Défaillances : la situation se détériore pour les plus petites entreprises

15.07.2021

Gestion d'entreprise

Les ouvertures de procédures collectives ont augmenté sur un trimestre, même si on reste bien en-deçà des niveaux d'avant crise. Le taux élevé de liquidations judiciaires montre une fragilisation de ces entreprises.

Les plus petites entreprises commencent à subir les effets de la crise Covid. Les défaillances de TPE de moins de six salariés ont bondi de 18% au cours du second trimestre 2021, par rapport à la même période en 2020. 5850 procédures collectives ont été ouvertes en avril-mai-juin 2021, selon le dernier baromètre d'Altares (voir le détail dans le tableau ci-dessous). A noter que ces entreprises représentent près de 90% des défaillances en France au second trimestre.

Gestion d'entreprise

La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

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Cette hausse en un an est toutefois à relativiser car on se situe bien en-deçà des niveaux d'avant crise. "Au printemps 2020, l’économie était à l’arrêt et les défaillances d’entreprises affichaient des reculs historiques dans tous les secteurs. Un an plus tard, les restrictions sanitaires se sont desserrées mais les aides se réduisent. Dans toutes les activités, si les défaillances restent très en-dessous de leurs valeurs de 2019, elles repartent à la hausse", analyse Altares.

77% de liquidations directes dans les TPE de moins de trois salariés

Ce qui frappe dans cette nouvelle édition est le taux élevé de liquidations judiciaires (LJ) directes chez ces petites entreprises. 77% pour les TPE de moins de trois salariés, 75% pour les structures employant de trois à cinq salariés, et 69% pour les entreprises de six à neuf salariés. On observe que le recours à cette forme de procédure est inversement proportionnel à la taille de l'entreprise. Le taux de liquidations augmente à mesure que la taille de l'entreprise diminue (voir le tableau ci-dessous). Autre chiffre intéressant : ce même taux est également très élevé chez les entreprises nouvellement créés (83,4% de LJ pour les structures ayant moins de trois ans d'existence).

Le taux de liquidations judiciaires directes augmente d'année en année, toutes tailles d'entreprises confondues : près de 75% au second trimestre 2021, 74,6% au deuxième trimestre 2020, et 67,9% à la même période en 2019. Au total, le taux des liquidations directes (75%) se situe très au-dessus de ses valeurs traditionnelles (68%). "Les entreprises qui se présentent au tribunal sont dans une telle situation de fragilité qu’il n’est plus envisageable de leur proposer d’alternative", explique Altares. L'étude estime également "insuffisante" la sensibilisation des dirigeants à l’existence de démarches de préventions.

Statistiques des défaillances par tranche d'effectif par nature de procédure

Tranche de salariés 

2020 T2

2021 T2

Evolution 2021 T2/2020 T2

Taux de liquidations judiciaires 

Sauv.

RJ

LJ

Total

Sauv.

RJ

LJ

Total

Moins de 3 salariés

74

847

3339

4260

90

1058

3864

5012

17,7%

77,1%

3 à 5

20

146

516

682

34

177

627

838

22,9%

74,8%

6 à 9

19

94

227

340

10

89

218

317

-6,8%

68,8%

10 à 19

18

91

155

264

11

102

158

271

2,7%

58,3%

20 à 49

11

62

51

124

12

53

52

117

-5,6%

44,4%

50 à 99

6

30

8

44

5

10

8

23

-47,7%

34,8%

100 et plus

12

33

7

52

3

6

0

9

-82,7%

0,0%

Total défaillances

160

1303

4303

5766

165

1495

4927

6587

14,2%

74,8%

Inquiétude sur la flambée des matières premières

"A l’entame du 3ème trimestre 2021, le front des défaillances d’entreprises reste donc encore très calme", souligne Thierry Millon, directeur d'Altares."Sauf retour d’une épidémie persistante, les perfusions financières devraient être débranchées dans les prochaines semaines. Pour autant, cela ne devrait pas déclencher sur les trois derniers mois de l’année une forte poussée des défaillances et un retour au niveau de 2019". Selon le spécialiste, "la médiation et le traitement à l’amiable des retards de paiement devraient être encore privilégiés", ce qui limiterait "le recouvrement forcé et les assignations".

En revanche, la flambée des prix des matières premières crée une inquiétude nouvelle pour les PME et les ETI, davantage épargnées au cours de ce second trimestre 2020. "Faute de pouvoir être aisément répercutées sur les prix de ventes, ces hausses risquent de mettre les trésoreries sous tension, nécessitant parfois de devoir puiser dans les PGE [prêts garantis par l'Etat] voire de jouer sur le crédit fournisseur et allonger les délais de paiement. Si elles devaient perdurer sévèrement au-delà de l’été, ces hausses pèseraient alors sur les marges et pourraient contrarier sérieusement la reprise voire compromettre la pérennité des PME et ETI fragiles", précise Thierry Millon.

Céline CHAPUIS
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