Mohamed Laqhila, Véronique Louwagie et Isabelle Delyon font partie des rares professionnels du chiffre à briguer un mandat de député les 11 et 18 juin prochains. Portrait de ces personnalités engagées dans les Bouches-du-Rhône, l'Orne et en Côte-d'Or.
"Quand je commence à critiquer une équipe qui joue, je participe au match". Mohamed Laqhila s’est lancé en politique comme on s’engage sur un terrain de foot. Pour "apporter sa pierre à l’édifice". Cet expert-comptable et commissaire aux comptes (Cac) de 57 ans représente La République en Marche (LREM) aux législatives dans la 11e circonscription des Bouches-du-Rhône. Trésorier du Modem (au niveau départemental) depuis 2007, il a toujours été centriste. "Le point le plus éloigné des extrêmes", aime-t-il répéter. "Je me lève parfois du pied gauche, parfois du pied droit. C’est comme ça que je suis en équilibre". Il "se retrouve" donc naturellement dans le projet d'Emmanuel Macron. L'homme du chiffre est déjà rompu à l’exercice du pouvoir grâce à ses mandats électifs au sein des instances professionnels. Il a notamment présidé l’ordre des experts-comptables de Marseille de 2012 à 2016 et a siégé au Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables (CSOEC).
L'incursion des professionnels du chiffre en politique sonne pour lui comme une évidence. "Nous ne sommes pas suffisamment investis alors que nous participons à la vie publique et à la transparence financière de notre démocratie : l’expert-comptable présente les comptes de campagne, le Cac certifie les comptes des formations politiques, souligne Mohamed Laqhila. Qui mieux que nous pour parler entreprise, économie, fiscalité ou droit du travail ?" Sa priorité s’il est élu : "enlever les boulets qui empêchent les entreprises d’avancer". La simplification fait partie des dossiers dont il entend se saisir. Tout comme la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) que ce défenseur du développement durable - il a été en charge d’une commission sur ce sujet au CSOEC - souhaite étendre à toutes les entreprises. Les professionnels du chiffre apportent "rigueur, diagnostic et éthique", résume le candidat LREM. "On sait ce qu’est un conflit d’intérêt", glisse celui qui a lancé le club "éthique et éco" au sein du Conseil supérieur il y a deux ans.
La présence de députés issus de la société civile est selon lui positive. "La politique n’est pas un métier", clame-t-il. Il est sain de "pouvoir passer de la société civile à un mandat électif, donner de son temps pendant cinq ans, puis revenir au privé", estime Mohamed Laqhila. Dirigeant d’AMP conseils, groupe de six cabinets comptables (5 associés et 40 collaborateurs), il estime d'ailleurs être "obligé de mettre en veilleuse" son activité s’il était élu. "Le mélange des genres n’est pas bon". Abandonnerait-il aussi la présidence du syndicat professionnel ECF (experts-comptables et commissaires aux comptes de France) fraîchement acquise (lire notre article) ? Qui qu'il en soit, il devra d’abord battre un adversaire de taille : le député sortant Christian Kert (Les Républicains-UDI), candidat à un septième mandat de député dans la 11e circonscription des Bouches-du-Rhône.
L’exercice de la députation est déjà familier pour Véronique Louwagie. L'élue Les Républicains (LR) brigue un second mandat dans la 2e circonscription de l’Orne, en Normandie. "C’est très court cinq ans, justifie-t-elle. Il faut débuter tôt pour avoir des impacts. Fédérer autour d’un projet prend du temps". Son premier mandat lui a permis de s’approprier le fonctionnement des institutions et des personnes. "On se nourrit des expériences vécues", explique la députée de 56 ans qui a appris la nécessité de "déployer toute son énergie pour atteindre un but". Une fonction élective difficile à concilier avec une activité professionnelle. Cette expert-comptable et Cac dirige en parallèle un cabinet à l’Aigle avec sa soeur et quarante collaborateurs. "J’ai levé le pied. J’ai confié mes mandats de commissariat aux comptes à mes collaborateurs (en les faisant évoluer vers d'autres signataires). J’ai seulement gardé quelques dossiers historiques et continué à assurer le management du cabinet", précise-t-elle.
Véronique Louwagie est entrée en politique en même temps que dans la profession du chiffre, au début des années 80. "J’ai toujours eu une fibre militante. A 18 ans, j’étais adhérente au RPR et à 22 ans, je suis devenue conseillère municipale", indique-t-elle. "J’aime participer à la vie publique". Elle s’est aussi engagée tôt dans le milieu associatif pour "améliorer des points de la vie quotidienne". "J’ai été repérée comme ça". La députation est "un beau mandat" permettant "de faire avancer la législation sur un certain nombre de sujets", estime l’élue. Les projets de loi de finances et les budgets rectificatifs sont les premiers textes qui intéressent ce membre de la commission des finances de l’Assemblée nationale. L’une de ses priorités en cas de réélection ? "Redonner de la compétitivité aux entreprises pour qu’elles embauchent", grâce notamment à une baisse de charges. L'agriculture est l'autre dossier cher à cette fille d’exploitants de ferme. "C’est ma fibre d’expert-comptable qui me permet de bien connaître ces sujets d’entreprise. C’est important pour participer au débat et l’enrichir". D’ailleurs, Véronique Louwagie souhaiterait voir plus de chefs d’entreprise dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.
Un parcours très différent de celui d’Isabelle Delyon qui défend les couleurs du Front national dans la 1e circonscription de la Côte d’or. Cette novice en politique a adhéré au parti de Marine Le Pen en 2010 – après être passée par la case UMP – mais ne s’est engagée qu’en 2015 et est devenue conseillère régionale l’année dernière. "Je suis plutôt en fin de carrière professionnelle donc je réduis un peu mon activité et j’ai plus de temps libre", explique cette expert-comptable et Cac de 61 ans à la tête d’un petit cabinet (2 collaborateurs) à Dijon. Elle arrêterait quand même "complètement" son activité si elle était élue députée. Car "ce ne serait pas compatible", assure-t-elle. Autre justification à son entrée tardive en politique, l’image renvoyée par son parti. "Le FN n’est pas très bien vu du public en général et je craignais des retombées négatives de mes clients. Maintenant, ça m’est égal". Cependant, les remarques – y compris celles de certains confrères – ont été plutôt positives, rapporte-t-elle.
Pour Isabelle Delyon, son expérience du terrain représente un atout pour "déchiffrer" la matière économique. Mais elle n'expose pas son activité d’expertise comptable sur ses tracts de campagne pour des raisons "déontologiques" par rapport à sa profession - et alors que "le parti le souhaitait", indique-t-elle. Car c’est aussi une question d’affichage pour le Front national. "C’est important pour le FN de mettre en avant des candidats qui ont un certain niveau de diplôme et des expériences professionnelles, ainsi que des femmes", souligne la professionnelle du chiffre. Mais "c’est plus une candidature de témoignage", déclare-t-elle. Car le vote FN n’est pas élevé dans sa circonscription. Le parti frontiste peut espérer un ou deux élus dans la région Bourgogne-Franche-Comté, avance-t-elle. Cependant, les jeux sont ouverts dans cette 1e circonscription où la place de député est laissée vacante par Laurent Grandguillaume (PS). Des candidats concurrents issus de la même majorit�� se présentent, notamment chez Les Républicains. De quoi laisser une petite fenêtre de tir pour le FN.
Député ou maire, il faudra choisir |
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Maire de la commune de l’Aigle (8000 habitants) depuis 2014, Véronique Louwagie abandonnera cette fonction si elle est réélue députée de l’Orne. Cette nouvelle règle de non cumul des mandats est "inédite et peut être dommageable quant à la connaissance des problématiques locales", selon elle. "Quand on a les mains dans le cambouis, on maîtrise. Le maire est au contact des habitants et prend la mesure de la réalité. Nous n’aurons plus aucun maire à l’Assemblée nationale et au Sénat. Ce qui est redoutable c’est d’être éloigné des sujets quotidiens des Français", déplore-t-elle. Un avis nuancé par Isabelle Delyon. Le non cumul est "une bonne chose dans une certaine mesure", déclare la candidate FN en Côte d’Or. C’est-à-dire seulement pour les maires des grandes villes. Mais être député et maire d’une commune jusqu’à une certaine taille (50000 habitants) est tout à fait compatible selon elle, car il est "important que les gens qui votent les lois soient des gens du terrain, des élus qui se confrontent à la réalité". |
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