Directions juridiques : où en êtes-vous dans votre transformation digitale ?

Directions juridiques : où en êtes-vous dans votre transformation digitale ?

09.03.2020

Gestion d'entreprise

31 % des directions juridiques utilisent aujourd'hui des outils en ligne et plus de 8 % recourent à l'intelligence artificielle. Pour autant, toutes ne sont pas convaincues par leur efficacité et craignent encore que la technologie remplace l'humain. État des lieux.

Les directions juridiques ont-elles pris le virage du digital ? Dans quels domaines utilisent-elles les nouvelles technologies ? Quels bénéfices en retirent-elles ? Afin d’évaluer le positionnement des sociétés sur le sujet, le cabinet Taj, entité du réseau Deloitte, a enquêté auprès de 140 entreprises entre septembre et novembre 2019.

Robotisation des processus

« Les directions juridiques ont commencé à utiliser des outils, même si tout n’est pas parfait. Il y a une nouvelle appétence et elles recherchent de plus en plus à s’équiper afin de faire évoluer leur mode de fonctionnement. Et c'est un très grand défi », constate Muriel Féraud-Courtin, avocate associée au sein du cabinet Taj. « Le processus de transformation est en cours et certaines directions juridiques de grandes entreprises ont déjà très fortement fait évoluer leurs méthodes de travail », approuve Delphine Abellard, avocate associée chez Taj.

Cette transformation digitale se traduit notamment par l’apparition de la nouvelle fonction de COO (Chief operating officer). « Il vient aider la direction juridique à se digitaliser. Ce n'est pas toujours un juriste. Il s’agit même très souvent d’un financier ou d’un ingénieur », précise Muriel Féraud-Courtin.

Parmi les principaux outils mis en place au sein des directions juridiques, figurent :

  • les portails intranet / extranet : 36 %,
  • les outils en ligne : 31 %,
  • la robotisation des processus : 9 %,
  • l’intelligence artificielle : 8,6 %.

Et les bénéfices sont nombreux. En plus de gagner du temps (17 %), les juristes peuvent désormais se consacrer à des tâches de plus grande valeur ajoutée (16 %). Les nouvelles technologies permettent une meilleure diffusion des informations et des documents au sein de l’équipe juridique (16 %) et une meilleure répartition des tâches au sein de celle-ci (5 %). Elles améliorent par ailleurs la relation entre la direction juridique et les autres départements de l’entreprise (12,2 %). 

Gestion d'entreprise

La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

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Des outils de niche qui répondent à des besoins particuliers

Dans quels domaines ces technologies sont-elles utilisées ? C’est en majorité dans le domaine réglementaire (29,8 %), en droit des contrats (23,8 %), en contentieux (16,8 %) et enfin en droit des sociétés et M&A (9,2 %). « Les directions juridiques utilisent souvent les outils de management de contrats pour gérer la durée de leurs contrats, la date d’expiration, de renouvellement, les pénalités et indemnités dues en cas de rupture, etc. Pour le contentieux, elles ne disposent pas aujourd’hui d’un outil très performant mais elles ont créé des solutions qui leur sont propres, leur permettant par exemple de suivre l’évolution de la procédure et de savoir à quelle date il faut produire des pièces », précise Muriel Féraud-Courtin.

« Ce sont plutôt des outils de niche qui répondent à des besoins particuliers. Pour l’instant, on ne voit pas un outil émerger qui gère tous les domaines : corporate, contentieux, compliance, etc. », explique Delphine Abellard.

Il semble cependant que leur utilisation ne soit pas encore bien assimilée par les juristes. Pour 28 % d'entre eux, elle ne serait en effet pas « efficace ». Comment cela s’explique-t-il ? « Les directions juridiques ont certaines attentes en termes d’outils et ceux qui sont développés par les legal tech ne sont pas tout de suite adaptables ou adaptés à leurs besoins », explique Muriel Féraud-Courtin. « Elles peuvent alors être déçues car ils ne vont pas répondre aux attentes immédiates de la fonction juridique ».

« Ou alors l’outil va répondre à un besoin partiel », poursuit Delphine Abellard. « D’un point de vue technique, il y a encore du travail. Lorsque l'on démarre un projet, il faut s'assurer que les nouveaux outils juridiques pourront être connecté avec ceux dont l’entreprise dispose déjà, comme par exemple les outils CRM, fiscaux, etc. ».

Bientôt une solution intégrée globale ?

Plusieurs freins demeurent toutefois. Le coût de mise en place des outils génère toujours des réticences pour 20 % des entreprises.

« Les directions juridiques ont souvent des budgets contraints. Ces outils ont un coût et lorsqu’ils ne sont pas adaptés aux besoins et qu’il faut envisager de réaliser des développements, les directions juridiques vont être surprises du coût annoncé. Elles vont rechigner à y aller », justifie Muriel Féraud-Courtin.

« Le coût a jusqu’à présent été un obstacle. C’est pour cela que l’approche préconisée est d’investir dans un outil qui s’intègre avec les autres outils de l’entreprise. Le coût sera important mais en face, il y aura une création de valeur significative », assure Delphine Abellard.

Parmi les autres freins figurent la méconnaissance des nouvelles technologies (8 %) ou encore la crainte que la technologie remplace l’humain (17 %). 6 % estiment même que les technologies sont « inadaptées aux tâches actuelles » réalisées par les juristes.

Certains freins ont-ils vocation à disparaitre ? « Oui, lorsqu’on est capable d’offrir une solution intégrée globale qui permette d’adresser tous les besoins des directions juridiques », répond Delphine Abellard. 

Leslie Brassac
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