Bienvenue dans l'ère du juriste digital

Bienvenue dans l'ère du juriste digital

04.02.2021

Gestion d'entreprise

Quelles sont les compétences aujourd’hui recherchées chez les juristes ? Les classiques legal skills sont un prérequis et les soft skills font maintenant figure d’incontournables. La différence, désormais, se joue sur les digital skills. Une tendance qui, sans être nouvelle, connaît une forte accélération avec la crise et ne laisse guère de place à l’improvisation pour les juristes.

Se transformer, sans cesse. Telle serait la recommandation des auteurs du rapport Référentiel-Marché du juriste augmenté 2020, tout juste publié, à l’égard des juristes. Les équipes du Augmented Law Institute de l’EDHEC s’associent à d’autres acteurs du marché du droit, notamment l’AFJE, et collaborent au sein d’un comité « Open Wiki ». Leur objectif : déterminer les savoir-faire nécessaires à une équipe juridique et ainsi dessiner le portrait du juriste idéal. Un portrait dont les contours évoluent sans cesse, face à un environnement VUCA, pour volatile, incertain, complexe et ambigu (Volatility, Uncertainty, Complexity, Ambiguity).

Un métier infusé par le digital

Certains points sont une évidence, d’autres moins. Comment, en effet, envisager le métier de juriste sans intégrer ses conditions de travail actuelles, c’est-à-dire à distance. Sans surprise, la version 2020 du rapport sur le juriste augmenté met en avant sa capacité à gérer son poste hors de l’entreprise. Cela implique la maîtrise des outils de partage, l’organisation d’échanges sécurisés, notamment par visioconférence, l’harmonisation des pratiques dans l’équipe ou encore l’organisation de webinars. Autant de savoir-faire qui ont pu être appréhendés sur le terrain face aux impératifs de la crise l’année dernière, mais qui doivent désormais être maîtrisés et organisés.

Ce qui est peut-être moins évident pour les juristes, c’est le fait que les entreprises vont de plus en plus attendre de leur part des compétences pointues en matière de digital et de nouvelles technologies. Ainsi, le rapport évoque le fait de « savoir coder des projets juridiques majeurs ou mineurs afin d’automatiser certaines tâches ». Les innovations doivent être intégrées dans la pratique juridique, comme par exemple « automatiser l’exécution d’un contrat dans une blockchain », ou encore  « appréhender les concepts techniques et business des technologies juridiques disruptives (blockchain, ML/IA/Data, ordinateur quantique) ». Sans oublier, bien sûr, savoir utiliser les nouveaux outils prédictifs pour accompagner la prise de décision.

Enfin, le digital n’est pas seulement un outil, mais un champ juridique à part entière. Un champ complexe, qui demande surveillance et action de la part du juriste. Outre une stratégie de compliance digitale pour son entreprise, ce dernier doit également être en mesure de développer des « actions de lobbying en vue d’un régime favorable à son organisation concernant les technologies (New Tech Regulatory) ».

Le digital est donc une compétence à 360°C : outil quotidien au cœur de l’organisation du travail, il représente également un levier de transformation majeur dans la pratique juridique et doit, enfin, faire l’objet d’une stratégie construite à l’échelle de toute l’entreprise. 
 

150 skills pour créer de la valeur

Nombreux sont donc les défis digitaux qui attendent les juristes. Cependant, ce ne sont pas les seules compétences dont ils devront faire preuve. Le rapport Référentiel-Marché du juriste augmenté en dénombre pas moins de 150, en dehors du strict domaine juridique ! Aux digital skills doivent ainsi s’ajouter des soft skills - qui font la part belle à la gestion des émotions du juriste et des équipes qui l’entourent -, et des business skills. En filigrane de ces derniers, on lit l’importance que revêt la création de valeur et de chiffre d’affaires pour les entreprises. Des domaines dans lesquels le juriste doit apporter sa contribution, grâce à la mise en place d’initiatives telles que « identifier des dispositions ou des évolutions du droit permettant de générer du chiffre d’affaires ; rédiger des propositions commerciales efficaces ; analyser la structure des coûts fournisseurs ; évaluer les coûts internes ou encore communiquer sur indicateurs KPIs ». Finalement, ce rapport démontre bien le rôle clé que les juristes doivent endosser afin d’accompagner leur entreprise dans la phase de relance, en apportant des solutions concrètes et créatrices de valeur.

Ingrid Labuzan

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