Comment maintenir une activité économique quand on est travailleur indépendant ?

Comment maintenir une activité économique quand on est travailleur indépendant ?

26.03.2020

Gestion d'entreprise

Un guide livre les bonnes pratiques de la vente à distance et de la sécurité sanitaire numérique. Des recommandations sont également à venir pour le secteur du bâtiment, incité à poursuivre les chantiers. Parallèlement, les aides financières s'ouvrent à ces professionnels.

"Le numérique apparaît comme une solution face à l'épidémie". France Num, la plateforme gouvernementale qui accompagne les TPE-PME vers la digitalisation, a mis en ligne des conseils à destination des travailleurs indépendants confrontés aux bouleversements de leurs pratiques dans le contexte de crise du coronavirus. Depuis le 15 mars minuit, de nombreux petits commerçants ont dû tirer le rideau, après l'annonce gouvernementale de la fermeture des bars, restaurants et commerces "non essentiels à la vie du pays". Pour poursuivre leur activité, la vente à distance, autorisée par dérogation, est une alternative possible. Si certains professionnels s'y sont déjà mis, l'objectif de France Num est d'aider plutôt ceux qui ne sont "pas famili[ers] d'internet", conscient du retard numérique des plus petites entreprises. 

"C’est peut-être le moment de créer votre site internet"

Au préalable, il est nécessaire de mettre à jour ses informations sur internet et les réseaux sociaux afin que les clients puissent contacter le commerçant ou l'artisan. Pendant la crise, les entreprises peuvent actualiser gratuitement leurs données sur les Pages Jaunes et "publier des messages spécifiques" en se connectant sur solocalgroup.com. Les modifications sont instantanément transmises - sans frais - à d'autres bases de données diffusées sur Mappy, Yahoo, Bing. Par ailleurs, Google My Business a complété sa rubrique d'aide avec des conseils aux entreprises pour actualiser leur profil durant cette période. 

Il s'agit ensuite pour les entreprises de communiquer sur internet pour "rester en lien avec [leurs] clients et en acquérir de nouveaux". "Contrairement aux périodes de vacances où vous pouvez fermer puisque vos clients sont loin, dans le cas du Coronavirus, vos clients sont chez eux et ont besoin de vous. C’est peut-être le moment de créer votre site internet", incite France Num. Pour rappel, 69% des TPE-PME seulement disposaient d'un site web en 2019. Dans l'immédiat, pour les professionnels en retard numérique, "des plates-formes de commerce en ligne, de livraison ou encore de solutions de paiement proposent des offres à tarifs réduits ou gratuit pendant la crise du Coronavirus".

Parmi les bonnes pratiques de communication, le commerçant ou l'artisan doit clairement indiquer ce qui a été décidé, détaille le site Petitscommerces.fr. : en cas de fermeture de la boutique, permettre soit des commandes avec collecte en boutique, soit des commandes en ligne avec un site de e-commerce, soit des livraisons à domicile (voir le récent guide du gouvernement sur les gestes barrière à adopter sur ce dernier point précis). Le professionnel peut aussi s'inscrire sur Soutien-Commercants-Artisans.fr "pour proposer à [ses] clients de [le] soutenir pendant le confinement grâce à l’achat de bons cadeaux". Le référence local de l'entreprise peut aussi être amélioré tout comme sa visibilité sur internet.

Réorganisations nécessaires pour poursuivre les chantiers

Mais le numérique ne peut pas tout. Dans plusieurs secteurs, les professionnels indépendants ne peuvent pas utiliser les outils numériques pour maintenir une activité et encore moins travailler de leur domicile. Certains sont tenus d'aller physiquement sur le terrain. C'est le cas des artisans du bâtiment. Incités par le PDF icongouvernement à poursuivre les chantiers après plusieurs jours de polémiques, ces entreprises considérées comme "essentielles à la vie économique du pays et à son fonctionnement" rencontrent pourtant de nombreuses difficultés que ce soit en terme d'approvisionnement en matériaux et matériels ou dans la mise en place des gestes barrières.

Les représentants des entreprises du BTP ont rencontré le gouvernement le 21 mars et "se sont accordés sur plusieurs principes permettant de renforcer, dans les tout prochains jours, la continuité de l'activité du secteur et la poursuite des chantiers". "La sécurité du travail sur les chantiers doit (...) être assurée à travers des procédures adaptées, notamment pour respecter les gestes barrières et maintenir les distances entre salariés, souligne le communiqué. Dans de nombreux cas, des réorganisations ou des ajustements des pratiques pourraient permettre la poursuite de l'activité". Un guide devrait être diffusé très prochainement "pour assurer des condition sanitaires satisfaisantes sur les chantiers" dans le contexte du Covid-19.

En attendant la publication de ce mode d'emploi officiel, la Capeb, syndicat patronal de l'artisanat du bâtiment, PDF iconrecommande aux entreprises du secteur de "ne prendre aucun risque" et de "n'assurer que les travaux d'urgence"."Avant tout dépannage d’urgence, l’entreprise [doit] s’acquitte[r] des consignes sanitaires et recueill[ir] a minima l’accord de son client et de ses salariés avant intervention", précise la Capeb. Et de conseiller "d’arrêter, sauf exception, la réalisation des chantiers dans la mesure où la responsabilité du chef d’entreprise pourrait être recherchée en cas d’infection". Et même lorsque le guide sera publié, si les conditions de sécurité et les consignes sanitaires ne peuvent être assurés lors d'un chantier, le chef d'entreprise doit cesser son activité, prévient le syndicat.

Même son de cloche du côté de la Fédération française du bâtiment : "Le guide des bonnes pratiques est en cours de rédaction. Tant qu'il ne sera pas réalisé, on ne peut pas soutenir de reprendre les chantiers", déclare la FFB sur Twitter. "La profession veut des règles simples et claires qui peuvent être expliquées aux compagnons sur les chantiers. Ensuite, les chef d'entreprise, avec les salariés, décideront s'il est possible ou pas dans des conditions sanitaires irréprochables de reprendre les chantiers". 

Cotisations sociales : l'échéance mensuelle du 5 avril ne sera pas prélevée

Parallèlement, des aides financières sont ouvertes aux travailleurs indépendants afin de maintenir leur trésorerie. La date limite de paiement des cotisations sociales au 5 avril 2020 - qui concerne 490 000 professionnels - a ainsi été reportée (après l'échéance du 20 mars qui visait 460 000 indépendants), PDF icona annoncé Gérald Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics. "L'échéance mensuelle du 5 avril ne sera pas prélevée", confirme l'Urssaf sur son site. "Le montant de cette échéance sera lissé sur les échéances ultérieures (mai à décembre)". En complément de cette mesure, les travailleurs indépendants peuvent solliciter un "ajustement de leur échéancier de cotisations pour tenir compte d'ores et déjà d'une baisse de leur revenu, en réestimant leur revenu sans attendre la déclaration annuelle", précise l'Urssaf. Pour ce faire, les artisans et commerçants doivent :

  • soit se connecter sur le site secu-independants.fr, "mon compte" pour une demande de délai ou de revenu estimé ;
  • soit par courriel en choisissant l'objet "Vos cotisations", motif "Difficultés de paiement" ;
  • soit téléphoner le 3698.

Les professions libérales doivent quant à elles se connecter à l’espace en ligne sur urssaf.fr et adresser un message via la rubrique "Une formalité déclarative" à "Déclarer une situation exceptionnelle", ou contacter par téléphone l’Urssaf au 3957.

Qu'en est-il d'autres mesures d'urgence économique ? Un fonds de solidarité est mis en place pour les plus petites entreprises et notamment les indépendants. Le gouvernement a annoncé que les entrepreneurs, commerçants et artisans y seraient éligibles. Et les professions libérales seront également incluses dans le dispositif. La mesure est réservée aux entreprises réalisant moins d'un million d'euros de chiffre d'affaires subissant une fermeture administrative ou qui auront constaté une perte de chifre d'affaires d'au moins 70% en mars 2020.  

Céline Chapuis

Nos engagements