Définition d'une méthodologie permettant d'identifier les métabolites de pesticides pertinents dans les EDCH

11.04.2019

Environnement

L'ANSES propose une méthode visant à déterminer quels sont les métabolites de pesticides présents dans les eaux destinées à la consommation humaine qui doivent faire l'objet de contrôles prioritaires en raison de leur toxicité pour la santé humaine.

La présence des résidus de pesticides et de leurs métabolites dans l’eau potable est encadrée par la directive 98/83/CE du 3 novembre 1998 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH), transposée en droit national aux articles L. 1321-1 et suivants et R. 1321-1 et suivants du code de la santé publique. Un contrôle permanent de la qualité des EDCH est imposé, et des limites de qualité sont fixées pour les pesticides et leurs métabolites considérés comme "pertinents". Toutefois, le caractère pertinent de ces métabolites n’est pas défini. A ce jour, le ministère en charge de la santé considère que tous les métabolites de pesticides détectés sont pertinents…

Environnement

La mise en place d’une stratégie environnementale cohérente s’impose de plus en plus aux entreprises du fait de la complexité de la législation pour la protection de l’environnement et de la multiplicité des réformes. En effet, de nombreuses lois et réglementations ont récemment impacté les activités économiques (autorisation environnementale, concernant notamment les ICPE, loi de transition énergétique, loi biodiversité)

Découvrir tous les contenus liés

 

En attendant une harmonisation de la gestion de ces métabolites de pesticides dans les EDCH au niveau européen, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) propose une méthodologie pour identifier quels sont les métabolites de pesticides pertinents et ceux non pertinents.

Précision : les pesticides recouvrent les substances actives chimiques contenues dans les produits phytopharmaceutiques et biocides exerçant une activité générale ou spécifique sur les organismes nuisibles. Leurs usages entrainent des rejets dans les sols et dans les eaux et donc une pollution. Les métabolites de pesticides sont des produits issus de la dégradation ou de la transformation de ces substances actives. Ces substances actives et leurs métabolites peuvent se retrouver dans les eaux brutes utilisées pour la production d’eau destinée à la consommation humaine (EDCH) si l’installation de traitement ne les élimine pas complètement. Ayant une structure chimique différente de celle de leur molécule mère, les métabolites présentent des propriétés physico-chimiques distinctes et peuvent donc se comporter très différemment dans l’environnement. De manière générale, les métabolites des pesticides sont plus solubles dans l’eau, plus polaires et donc moins facilement éliminables que les molécules parentes par les traitements, classiques utilisés en production d’eau destinée à la consommation humaine. Les procédés de traitement utilisés pour éliminer les métabolites sont principalement l’adsorption sur  charbon actif, l’ozonation, la coagulation-floculation-décantation et plus rarement la nanofiltration. Les métabolites pouvant être de natures très différentes, ils n’ont pas tous les mêmes effets sur la santé, et les effets peuvent intervenir à des doses différentes.

 

Définition de la pertinence des métabolites de pesticides dans les EDCH

Selon le groupe de travail  "Métabolites pertinents dans les EDCH", la notion de pertinence pour les EDCH doit être guidée par un objectif de protection de la santé humaine, alors même que l’on sait que les valeurs limites fixées par la directive 98/83/CE précitée visent tout d’abord la protection de la ressource.

 

Ainsi, un métabolite de pesticide doit être évalué pertinent pour les EDCH s’il y a lieu de considérer qu’il pourrait engendrer un risque sanitaire inacceptable pour le consommateur.

Une méthodologie en trois grandes étapes

Une démarche permettant de déterminer si un métabolite de pesticide détecté dans les EDCH est classé comme "pertinent" ou "non pertinent" pour les EDCH a été élaboré. Un arbre décisionnel permet de distinguer les différentes étapes permettant de conclure à la pertinence d’un métabolite de pesticide.

 

On distingue trois grandes étapes :

- étape 1 : examen de l’activité biologique par rapport à la substance mère, dite "activité pesticide". Si l'activité "pesticide" est au moins égale à 50 % de celle de la molécule mère, alors le métabolite est considéré comme ayant une activité "pesticide" et sera classé "pertinent dans les EDCH" ;

- étape 2 : examen du potentiel génotoxique : pour cela, il est nécessaire d’évaluer différents paramètres biologiques : l'induction de mutations géniques, les altérations chromosomiques structurelles et numériques, chacun de ces événements pouvant être impliqué dans les processus de cancérogenèse et les maladies héréditaires ;

- étape 3 : examen de la toxicité du métabolite : en l’absence de "potentiel génotoxique", il faudra examiner la toxicité sur la reproduction, la cancérogénicité et le potentiel de perturbation endocrinienne.

 

L’Agence avait ensuite pour mission d’évaluer cette méthode sur la pertinence de huit métabolites de pesticides. En conclusion :

- les métabolites alachlore ESA, acétochlore ESA, acétochlore OXA, métazachlore ESA et métazachlore OXA sont classés "non pertinents pour les EDCH" ;

- les métabolites alachlore OXA, métolachlore ESA et métolachlore OXA sont classés "pertinents pour les EDCH".

 

Fixation d’une valeur seuil pour les métabolites classés non pertinents

À l’issue de l’application de l’arbre décisionnel, si le métabolite est classé "non pertinent pour les EDCH", une valeur seuil de 0,9 μg.L-1 lui sera associée. Il s’agit d’une valeur seuil unique qui sera applicable à tous les métabolites de pesticide classés comme "non pertinents".

 

 

Anne-Laure Tulpain, Code permanent Environnement et nuisances
Vous aimerez aussi