Accompagner la levée de fonds : une mission pertinente pour l’expert-comptable

Accompagner la levée de fonds : une mission pertinente pour l’expert-comptable

30.04.2020

Gestion d'entreprise

Trouver le bon investisseur pour son client, dans la jungle des financeurs, ouvre des opportunités de nouveaux services pour les cabinets comptables.

Selon le baromètre EY du capital risque, les start-up françaises ont levé 5,03 milliards d'euros en 2019, un montant en hausse de 39% comparé à 2018, et qui concerne 736 sociétés. Il ne s’agit ici que des levées de fonds impliquant une entrée au capital. Pour un porteur de projet novice, les sources de financement pourraient s’apparenter à une jungle. Si certains cabinets comptables se sont positionnés sur le conseil en aides diverses, bien peu participent aujourd’hui aux opérations de levées de fonds. "Nous voyons des experts-comptables intervenir sur les secteurs traditionnels, souvent en province et pour des tickets d’entrée moins élevés que les grosses levées de fonds qui font la une des journaux", explique Nicolas Celier, président de Ring Capital, structure de financement dédiée aux scale-up (les start-up en développement). En d’autres termes : lorsqu’il s’agit pour une start-up de trouver 20 000 euros, elle se tourne vers son expert-comptable. Si elle veut en revanche lever 2 millions d'euros en ouvrant son capital, elle ira voir un spécialiste du financement.

Gestion d'entreprise

La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

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Pourtant, les missions d’accompagnement sont une vraie opportunité pour les cabinets comptables, et Mazars ne s’y est pas trompé. Il vient de lancer son offre d’accompagnement FinExp. "Nous nous adressons avec FinExp aux entreprises petites et moyennes, clientes de l’expertise comptable, et qui ont besoin de conseil car la levée de fonds n’est pas un sujet anodin, explique Bertrand Desportes, associé chez Mazars. Il touche à la gouvernance. Quand vous invitez un tiers au capital, il est complexe, par la multiplicité des acteurs". Enfin, Mazars entend également diversifier l’activité notamment de ses cabinets en région, potentiellement touchés par l’érosion annoncée des mandats de Cac suite à la loi Pacte.

Des synergies à double sens

Chez BDO, l’accompagnement à la levée de fonds est également une réalité : "Nous intervenons soit sur certaines étapes de l’opération, comme la formalisation du business plan par le porteur de projet ou le conseil fiscal, soit de A à Z : depuis la constitution du dossier, la réalisation du business plan, la sélection des investisseurs potentiels, l’approche des investisseurs, l’organisation des négociations, et jusqu’à la rédaction du pacte d’actionnaires", précisent Emmanuel Dubos et Thibault Baptiste, associés chez BDO France. Classiquement, les hommes du chiffre sont également sollicités pour les due diligences : il s’agit alors d’entrer en profondeur dans la finance et la comptabilité de la société cible d’un investisseur, pour s’assurer que les chiffres présentés à ce dernier correspondent à la réalité.

Les opérations de levées de fonds ont donc un double intérêt pour les cabinets comptables, qui peuvent accompagner à la fois le porteur de projet et l’investisseur : "Le site web de FinExp comporte bien deux entrées : l’une pour les entrepreneurs, et l’autre pour les financeurs, précise Bertrand Desportes, car nous sommes légitimes auprès des deux publics qui sont sources d’opportunités". Les entrepreneurs peuvent se transformer en clients sur les autres lignes de services, tandis que les financeurs peuvent avoir besoin de missions d’évaluation de leur portefeuille de participations. Ou faire appel au cabinet pour intervenir sur une autre opération, sachant que les fonds totalisent plusieurs participations, parfois dans des secteurs très divers.

Assurer une veille

Lorsqu’ils entrent au capital de l’entreprise, les fonds examinent aussi les prestataires en place : "Il nous arrive parfois de militer pour le remplacement du cabinet comptable en place, quand nous estimons qu’il n’est plus adapté parce que non-digitalisé, non-réactif, ou non-international. Pour une entreprise qui se développe à l’export, ce dernier critère a de l’importance", explique Nicolas Celier, de Ring Capital. Enfin, les cabinets comptables qui travaillent sur les levées de fonds ne s’improvisent pas experts en un jour. "Nous assurons une veille permanente des opérations, des acteurs, des fonds et de leurs caractéristiques : régionaux, locaux, préférences sectorielles, modes opératoires, etc.", détaillent Emmanuel Dubos et Thibault Baptiste. Chez Mazars, l’expertise en levées de fonds passe par la participation aux salons dédiés, aux événements, les liens avec les instances comme Bpifrance. Enfin, les cabinets soulignent qu’il est important de s’intéresser à toutes les sources de financement, au-delà des levées de fonds classiques, en conseillant les clients sur les aides et autres crowdfunding.

Olga Stancevic
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