Travailler de chez soi ou au bureau dans un environnement en 3D avec un casque de réalité virtuelle. Et si c'était la réalité du travail de demain avec le développement du métavers ? Jérôme Scapoli, avocat associé au sein du cabinet Osborne Clarke Paris et Pascal Grémiaux, PDG d'Eurecia, spécialiste de solutions RH, expliquent quels pourraient en être les potentialités, mais aussi les risques.
Un mot qui n'est pas encore dans le dictionnaire français, mais pourtant sur toutes les lèvres, le métavers, ce nouveau monde virtuel. "Le métavers, c'est une nouvelle forme d'échange", explique Pascal Grémiaux, PDG de la société de solutions RH Eurecia, 120 collaborateurs, basée près de Toulouse. "C'est l'opportunité de vivre en immersion, à distance, avec des interactions et des échanges". Le métavers, c'est un peu le prolongement de Second Life mais, selon Jérôme Scapoli, avocat associé au sein du cabinet Osborne Clarke Paris, "Second Life était presque trop précurseur car les outils numériques n'étaient pas encore suffisamment développés pour que cela fonctionne, notamment d'un point de vue commercial". On retrouve toutefois l'esprit du monde des jeu vidéo. "On porte un casque "réalité virtuelle" (VR) (et peut-être même bientôt une lentille) et on est totalement immergés", raconte l'avocat.
Son cabinet a d'ailleurs engagé une stratégie 3D "digitalisation, décarbonation et dynamiques urbaines" dans laquelle s'inscrit le métavers. "Dès maintenant, nous pouvons évoluer dans le métavers, via un avatar, et demain les univers seront multiples".
Le métavers pourrait bien peu à peu s'introduire dans le monde du travail. Une opportunité de plus pour développer le télétravail et le travail hybride. "C'est avant tout une fonctionnalité, un outil de connexion entre les personnes et de prolongement de la visioconférence notamment. L'intérêt est que tout ce qui peut manquer dans le cadre du télétravail en termes de connexion, de partage, de moments off pourra exister dans le métavers, explique Jérôme Scapoli. On peut créer plus de partage, de l'innnovation, de l'émulation, de la créativité là où le télétravail montre certaines limites". Même s'il reconnaît que "tout ne sera pas « métaversable » comme tout n'est pas « télétravaillable »".
Pascal Grémiaux voit également un certain nombre d'avantages au développement du métavers, dont la manière de vivre le travail hybride : "le métavers permettrait d'inclure les salariés qui travaillent à distance alors que d'autres sont en présentiel. Il permettrait de vivre ces moments différemment". Il y voit aussi un levier pour libérer "l'imaginaire au travail et développer la créativité des collaborateurs en créant des parenthèses d'évasion".
Gestion du personnel
La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :
- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.
Le métavers pourrait également être un outil d'intégration selon Pascal Grémiaux. Pour les nouveaux embauchés, déjà, qui pourraient ainsi "créer des liens et des relations, découvrir les lieux, l'espace, l'état d'esprit, l'ambiance". Mais aussi pour les collaborateurs déjà en place car il peut être difficile par exemple "d'embarquer les collaborateurs au sein d'une équipe éclatée aux quatre coins d'un territoire. Cela reste un outil qui peut améliorer la nature de la communication dans les entreprises".
Mais le métavers pourrait aussi être créateur d'emplois, soutient Jérôme Scapoli. "Des métiers vont être créés en lien avec le métavers. Il existe des pistes de réflexion aujourd'hui, notamment dans le secteur du retail. Des avatar dotés de certaines fonctionnalités seront placés dans un univers commercial. Ainsi, plutôt que d'aller dans un magasin, les clients se rendront dans l'univers métavers avec leur caddie et un quart d'heure après les courses seront livrées chez eux. Cela suppose donc de mettre en place un accompagnement, de créer des métiers, de former les personnes et de les accompagner car derrière les avatars, ce seront bien des salariés".
Qui dit développement de nouvelles technologies, dit risques nouveaux en matière de santé au travail. "De nouveaux risques psychosociaux et physiques pourraient émerger, prévient Jérôme Scapoli. Avec un casque VR, on évoluera dans un univers différent de celui qu'on a autour de soi. Les RH devront être vigilants et prévoir des chartes d'utilisation, des outils de formation, d'anticipation et de prévention. Sans compter les risques liés au harcèlement sur le métavers et la constitution de preuves en cas de comportement déviant". Il rappelle toutefois qu'il existe déjà des solutions qui peuvent être transposées en matière de contrôle de l'activité des salariés, comme par exemple l'impossibilité d'installer un système de vidéosurveillance qui filmerait les salariés pendant toute la durée de sa journée de travail".
Il faut avouer que pour l'heure, les explorations dans le monde RH restent rares. Jérôme Scapoli constate "une réflexion timide dans le domaine RH pour l'instant avec une exploration surtout dans le secteur de la formation professionnelle". Du côté d'Eurécia, on essaie "d'anticiper les effets qu'une telle innovation pourrait avoir sur notre environnement si elle venait à se démocratiser. Nous n'en sommes qu'aux prémices, mais les modes de travail évoluant très rapidement, l'avenir nous en dira bientôt davantage sur la portée du métavers !"
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