Aujourd’hui, l’ESG entre progressivement dans l’activité des directeurs juridiques. Alors, pour comprendre comment appréhender au mieux cette nouvelle matière, Marie Hombrouck, CEO et fondatrice du cabinet de recrutement Atorus Executive et Nathalie Dubois, directrice juridique de Fnac-Darty, nous donnent quelques pistes.
« En 2030, 30 % des effectifs des entreprises seront composés par les nouvelles générations qui souhaitent occuper des professions à impact social et environnemental », déclare Marie Hombrouck. Si toute l’entreprise est concernée par ces évolutions, les directeurs juridiques doivent également en saisir les enjeux dans l’exercice de leurs missions.
Premier conseil : élargir ses perspectives. Pour Nathalie Dubois, le directeur juridique ne doit pas « réduire sa vision de la matière ESG-RSE avec un filtre juridique. Il doit développer un regard holistique et systémique et pour cela, faire un pas de côté. » En ce sens, il lui faut comprendre ce qui se joue dans la société civile avant de savoir ce qui se déroule dans le monde du droit. « La finalité de l’ESG-RSE n’est pas juridique », déclare Nathalie Dubois. « Il s’agit d’une question de survie de l’espèce humaine. Elle est donc sociétale et stratégique pour les entreprises, en tant qu’acteurs majeurs au sein de la cité », poursuit la directrice juridique. Selon cette dernière, l’une des compétences attendues du directeur juridique est d’assurer une veille générale permanente en prenant en compte tant l’actualité du droit que la presse spécialisée sur les sujets ESG. « Il est crucial que les directeurs juridiques élargissent leurs perspectives pour maximiser leur impact », souligne Nathalie Dubois.
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
Deuxième conseil : agir. « Ce n’est pas parce qu’une direction juridique n’est pas responsable de l’activité RSE de l’entreprise qu’elle ne doit pas y contribuer », estime Nathalie Dubois. Pour cette dernière, tout est une question de positionnement. « La RSE est transverse à l’entreprise et ce n’est pas aux autres directions d’accomplir le travail de la direction juridique. La valeur ajoutée du juriste n’est pas substituable. », précise-t-elle. Alors, pour élever ces sujets et « mettre son énergie au service de l’action », le directeur juridique doit, selon Nathalie Dubois, développer des qualités telles que l’assertivité, la diplomatie ou encore la communication. Surtout, « il faut faire preuve d’humilité », insiste-telle : « puisque les enjeux sont sociétaux, le directeur juridique doit privilégier le sens et l’impact plutôt que l’égo. C’est un travail d’équipe dans lequel le juriste est légitime et indispensable ».
Un avis partagé par Marie Hombrouck qui nuance toutefois : « pour être écouté dans certaines instances, le titre de directeur juridique est important ». En ce sens, la chasseuse de têtes recommande aux directeurs juridiques d’accéder aux postes stratégiques de l’entreprise, par exemple en intégrant le Comex.
Troisième conseil : se former. Mais comment ? Aujourd'hui, hormis des Master spécialisés en droit de l'environnement ou des formations courtes sur la mise en œuvre de la CSRD, l'offre en matière ESG-RSE est encore pauvre pour les juristes. Pour apprendre à manier ces sujets, les directeurs juridiques doivent donc se tourner vers des enseignements qui ne leur sont pas initialement destinés. C'est ce qu'a fait Nathalie Dubois, en intégrant cette année le Master of science Strategy and design for the Anthropocene. Un choix novateur qu'elle a dû justifier auprès des ressources humaines de son entreprise. « L’approche "conformité" ne me satisfait pas », reconnaît-elle. « Au vu des enjeux sociétaux, le directeur juridique doit apprendre à mener un accompagnement stratégique de l’entreprise », explique-t-elle. Parmi les compétences attendues, elle relève la gestion de projet ou encore la consultation interne. Ainsi, le directeur juridique devrait, selon elle, organiser des ateliers et développer une dynamique d’enquête interne. « Il est nécessaire pour le directeur juridique de sortir de sa fonction de juriste pour aller sur le terrain et comprendre les évolutions en cours et à venir, pour les accompagner et les anticiper, voire jouer le rôle de catalyseur », conclut Nathalie Dubois.
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