômage partiel, le différé de paiement des caisses sociales, les mesures fiscales avec des différés et le différé des échéances bancaires. On les assiste sur ces différents points.

Il est évident que ces mesures ne suffiront pas pour les plus petites entreprises qui ne disposent pas de fonds propres importants. Elles ne parviendront pas à honorer le reste de leurs charges fixes que sont les loyers et les assurances même si on entend parler de report d’échéances sur certains loyers commerciaux mais aujourd’hui il n’y a rien d’écrit. Il faudrait contraindre des propriétaires privés à différer des encaissements de loyers. Propriétaires qui ont sans doute eux-mêmes des engagements financiers. Donc pour ce type d’entreprises ca va être très compliqué.

Sans aucun doute pertinentes. Elles ont été prises relativement rapidement. Par exemple on peut se féliciter du renforcement de la prise en charge du chômage partiel puisque aujourd’hui c’est la principale préoccupation de nos clients. Reste le problème de certains impôts tels que la TVA et le Pas qui ne peuvent pas être différés. Et certaines dispositions restent imprécises notamment celle du report d’échéances bancaires ainsi que le fonds de soutien aux indépendants.
C’est une crise sans précédent. On peut convenir que les mesures se mettent en place avec un petit peu d’hésitation par les pouvoirs publics. Par contre les chefs d’’entreprise ont besoin de mesures fortes, précises et claires. Je reprends l’exemple des activités autorisées et non autorisées à être maintenues. Avec un premier [arrêté] c’était assez restrictif et le lendemain, dans un second [arrêté], on se rend compte que de nombreuses activités peuvent continuer à fonctionner. Ce n’est pas très rassurant pour les chefs d’entreprise. On est confronté quasiment au même dilemme sur la possibilité d’aller travailler si l’entreprise ne peut pas assurer du télétravail. Il en est de même en matière d’indemnisation du chômage partiel. Dans un premier temps, on nous a indiqué que tous les salariés qui ne pourraient pas travailler bénéficieraient du chômage partiel et que l’Etat indemniserait le entreprises. Lorsqu’on écoute l’interview de Muriel Pénicaud diffusée mardi soir, elle indique que seules seront prises en charge les entreprises ayant un recours massif au chômage partiel en précisant que cela concernerait les entreprises qui ont été contraintes de fermer. Et les autres secteurs, dans leur immense majorité, sont encouragés à aller travailler. J’ai un petit peu de mal à avoir un discours clair vis-à-vis de mes clients lorsqu’on encourage à aller travailler et qu’on dit aux gens qu’il faut respecter le plus strict confinement.
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