Augmenter le taux d'emploi et juguler la hausse des arrêts maladie : deux préoccupations au coeur de l'action gouvernementale

Augmenter le taux d'emploi et juguler la hausse des arrêts maladie : deux préoccupations au coeur de l'action gouvernementale

15.04.2025

Gestion du personnel

Le Premier ministre s'est exprimé hier matin devant un parterre de personnalités et la presse à l'issue du premier Comité d'alerte sur les finances publiques. Il a dévoilé les priorités du gouvernement et le calendrier pour faire face à la situation budgétaire de la France. L'occasion aussi pour la ministre du travail de fixer le cap en matière d'emploi.

Le Premier ministre a sonné le tocsin à l'issue du premier Comité d'alerte sur les finances publiques qui s'est tenu hier matin au ministère du travail, de la santé et des solidarités avenue Duquesne, comité auquel ce dernier n'a d'ailleurs pas participé. C'est devant un parterre de personnalités qui avaient été conviées pour participer au Comité que le Premier ministre a tenu une conférence de presse pour résumer les échanges qui ont eu lieu : ministres, parlementaires, numéros un des organisations syndicales et patronales. Clément Beaune, le nouveau Haut commissaire au plan ou bien encore Alexandre Saubot, président de France Industrie, étaient également présents.

Le Premier ministre a commencé par dresser un portrait très sombre de la situation en France, bousculée par les crises internationales (la guerre en Ukraine, la "guerre commerciale" lancée par Donald Trump...). Nous sommes face "à l'heure de vérité décisive", un moment où il faut "ressaisir les énergies et affronter les obstacles". Dans cet "exercice, voire cette épreuve de vérité, François Bayrou compte sur "une prise de conscience [des] concitoyens". "La confrontation avec la vérité peut soutenir une action déterminée".

Concrètement, le diagnostic tient en trois constats : nous ne produisons pas assez, nous ne travaillons pas assez et nos dépenses sont trop élevées. Face à cet état des lieux, le Premier ministre s'est contenté d'annoncer de grandes orientations, une méthode de travail et un calendrier courant jusqu'au 14 juillet.

Améliorer le taux d'emploi

La question du travail a bien sûr alimenté les débats. La note du Conseil d'analyse économique (CAE), publiée en mars, est désormais le pivot autour duquel s'articulent les propositions en matière d'emploi. Dans cette note, les auteurs pointaient la faiblesse du taux d'emploi comme principal obstacle au plein emploi. La ministre en charge du travail et de l'emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, a ainsi rappelé qu'il fallait "travailler davantage mais travailler mieux", déplorant que "chaque Français travaille en moyenne 150 heures de moins qu'un Allemand ou qu'un Anglais". Un écart dû à un taux d'emploi plus faible, notamment des jeunes, des femmes et des seniors. Elle a notamment souligné le cas des jeunes ni en études, ni en emploi, ni en formation (les "NEET") et déploré "une insertion professionnelle plus longue et plus difficile quel que soit le niveau de qualification. Quant aux femmes, "150 000 sortent du marché du travail chaque année car elles n'ont pas de mode de garde".

Il convient donc "d'agir sur les politiques de formation initiale et continue, sur la montée en compétences et [sur une meilleure orientation] en fonction des besoins. Mais aussi mieux concilier performance économique et performance sociale avec les partenaires sociaux", citant ce qui a été lancé récemment en matière de financement de l'apprentissage et de transitions professionnelles".

Interrogé par la presse sur une nouvelle réforme de l'assurance chômage, le Premier ministre a botté en touche. 

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

Découvrir tous les contenus liés
Limiter les arrêts de travail

La hausse des arrêts maladie a également été au coeur des débats - un sujet désormais récurrent depuis quelques années - au lendemain de la remise de son rapport par la Cour des comptes. Amélie de Montchalin, ministre en charge du budget, déplore "une hausse incontrôlée des arrêts maladie depuis la fin du Covid", "une très grande dérive", et souhaite "mettre fin à certaines dépenses injustifiées". Catherine Vautrin pour sa part estime nécessaire de "freiner les dépenses" notamment en matière d'IJSS.

Astrid Panosyan-Bouvet déplore que "les salariés français [aient] le nombre de jours de congé maladie le plus élevé". Une hausse du taux de recours aux arrêts maladie qui s'observe "à tous les âges". La ministre a rappelé que son souhait est de parler à cette occasion de "santé, conditions de travail et pratiques managériales françaises" (comme l'analyse un récent rapport de l'Igas). 

Quatre grandes orientations

Face à ce constat, le Premier ministre a écarté d'emblée "deux solutions de facilité". La première, la hausse des prélèvements. "La France est déjà le pays qui détient le taux de prélèvements obligatoires, d’impôts et de taxes de toutes natures, le plus élevé dans le monde". La seconde, emprunter. "C’est ce que nous faisons depuis des décennies. Nous nous trouvons aujourd’hui au bord d’une situation de surendettement intenable". Il s'agit aussi de préserver notre modèle social. L'équation semble pourtant difficile à résoudre. Comment assurer "la survie de notre modèle social français" avec des coupes budgétaires, en tenant compte du "défi démographique" ? "Notre modèle social est en péril car les conditions de sa soutenabilité ne sont plus réunies", a surenchéri Catherine Vautrin.

Concrètement, François Bayrou a annoncé quatre grandes orientations : 

1. assurer l'indépendance de la France en matière de sécurité et de défense. 

2. refuser le surendettement. 

3. refondre l'action publique avec une "remise à plat des missions et budgets de notre administration. 

4. assurer la vitalité économique de notre pays qui doit "passer la simplification", "la formation aux métiers d'avenir, le renforcement des compétences et la reconstitution de notre base productive".

Un calendrier serré

Afin d'entrer dans le détail, le Premier ministre veut aller plus vite sur la détermination de grandes lignes des PLF et PLFSS pour 2026, qui seront présentées avant le 14 juillet. Avant, et ce dès avril, les parlementaires seront associés aux revues de missions, ainsi qu’aux travaux thématiques sur les différents chantiers de réforme. Le dialogue social n'est pas oublié puisqu'en juin, à l'issue des concertations sur la retraite, de nouveaux chantiers seront ouverts avec les partenaires sociaux pour les 80 ans de la sécurité sociale. C'est également en juin que se déroulera le 2e comité d’alerte.

L'occasion pour François Bayrou de rappeler la place qu'il accorde au dialogue social. "J’ai la conviction que la démocratie sociale doit prendre sa part dans la résolution de ces problèmes. L’exigence de redressement du pays doit se faire avec un sentiment de justice, qui garantisse l’adhésion de tous". "Le dialogue social serait dépassé ? Je crois exactement le contraire. Concentrer les décisions publiques sur la politique gouvernementale et parlementaire [serait] creuser un fossé entre les citoyens et les décideurs (...) Si les citoyens ont le sentiment qu'ils participent eux-mêmes à la décision, on aura fait un grand pas".

Des déclarations que les organisations syndicales et patronales qui négocient actuellement sur les retraites pourront lui rappeler au moment voulu.

Florence Mehrez
Vous aimerez aussi