Facture électronique : vers un nouveau report de la réforme ?

Facture électronique : vers un nouveau report de la réforme ?

26.03.2025

Gestion d'entreprise

La commission de l'Assemblée nationale chargée d'examiner le projet de loi de simplification de la vie économique a voté le report d'un an du calendrier de la réforme de la facture électronique. L'auteur de cette mesure argumente que l'Etat n'a pas tenu sa promesse d'offrir une solution gratuite de facturation. Ce sujet ressurgit alors qu'une autre réforme fait grincer des dents certains entrepreneurs, celle de la baisse des franchises en base de TVA.

Se dirige-t-on vers un troisième report de la réforme imposant la facture électronique entre assujettis ? C'est en tout cas le souhait d'une commission spéciale de l'Assemblée nationale, celle chargée d'examiner le projet de loi de simplification de la vie économique. Le 24 mars, elle a adopté un amendement proposé par Christophe Naegelen, l'un de ses rapporteurs, prévoyant de décaler d'un an le démarrage obligatoire de cette mesure.

Démarrage obligatoire au 1er septembre 2027 pour les grandes entreprises et les ETI ?

Ainsi, les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaire seraient tenues d'émettre des factures électroniques à la date du 1er septembre 2027 — un décret pourrait même reporter cette date au plus tard le 1er décembre 2027 — au lieu du 1er septembre 2026 (le dispositif actuel prévoit toutefois qu'un décret pourrait reporter cette date au plus tard le 1er décembre 2026). Pour les micro-entreprises et les petites et moyennes entreprises qui ne sont pas membres d'un assujetti unique mentionné à l'article 256 C du code général des impôts, cette obligation s'appliquerait au 1er septembre 2028 — un décret pourrait reporter cette date au plus tard le 1er décembre 2028.

Gestion d'entreprise

La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...

Découvrir tous les contenus liés
Promesse de l'Etat non tenue

Qu'est-ce qui motive cette démarche ? "Cet amendement vise à reporter l'obligation de facturation électronique pour les entreprises, eu égard au fait que l'Etat est revenu sur son engagement de leur offrir une plateforme gratuitement", justifie Christophe Naegelen, député Libertés, indépendants, outre-mer et territoires. "Je rappelle l'engagement qui avait été pris par l'Etat : «pour transmettre ses factures électroniques et données, toute entreprise sera libre de choisir entre une plateforme de dématérialisation dite partenaire (PDP) ou le portail public de facturation (PPF) qui, géré par l'Agence informatique et financière pour l'État (AIFE), leur proposera un socle de services gratuit» (réponse du ministre chargé de l'industrie et de l'énergie à la question écrite n° 07024 - 16e législature de la sénatrice Mme Nadia Sollogoub, 14 mars 2024)", développe-t-il. Et d'ajouter que "depuis le début de la 17ème législature, pas moins de 9 questions écrites, émanant de plusieurs groupes politiques, ont été déposées sur ce sujet ; pas une seule n'a reçu de réponse", avance le député.

Mécontentement en octobre de représentants de PME/TPE

Des représentants de TPE et de PME avaient d'ailleurs manifesté leur mécontentement suite à l'annonce, en octobre 2024, de l'abandon du volet facturation du PPF. "Alors que l’on nous avait promis une réforme indolore, sans coût supplémentaire, via un accès à une plateforme publique gratuite, les entreprises seront finalement obligées de passer par une plateforme privée — et donc payante — pour satisfaire à leurs obligations. La CPME s’oppose au projet de facturation électronique payante", adressait ce représentant des PME.

La baisse des franchises de TVA nourrit le mécontentement de certains entrepreneurs

Depuis, une autre réforme fiscale fait grincer des dents certains entrepreneurs. Il s'agit de la baisse des franchises en base de TVA à un niveau uniforme de 25 000 euros (pour l'année civile précédente), mesure qui devait entrer en vigueur le 1er mars dernier mais que le gouvernement a suspendu jusqu'au 1er juin prochain. Schématiquement, elle déplaît à ceux qui bénéficient de la franchise de TVA (voir cette interview de François Hurel, président de l’union des auto-entrepreneurs et des travailleurs indépendants, et Icône PDFla position de la fédération des auto-entrepreneurs et microentrepreneurs laquelle appelait à manifester hier) mais plaît à ceux qui sont au régime réel. 

Pour les auto-entrepreneurs, il se profile donc deux réformes susceptibles de nourrir leur mécontentement. Premièrement, celle de la facture électronique car elle pourrait entraîner des coûts supplémentaires liés à l'usage d'un logiciel payant de facturation — rappelons que tous les auto-entrepreneurs seront soumis à cette réforme car ce sont des assujettis à la TVA. Deuxièmement, celle de la baisse des franchises de TVA laquelle nécessitera, pour certains, de facturer la TVA — ce qui pourrait menacer le modèle économique de ceux qui vendent à des particuliers, ces derniers ne pouvant pas récupérer la TVA qui leur est facturée — et de faire des déclarations de TVA.

Concernant le projet de loi de simplification de la vie économique, son examen en séance publique à l'Assemblée nationale doit débuter le 8 avril.

Ludovic Arbelet
Vous aimerez aussi