Le «chief impact officer», un nouveau métier ou un simple changement de dénomination ? On se pose la question, tout en tentant de comprendre ses liens avec les fonctions juridiques de l’entreprise.
Beaucoup ont découvert le terme de « chief impact officer » (CIO) avec la nomination à ce poste du prince Harry, dans une startup. La désignation de l’ancienne patronne de la French Tech, Kat Borlongan, comme CIO a aussi beaucoup fait parler dans la presse économique. Mais à quoi sert un CIO ? Quel est son profil ? Quelles différences avec un responsable RSE ou compliance, par exemple ?
Sont-ils chargés à la fois de mesurer les impacts de leur entreprise, de fixer des objectifs et de mener la conduite du changement pour les atteindre ? Cela varie selon les organisations, observe Marie de Muizon, qui monte un fonds d’investissement à impact et est, à ce titre, chargée de sélectionner des investissements sur des critères extra-financiers. Cela dépend, entre autres, de la taille des équipes dédiées.
Avec le développement de ces nouveaux postes, certains vantent le passage d’une mission de reporting à quelque chose de plus ambitieux. « On passe de monitorer ses externalités à définir des objectifs d’impact qui vont intervenir en amont et vont guider les décisions », résume, par exemple, Julie de Mony-Pajol, impact manager chez EcoVadis, lors d’un webinaire de la plateforme dite d'engagement citoyen nommée Vendredi.
« Dans le passage du concept de responsabilité à celui d’impact, il y a forcément un effet de mode : on a toujours envie de dire que ce qui se faisait avant était nul et que maintenant on va être dans le concret. Mais je pense que cela traduit aussi une espèce d’obsession des profils entrepreneuriaux de savoir concrètement ce qu’ils vont faire pour changer la vie des gens », estime Bettina Reveyron, social impact lead chez Doctolib lors du webinaire cité précédemment.
Caroline Renoux, de Birdeo, cabinet de recrutement spécialisé dans le domaine, penche plus pour la simple mode sémantique. « Si le rôle d’un CIO est de minimiser les impacts négatifs au niveau sociétal et environnemental et de maximiser les impacts positifs, c’est ce que fait déjà un directeur de développement durable », nous répond-t-elle. « On retrouve plein de noms différents : RSE, ESG, durabilité, impact… Mais ces fonctions ont grosso modo les mêmes objectifs et dépendent de la maturité de l’entreprise et du secteur d’activité ».
Un passage sur LinkedIn donne l’impression que beaucoup d’impact officers ne travaillent pas en interne (conseil, gestion de portefeuille, notation, etc.). L’impact est dans ce cas-là l’activité même de leur entreprise. Tel est le cas, par exemple, de Marie de Muizon, qui possède le titre de CIO du fonds qu’elle a créé.
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
La vraie différence réside plutôt dans la place accordée à ces fonctions, estiment plusieurs interlocuteurs. « Je suis CIO aujourd’hui. J’étais directrice du développement durable hier. Quelles différences ? La dénomination, certes, mais la vraie question est de savoir si vous êtes intégrée à la stratégie de l’entreprise et rattachée au Comité exécutif ou pas », nous explique Marie de Muizon. « Si la fonction de directeur RSE est renommée CIO mais qu’elle n’a toujours pas accès au Comex, cela ne sert à rien, commente aussi Matthieu Bruckert, fondateur d’une agence d’open innovation responsable qui se donne lui aussi le titre de CIO. Mais si elle y siège et qu’elle est à la même hauteur que les directions des ressources humaines ou de l’informatique par exemple, là, cela devient vraiment intéressant ».
« Quand cette direction est au Comex, c’est un signe. Mais cela peut aussi être un signe de communication », nuance Caroline Renoux. Dans le même style, elle observe : « des gens sont nommés directeur de l’impact pour de très bonnes raisons et d’autres plus par légèreté. Comme c’est nouveau et que cela prend de l’ampleur, certains tentent de surfer sur la vague ».
Pour le moment, on voit plutôt des postes intitulés « chief/responsable impact officer » dans les startups et « RSE » dans les grosses entreprises, relate Matthieu Bruckert, qui observe qu’ils ne sont pas forcément occupés par des profils techniques, mais par des personnes qui réussissent à manager le changement. Leurs formations initiales sont très variées (commerce, management, sciences politiques, droit, etc.), d’après Caroline Renoux. « Ici, personne n’a le même job, la même manière de mesurer son impact, la même taille d’équipe, les mêmes tactiques pour parvenir aux objectifs », remarque aussi Kat Bolongan, lors du webinaire cité précédemment.
Peu importe l’intitulé de leur poste, si ces personnes ne sont pas forcément juristes, elles, doivent nécessairement travailler avec eux. « Il est clair que comme le développement durable est une matière sur laquelle la réglementation se structure rapidement, elles doivent travailler étroitement avec les directions juridiques », observe Marie de Muizon. Dans son cas, par exemple, (la finance), avec le secrétaire général en charge du legal et de la compliance.
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