Cinq idées reçues sur l’absentéisme

Cinq idées reçues sur l’absentéisme

28.11.2019

Gestion du personnel

Trop d’arrêts maladie infondés ? Des médecins trop conciliants ? Peu de prévention de la part des entreprises ? Le point sur l’absentéisme, avec l’étude dévoilée ce matin par Malakoff Médéric Humanis qui a sondé salariés et dirigeants pour cerner les arrêts maladies.

1- Les salariés abusent des arrêts maladie 

Faux. Les salariés sont de plus en plus nombreux à ne pas respecter l’arrêt maladie prescrit par leur médecin. Une étude sur l’absentéisme publiée ce matin par Malakoff Médéric Humanis révèle ainsi que plus d’un salarié sur cinq (28%) s’étant vu prescrire un arrêt maladie en 2019 y a renoncé de façon partielle ou totale. Un chiffre en hausse de cinq points par rapport à 2018 et de neuf points par rapport à 2016. Dans le détail, "11 % des arrêts ont été pris mais pas en totalité, et 17 % n’ont pas été pris du tout", indique Anne-Sophie Godon-Rensonnet, directrice innovation du groupe de protection sociale.

Les salariés renoncent essentiellement aux arrêts de courte durée.

Par catégorie, les taux de renoncement concernant davantage les managers et les salariés qui télétravaillent. Les seniors, les ouvriers et les employés des entreprises de plus de 250 salariés suivent davantage l’avis du médecin. Par secteur, le commerce est tout particulièrement touché.

Les principales raisons avancées par les salariés sont le fait qu'il n'est "pas dans (leurs) habitudes de se laisser aller" (39 %), que ces journées non travaillées ne sont pas prises en charge (37 %), qu’il (leur) "est impossible de déléguer (leurs) tâches" (22 %) ou encore la "peur d’être surchargé de travail au retour" (21 %).

Selon l’enquête, 38 % des entreprises prennent en charge le salaire de l’ensemble de leurs salariés durant les trois premiers jours d’arrêt maladie.

Toutefois, près de la moitié des salariés (47 %) n’ayant pas respecté leur arrêt de travail disent le regretter a posteriori; un chiffre en hausse de huit points par rapport à 2016.

A noter : près de deux tiers des salariés (63 %) seraient favorables à bénéficier du télétravail au lieu d’avoir un arrêt maladie si leur médecin le jugeait approprié. Un point de vue partagé par 80 % des dirigeants. Cette proposition, émise en novembre 2018, par l’exécutif avait rencontré une vive opposition des syndicats. L’idée semble depuis avoir été enterrée.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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2- Les seniors sont plus souvent absents

Faux. Selon cette étude réalisée par l’Ifop auprès de 1507 salariés du secteur privé et de 400 dirigeants et DRH, 49 % des 18-34 ans interrogés en 2019 se sont vu prescrire un arrêt maladie au cours des 12 derniers mois, contre 44 % de l’ensemble des salariés. "C’est un phénomène générationnel que l’on observe depuis trois ans, constate Anne-Sophie Godon-Rensonnet. Ils sont pourtant engagés vis-à-vis de leur travail mais on peut supposer qu’ils respectent davantage les avis médicaux".

3-  Les entreprises déploient des plans de prévention

Oui et non. 61 % ont mis en place des actions de prévention pour éviter les risques santé, notamment les troubles musculo-squelettiques et les risques psycho-sociaux. Particulièrement lorsqu’elles ont dû faire face à un arrêt de longue durée. Elles peinent toutefois à déployer des actions pour détecter les facteurs de risque, par exemple, une répétition d’arrêts courts. "Ce sont pourtant des signes avant-coureurs, prévient Anne-Sophie Godon-Rensonnet. Le fait d’avoir au moins trois arrêts sur une même année multiplie par cinq la probabilité d’être absent l’année suivante". Une tendance particulièrement marquée dans l’hôtellerie-restauration où 25 % des salariés ont eu plus de trois arrêts au cours des 12 mois. Or, sur ce sujet, seules 15 %, au global, sont passées à l’acte, selon les dirigeants interrogés.

4- Les entreprises facilitent le retour des salariés après un arrêt longue durée

Oui et non. 63 % des managers ont mis en place des dispositifs d’accompagnement spécifique pendant l’absence du salarié : informations sur la prise en charge financière de l’arrêt, actions pour garder le lien, aide pour les démarches administratives…Une tendance appréciée par les salariés. De même, elles prévoient des actions spécifiques au moment de leur retour (aménagement d’horaire, mi-temps thérapeutique, télétravail, entretiens). Mais les mobilités sont rares. 72 % des salariés ayant eu des arrêts maladie de plus de 30 jours ont repris le travail à l’identique. Et seuls 4 % ont changé de poste. De fait, moins d’un tiers d’entre elles envisagent des formations pour le reclassement.

Un score faible alors que les troubles musculo-squelettiques constituent le deuxième motif d’arrêts maladies (25 %) juste après la maladie ordinaire (36 %). Les troubles psycho et l’épuisement professionnel arrivant, eux, en troisième position (18 %).

Or, le phénomène des TMS pourrait s’accentuer. "D’autant qu’il est apparu dans des secteurs qui n’étaient pas concernées jusqu’ici, à l’instar du e-commerce, en pleine explosion, qui fait de plus en plus appel à la logistique pour la livraison des colis", pointe Anne-Sophie Godon-Rensonnet.

A noter : le PLFSS pour 2020 propose de faciliter le retour des salariés arrêtés suite à un accident du travail ou de maladie professionnelle en actionnant un dispositif de "travail léger", c'est-à-dire un travail aménagé ou à temps partiel prescrit par le médecin traitant. Le salarié ne serait plus tenu d'avoir bénéficié d'un arrêt de travail à temps complet avant de passer sur ce temps de travail allégé. En cela, les modalités d'accès au "travail léger" seraient mises en cohérence avec celles du temps partiel pour motif thérapeutique prévu en cas de maladie d’origine non professionnelle, rénovées par le précédent PLFSS.

5- Les arrêts maladies sont le fait de médecins conciliants

Faux. Selon l’étude, près des trois quarts des arrêts de travail sont prescrits par le médecin traitant. Les prescriptions interviennent "après des échanges sur la situation professionnelle des patients". L’an passé, Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef, réclamait une "action ciblée sur les gros prescripteurs" afin de contrer la vague montante des arrêts maladie. Il souhaitait à ce titre "déterminer un parcours de prescription unique, dans lequel le médecin traitant serait le seul à pourvoir prescrire un arrêt, hors hospitalisation". Des résultats qui mettent à mal la proposition du patron des patrons.

Anne Bariet
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