Coronavirus : les entreprises sont-elles prêtes à l’affronter ?

Coronavirus : les entreprises sont-elles prêtes à l’affronter ?

28.02.2020

Gestion du personnel

Rappel des règles d’hygiène, limitation voire annulation des déplacements professionnels, télétravail, remise à jour des plans de continuité d’activité… Les DRH sont en première ligne pour faire face à la propagation rapide de cette affection. Tour d’horizon des principales mesures prises dans plusieurs entreprises françaises.

La lutte contre l’épidémie de Coronavirus, appelé désormais Covid-19, s’organise dans les entreprises. Alors que le nombre de personnes infectées en France est passé à 38 cas confirmés hier, contre 18 mercredi, selon le bilan du ministère de la santé, les DRH sont sur le pont pour faire face à la propagation rapide de cette affection. Messer France, filiale d’un groupe allemand éponyme, spécialisé dans les gaz industriels a envoyé hier matin une note d’information sur le virus par mail aux 350 salariés français, réalisée à partir des indications du site du ministère de la santé. Avec à la clef, un rappel des règles d’hygiène et des recommandations visant à limiter les déplacements.

Les managers ont eu pour consigne d’alerter les collaborateurs de leur équipe qui ne disposent pas d’ordinateur. "Il n’y a pas de psychose mais énormément d’inquiétude et d’interrogations, observe Marc Charpy, DRH de la filiale française. Car la multiplication des informations sur le sujet n’empêche pas les rumeurs. L’objectif est de rassurer pour éviter le climat anxiogène". Le groupe compte d’ailleurs une usine à Creil (Oise), ville où une première victime, un enseignant de 60 ans, est décédé, le 25 février.

Comme Messer France, la plupart des entreprises ont d’ores et déjà pris des dispositions vis-à-vis de leurs salariés. Parmi les pionnières, celles disposant d’implantations en Asie. C’est le cas, par exemple, de PSA qui a une usine à Wuhan en Chine, épicentre de la contamination. Les 15 salariés français et leurs proches (38 personnes en tout) ont été rapatriés dès le 25 janvier et placés en quarantaine à Carry-le-Rouet, dans les Bouches-du-Rhône. Ils sont sortis le 14 février et ont regagné les sites français du groupe. Le groupe a versé des salaires identiques aux mois précédents. Les personnes dans ce cas peuvent toutefois bénéficier d’une prise en charge par la sécurité sociale. Aucune date de retour n’est encore prévue, l’usine chinoise étant fermée.

De même, Schneider attend le feu vert du gouvernement chinois pour la reprise des activités sur les différents sites chinois du groupe.

Voyages professionnels annulés

Les autres entreprises tentent de mettre en place des mesures de prévention. Selon le code du travail, l’employeur est en effet tenu de prendre "les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs". Des dispositions qui passent par des "actions de prévention des risques professionnels", des "actions d’information et de formation", et par "la mise en place d’une organisation et des moyens adaptés".

Sanofi, par exemple, a interdit tous les voyages professionnels dans les zones à risque (Chine continentale, Hong Kong, Macao, Singapour, Corée du sud, et dans les régions de Lombardie et de Vénétie en Italie). Dans l’entreprise pharmaceutique, la priorité est donnée à la visio-conférence pour organiser les réunions de travail.  Idem pour PSA, BNP Paribas ou l’agence de communication anglaise, Lewis Paris (30 salariés en France) ; les voyages d'affaires sont limités et annulés sur les zones à risque.

Même écho chez l’Oréal ; les voyages professionnels sont suspendus jusqu’au 31 mars. Les compagnies aériennes ont, elles, annulé les vols réguliers à destination de ces pays. Air-France, par exemple, ne dessert plus Pékin, Shanghaï et Wuhan, jusqu'au 28 mars. Les vols reprendront ensuite progressivement vers les deux premières mégapoles. Et sur certaines destinations, des masques, gants et gels hydro-alcooliques sont à disposition des équipages qui le souhaitent.

Messer France a, de son côté, reporté sine die, la réunion internationale des directeurs qualité et de sécurité qui devait avoir lieu dans les prochaines semaines.

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

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- La gestion administrative du personnel ;
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Télétravail le temps de l’incubation

Par ailleurs, de nombreuses entreprises demandent aux collaborateurs de retour (à titre personnel ou professionnel) de ces zones, de respecter une période de 14 jours à leur domicile - en télétravail dès que c’est possible- afin de s’assurer qu’aucun symptôme n’apparaît au cours de cette période. C’est par exemple le cas d’Orange, de Sanofi, de PSA, de BNP Paribas et de l’agence de communication Lewis Paris. Il s'agit ainsi d'inciter les personnes potentiellement porteuses du virus à rester chez elles, pour empêcher la propagation de la maladie dans l’entreprise. 

De même Messer France a mis en quarantaine un salarié français à son retour de Chine ainsi qu’un apprenti, après ses vacances au Japon. D'autres, en revanche, recommandent à des salariés non éligibles au télétravail de poser des jours de congés payés voire de RTT.

Alarme sociale

Il n’empêche. Le climat est angoissant. Pascal Lopez, délégué central chez Sanofi regrette le "manque de communication spécifique sur le sujet", notamment auprès des partenaires sociaux. A la RATP, l’Unsa, le syndicat majoritaire de la régie, a déposé une alarme sociale, le 26 février, après le placement mardi en quarantaine de deux conducteurs de métro. "Sans céder à une crainte excessive, un grand nombre d’agents, en contact avec le public, est donc particulièrement exposé à un risque de contamination", indique le communiqué. Dans cette perspective le syndicat souhaite lever le voile sur plusieurs problématiques notamment sur le plan d’action à déployer en cas de contamination de leurs collègues.

Le problème est suffisamment pris au sérieux pour que la ministre du travail et le nouveau ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, organisent aujourd’hui même une rencontre avec les partenaires sociaux pour faire le point sur le sujet et sur les mesures à prendre dans les entreprises.

Plan de continuité

Surtout les DRH ont également affûté leur plan de continuité d’activité. Avec l’objectif de limiter l'impact économique que pourrait avoir une pandémie sur les entreprises. Des réflexes pris pour ces professionnels notamment avec le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), en 2003, et la grippe A en 2009.

A ce titre, les grèves de décembre et de janvier ont été une opportunité pour eux. Car c’est à cette occasion qu’ils ont pu tester leur plan ad hoc. "Et dans l’ensemble ceux-ci ont plutôt bien fonctionné", a indiqué Audrey Richard, présidente de l’ANDRH, le 25 février lors d’une conférence de presse. Le télétravail et les aménagement d'horaires ont ainsi permis d’éviter "des problèmes d’absentéisme majeurs".

"Nous avons également repéré les activités à risque pour savoir comment les gérer, complète Marc Charpy. Parmi celles-ci, la paie se hissait aux premiers rangs des priorités. Mais des solutions ont été identifiées. Un responsable paie peut désormais avoir accès au système de paie de son domicile, en toute sécurité. Le calcul du variable risque d’être plus problématique. Mais l’entreprise pourra se référer au montant du mois précédent voire effectuer le versement le mois suivant". Selon le DRH, 80 % à 85 % des activités peuvent ainsi être assurées.

A ces mesures pourraient également s’ajouter la distribution de masques pour les salariés amenés à effectuer des déplacements. Certaines entreprises ont conservé des stocks constitués lors de la pandémie grippale de 2009. Mais d’autres les ont d’ores et déjà envoyés à leurs collègues des zones à risque, notamment en Chine, par solidarité.  

L’arrêt des activités n’est pas, pour l’heure, envisagée. Mais tous suivent l'évolution de la situation, jour après jour. Presque en temps réel.

Anne Bariet
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