Grenelle du Droit : les vœux des juristes pour l’avenir
08.01.2023
Gestion d'entreprise

Vendredi, plus de 400 juristes se sont retrouvés sur les bancs de l'Université Paris-Panthéon Assas pour le Grenelle du Droit 2023, organisé par l'AFJE et le Cercle Montesquieu. Plusieurs d'entre eux ont profité des premiers jours de l'année 2023 pour présenter leurs vœux.
Après plus de deux années sans Grenelle du droit, les juristes se sont déconfinés. Magistrats, juristes d’entreprise, avocats, professeurs, étudiants en droit … Ils étaient plus de 1000 inscrits et 400 présents sur place, vendredi dernier, pour la 4e édition de l’événement organisé par les deux grandes associations de juristes d'entreprise, prenant place cette année au sein de l’Université Paris-Panthéon Assas. L’occasion pour la « grande famille du Droit » de dévoiler ses ambitions pour l’avenir.
« Fédérer les professionnels du droit », « renforcer l’employabilité et la mobilité des juristes » : tels étaient les principaux objectifs du premier Grenelle du Droit organisé en 2017, a souhaité rappeler Jean-Philippe Gille, président de l’AFJE depuis plus de 7 mois. Vendredi dernier, les vœux exprimés par les différents intervenants tout au long de la matinée étaient davantage dirigés vers les « autres ».
« Contribuer à l’égalité entre les juristes », c’est l’engagement prôné par Christian Vigouroux, déontologue, membre du Conseil d’État et du Comité des États généraux de la justice. Après avoir constaté sur le terrain que les étudiants – en fonction de leur lieu d’études –, n’avaient pas les mêmes ambitions professionnelles faute de ressources ou de réseau, Christian Vigouroux en a appelé à toute la communauté juridique : « Allez chercher les étudiants pour qu’ils aient tous les mêmes chances. C’est notre rôle. Je veux des juristes différents qui travaillent ensemble ».
Une cause partagée par Patricia Gendelman, General counsel du groupe Pierre Fabre. Pour la directrice juridique, le recrutement des juristes doit prendre en compte l’excellence du diplôme, les soft skills, mais aussi la maîtrise des outils et des langues. Or certaines de ces compétences, qui sont des prérequis pour intégrer une direction juridique ou un cabinet d’avocats, ne sont pas à la portée de tous, se désole-t-elle. « Il faut sensibiliser l’université et les étudiants à la nécessité de ces soft skills. Sinon nous risquons d’accentuer la discrimination entre les étudiants qui auront la possibilité d’avoir ces compétences et ceux qui ne le peuvent pas car ils n’ont pas les moyens financiers. Il vaut mieux travailler 6 mois comme serveur en Angleterre plutôt que d’aller chercher un autre diplôme ». La juriste encourage vivement, à ce titre, « l’année de césure qui permet aux étudiants d’acquérir des expériences professionnelles mais aussi personnelles qui viennent enrichir leur parcours et leur personnalité ».
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
« Répondre aux enjeux environnementaux et sociaux », autre vœu pieu formulé par Sabine Lochmann, Présidente d’Ascend et membre du collège de la HATVP et du comité stratégique du fonds d’investissement « Blue like on Orange ». « Les français estiment que l’Etat doit s’en occuper. Intégrer les critères extrafinanciers ESG, qui recèlent une partie des risques substantiels qui impactent la performance globale des organisations, c’est la gouvernance 4.0. S’occuper de la Nature et des Personnes : les juristes que vous êtes avez aussi un rôle à jouer aux côtés des dirigeants d’entreprises ».
« Participer à un monde meilleur en tant que juriste », notamment en contribuant à la démarche RSE de son organisation, c’est aussi le désir de Cécile Russeil, Chief legal officer du groupe Ubisoft Entertainment.
Anne-Sophie Barthez, Directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle au sein du Ministère de l’enseignement supérieur, partage cette ambition. « Je n’aime rien de plus dans la vie que la porosité et l’ouverture. On est un bon juriste si on ne se contente pas de dire le droit. Ce qui est intéressant, c’est de l’utiliser, de lui permettre de relever des défis sociétaux, environnementaux ou numériques », déclame celle qui a été durant de longues années professeur agrégée des facultés de droit et doyenne de l’Université de Cergy-Pontoise.
« Les droits des femmes, les droits des enfants, le droit de la nature… Quand on est directeur juridique, on peut porter ces sujets prospectifs. C’est notre responsabilité, c’est bien qu’on puisse s’en emparer », approuve Alexandre Menais, Directeur juridique du groupe L’Oréal.
Nathalie Roret, directrice de l’ENM, souhaite de son côté « restaurer la confiance » des français envers la justice. « 77% des concitoyens n’ont pas confiance en l’institution judiciaire. C’est remarquable », se désole-t-elle. Un regret partagé par François Molins, Procureur général près la Cour de cassation. « Aujourd’hui, l’autorité judiciaire se trouve dans un véritable étau. Elle est accusée de ne pas remplir son rôle quand elle applique très strictement la loi. Maintenir la confiance dans l’institution judiciaire restera la meilleure arme contre la tyrannie ». Pierre Berlioz, professeur de droit et directeur de cabinet du président de la CNCC, abonde en ce sens : « le droit n’est pas une barrière, un obstacle, une sanction. Il doit être enseigné en tant que culture. Faisons aimer le droit et la justice en France ! ».
Rendez-vous l'an prochain, au 5e Grenelle du Droit, pour savoir si ces vœux ont été réalisés.
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