Culture d’entreprise et gestion du risque différents, collègues plus jeunes, nouveaux outils… Le travail de juriste en startup a ses caractéristiques. Un challenge à relever que beaucoup apprécient, d’autant plus quand process et équipe n’existent pas encore.
« J’ai besoin d’avoir de nouveaux projets. Le challenge me rend plus ingénieuse ». En étant directrice juridique de ManoMano, Charlotte de Dreuzy est servie. L’an dernier, l’entreprise est passée de 7 à 15 juristes. « Ton équipe est en perpétuelle réorganisation et mouvement. Tu dois sans cesse re-dispatcher les scopes de chacun », explique-t-elle quand on l’interroge sur les spécificités de son métier dans une startup. Elle ajoute : « Tu es obligée de tout prioriser, tout le temps pour pouvoir accompagner la croissance ». Une course contre la montre contre l’angoisse du train de retard. Voici ce que donnent l’impression de vivre ces juristes un peu particuliers.
Tiphaine Dubreux, legal manager chez Captain Contrat, en est persuadée : « Dans une autre entreprise j’aurais eu une mission plus junior et sans doute moins intéressante ». Travailler dans une startup peut être l’assurance d’avoir des responsabilités. Beaucoup vantent le plaisir de « la page blanche », ce moment où le premier juriste arrivé dans l’entreprise monte son équipe et créer les process. C’est ce que recherchait Amélie* en entrant dans son entreprise éditrice de logiciels. Elle décrit cette situation : « il n’y a rien du tout, tu as tout à faire et est propulsée au grade le plus haut ». De quoi « apprendre à une vitesse folle », raconte-t-elle. Petit revers de la médaille, pointé du doigt par Juliette Martin-Chatenet, de Septeo :
« dans les grandes boîtes, il est facile d’échanger avec ses pairs. Dans les startups, qui dit moins d’homologues dit forcément des postes un peu plus isolés ».
« Nous sommes beaucoup plus impliqués dans les projets. On ne nous sollicite pas en fin de course. Nous sommes vus comme des facilitateurs », apprécie Amélie. Cela dit, “au début du lancement d’une start-up, la priorité pour la direction est au business et à la technologie. Il faut réussir à accompagner le business avec peu d’effectifs et à insuffler une culture juridique pour montrer qu’elle doit être au cœur du business”, analyse Charlotte de Dreuzy. En effet, légitimer la fonction juridique est aussi un challenge pour nombre de juristes de startups. « Mon premier défi a été de leur expliquer ce que je pouvais faire pour eux », raconte Aminata Kantao, de Snapshift. Et cela « passe par la pédagogie et un travail de terrain » qu’adore Juliette Martin-Chatenet.
« Tu peux davantage surfer sur le flou juridique que dans une grosse boite d’un secteur ultra réglementé », remarque l’un des interrogés. Exercer dans une startup, c’est aussi, pour certains, ne pas avoir la même gestion du risque que dans un grand groupe ou une ETI. C’est peut-être d’autant plus vrai lorsque l’entreprise est dans un secteur encore peu réglementé. Valentin Faye, legal & compliance officer chez Ornikar raconte :
« On a plus à gagner qu’à perdre donc les fondateurs acceptent de prendre des risques. On est moins dans une position doctrinale qu’à rechercher comment limiter le risque si on le prend ».
Elisabeth Cordon, juriste chez ManoMano abonde : « dans un grand groupe, quand il y a un risque, on s’arrête, alors que dans une startup, on essaie d'innover pour trouver une solution ». Ainsi, d’après beaucoup d'interviewés, « il faut plus d’imagination » qu’ailleurs. Le juriste y est amené à « traiter des problèmes encore jamais vus », fait remarquer Pierre Landy, fondateur du FLIT Network, réseau de juristes de la tech (pas spécialement de startups).
Cela dit, Charlotte de Dreuzy précise : « quand l’entreprise grossit, elle est davantage dans l'œil des autorités administratives, moins tolérantes si elle n’est pas complètement "compliant", donc on prend moins de risques que lorsqu’on est une startup qui se lance ». ManoMano est désormais passé au stade de scale-up. Et c’est ici que se trouve « le meilleur des deux mondes », estime Audrey Gillessen, directrice juridique d’Ornikar. Selon elle, c’est « la phase de croissance parfaite pour développer un département juridique ». Avant, les ressources sont allouées ailleurs ; après, les process sont déjà plus ou moins figés.
« Foutoir ambiant organisé »
Autre caractéristique : à les écouter, ces juristes recourent plus que les autres aux nouveaux outils et à la legaltech. Un sujet qui revient souvent dans les discussions du FLIT Network. Si cela n’est pas propre aux fonctions juridiques, ses juristes vantent un environnement plus jeune, une culture d’entreprise différente, peut-être parfois un peu stressante, mais avec moins de carcans. Sans doute le « foutoir ambiant organisé » décrit par Pierre Landy. Plusieurs racontent en quoi la proximité qu’ils ont avec la direction et le faible nombre de niveaux hiérarchiques facilitent par contre leur travail au quotidien.
Bref, alors que « les profils très "théoriciens du droit" peuvent y être malheureux », souligne Charlotte de Dreuzy, « si on a envie de sortir de sa zone de confort, aller dans une startup est typiquement le truc à faire », encourage Valentin Faye. « Plutôt deux fois qu’une », renchérit Audrey Gillessen.
*Prénom changé à la demande de l’intéressé.
Gestion d'entreprise
La gestion d’entreprise constitue l’essentiel de l’activité d’un dirigeant d’entreprise. Elle fait appel à un grand nombre de notions empruntées de la comptabilité, de la finance (gestion des risques au moyen de la gestion des actifs et des assurances professionnelles), du droit des affaires (statut juridique, contrats commerciaux, fiscalité, cadre réglementaire et légal de l’activité), de la gestion de ressources humaines...
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